(Luis Acosta - AFP)

Le Canada signe les « accords Artémis » pour l’exploration lunaire et martienne

Le Canada a signé mardi les « accords Artémis », une initiative pilotée par la NASA et qui établit une ligne de conduite internationale pour la prochaine phase d’exploration de la lune avec pour objectif immédiat son exploitation minière et la création d’une station spatiale en orbite autour de la Lune qui servirait de tremplin aux missions habitées vers Mars.

L’Agence spatiale canadienne s’engage donc auprès de sept autres nations qui vont participer à cette aventure (États-Unis, Australie, Italie, Japon, Royaume-Uni, Luxembourg et Émirats arabes) à explorer l’espace de manière pacifique et dans un esprit de coopération internationale.

Les règles de bonne conduite des accords Artémis couvrent des aspects très variés tels que la protection du site d’alunissage d’Apollo 11 en 1969 et la limitation de la production de déchets spatiaux en orbite. Précisons qu’Artémis est dans la mythologie grecque une des déesses associées à la Lune, avec Hécate et Séléné.

Lors d’une conférence de presse internationale virtuelle organisée par la NASA, la présidente de l’Agence spatiale canadienne, Lisa Campbell, a salué l’engagement des huit nations, en soulignant toutefois que des règles plus précises et strictes pour l’exploration de l’espace lointain restent à définir. Mme Campbell a d’ailleurs indiqué que l’agence commencera à consulter les Canadiens à ce sujet.

L’ABC des accords d’Artémis

Tous les objets lancés doivent être identifiés et enregistrés.
Tous les membres acceptent de participer aux missions d’urgence.
Les systèmes spatiaux doivent être universels afin que les équipements de chacun soient compatibles.
Les données scientifiques doivent être partagées.
Les sites historiques doivent être préservés.
Les déchets spatiaux qui en résultent doivent être éliminés de manière appropriée.
Les robots et autres engins spatiaux ne peuvent pas voir leurs missions compromises par d’autres missions qui s’approcheraient trop près.

La Russie et la Chine refusent les accords Artémis

La Russie, qui est pourtant en ce moment le plus grand partenaire de la NASA dans les vols habités et les activités de la Station spatiale internationale, brillait par son absence hier. Dmitry Rogozin, le chef du programme spatial russe, indique que son pays n’est pas intéressé à se joindre à cette initiative, une « invasion » lunaire « trop centrée sur les États-Unis ».

La Chine, autre grande puissance spatiale montante, serait pour sa part, même si elle le voulait, incapable de se joindre à cette initiative internationale. Une loi promulguée par le Congrès américain empêche la NASA depuis plusieurs années de s’associer ou de s’engager directement avec la Chine sur des projets spatiaux. Il faudrait que la loi change pour que la NASA puisse approcher la Chine, ce qui dans le climat politique actuel ne semble pas dans les cartes.

Le sigle de l’Agence spatiale canadienne est visible au centre au bas de cette affiche soulignant la signature par huit pays des accords Artémis. (NASA)

Les accords Artémis baliseront les activités du programme Artémis

Le programme Artémis de la NASA, lancé en 2017, vise à envoyer d’ici 2024 une première femme et « le prochain homme » sur la Lune, dans la région du pôle Sud.

Dans l’immédiat, la NASA se lance avec les entreprises privées dans la création de Lunar Gateway, une nouvelle station spatiale qu’elle envisage d’envoyer en orbite autour de la Lune à partir de 2021. L’agence souhaite créer une « architecture lunaire durable » qui permettrait des allers et retours fréquents de personnes et de pièces d’équipement.

Rappelons que l’Agence spatiale canadienne a lancé, il y a deux ans exactement, un appel auprès des entreprises canadiennes pour des projets et des idées qui lui permettraient de contribuer aux futures missions spatiales d’exploration robotique et humaine de la Lune.

Notre agence s’intéresse spécifiquement à des systèmes électriques pour les véhicules lunaires et à des techniques novatrices de prospection minérale.

Le programme Artémis prévoit d’exploiter largement les ressources lunaires, en particulier la glace, qui semble être abondante sur les sols des cratères lunaires. Cette glace peut non seulement fournir une denrée vitale aux astronautes, mais elle peut également être divisée en hydrogène et oxygène, les principaux composants du carburant des fusées.

On s’attend à ce que nos partenaires spatiaux internationaux demandent au Canada, compte tenu de son expertise, de fournir une robotique fondée sur l’intelligence artificielle pour aider à construire et à exploiter la nouvelle station orbitale autour de la Lune.

Cette nouvelle station spatiale internationale servirait de phase initiale de l’aventure vers Mars, qui deviendrait le point de transit pour les astronautes. On testerait d’abord sur le sol lunaire certains équipements, notamment canadiens, d’une future mission habitée sur le sol martien. Peut-être le Canada pourrait-il créer pour cette occasion un bras canadien d’un nouveau type.

Pourquoi a-t-on exclu une participation de l’ONU aux accords Artémis?

L’administrateur de la NASA, Jim Bridenstine, a soutenu hier que le calendrier ambitieux du projet Artémis avait exclu la possibilité d’élaborer un accord multilatéral global par l’intermédiaire des Nations unies ou d’une autre organisation internationale. Mais il a souligné que les accords d’Artémis demeurent conformes au Traité sur l’espace extra-atmosphérique (OST) élaboré par l’ONU en 1967, qui constitue la base du droit international de l’espace.

Le 27 janvier 1967 à l’ONU, la communauté internationale s’était entendue sur un traité censé répondre à l’épineuse question de savoir qui est propriétaire de la lune. Ainsi, l’article II stipule que « l’espace extra-atmosphérique, y compris la Lune et les autres corps célestes, ne peut faire l’objet d’appropriation nationale par proclamation de souveraineté ni par voie d’utilisation ou d’occupation, ni par aucun autre moyen ».

Considérée comme « patrimoine commun de l’humanité tout entière », la Lune n’appartiendrait donc à personne, ce qui peut également signifier qu’elle appartient à tout le monde. C’est sur cette dernière définition que s’est construit au fils des années un corpus juridique complexe illustré par plusieurs autres traités internationaux.

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Aller en orbite autour de la Lune, c’est le rêve de Joshua Kutryk et de Jennifer Sidey. Ces deux nouveaux astronautes canadiens portent leur regard au-delà de la Station spatiale internationale.

RCI avec La Presse Canadienne, CBC News et Space.com

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