Près de la moitié des finalistes au Concours canadien de journalisme 2020 ont été mis en nomination pour du travail relié la pandémie de la COVID-19 – Photo : iStock / Mihajlo Maricic

Près de la moitié des finalistes au Concours canadien de journalisme 2020 ont été mis en nomination pour du travail relié la pandémie de la COVID-19 – Photo : iStock / Mihajlo Maricic

Canada : le travail des journalistes en temps de COVID-19

Signe des temps, le Concours canadien de journalisme 2020 fait la part belle aux reportages, couvertures et autres photos liés à la pandémie de la COVID-19.

En annonçant il y a une dizaine de jours la liste des nominations pour ce concours de la presse écrite, son conseil d’administration a souligné le fait que « près de la moitié des finalistes ont été mis en nomination pour du travail relié d’une certaine façon à la pandémie. »

Aaron Derfel, journaliste spécialisé en santé au quotidien montréalais anglophone The Gazette fait partie des 66 finalistes choisis parmi 926 candidats à ce concours pancanadien qui existe depuis 1949.

Les noms des lauréats seront dévoilés le 7 mai prochain.

En entrevue avec Radio Canada International, Aaron Derfel qui enseigne aussi à la faculté de journalisme à l’université Concordia explique que ses écrits sur ce qui s’est passé dans un Centre de soins de longue durée situé dans l’ouest de Montréal ont certainement pesé dans la balance.

Aaron Derfel a été le premier journaliste à dévoiler dans un article explosif le décès de 31 résidents du Centre Herron au début de la pandémie en mars 2020.

Une affaire qui a fait couler beaucoup d’encre au Québec où le gouvernement laissait voir que la situation était sous contrôle.

Cet électrochoc a été le déclencheur de la mise en place de plusieurs mesures pour redresser la situation.

Lorsqu’on fait du journalisme d’enquête, souvent, c’est frustrant quand il n’y a pas de résultat. Parfois, ça prend des années pour n’aboutir à rien. Mais cette fois-ci [avec l’article sur la résidence Herron, NDLR], j’étais vraiment surpris que dans les heures qui ont suivi la publication de l’article en ligne, les familles aient commencé à retirer leurs parents de la résidence. Et le lendemain (le 11 avril 2020), le premier ministre (François Legault) a tenu une conférence de presse exclusivement sur la résidence Herron. Il a réagi rapidement et l’enquête du coroner est toujours en cours. Et finalement, le gouvernement a recruté environ 8 000 préposés aux bénéficiaires.Aaron Derfel

Pour illustrer les changements apportés par le gouvernement, Aaron Derfel qui a lâché la couverture de l’actualité municipale pour la santé depuis la mort de son père il y a 22 ans donne l’exemple d’un autre centre pour personnes âgées, Sainte-Dorothée.

Lors de la première vague de la pandémie, 108 morts y ont été enregistrés. Mais aucun décès n’a été signalé avec la deuxième vague.

Les foudres du premier ministre François Legault

La couverture de la pandémie de la COVID-19 n’a pas été sans heurts avec les responsables politiques.

Ainsi, en juin 2020, le premier ministre du Québec le bloque sur twitter. Suite aux interrogations et à l’incompréhension suscitées par un tel geste, François Legault a écrit sur Twitter : « Quand un “journaliste” me “tague” plus de 10 fois sur Twitter en disant que je mens…».

Aaron Derfel croit savoir que le premier ministre du Québec réagissait à une enfilade de twitts qu’il a publiée où il questionnait à l’époque certaines décisions du gouvernement relatives à la COVID-19.

Si en mars 2020, il y a eu certaines zones d’ombres qui ont pu échapper à la vigilance du gouvernement, tel n’est plus le cas maintenant, croit Aaron Derfel.

Après l’affaire de la résidence Herron qui a marqué un tournant au Québec, affirme Aaron Derfel, les journalistes sont devenus « plus offensifs. »

« Les journalistes au Québec sont extraordinaires, ajoute-t-il, que ce soit à Radio-Canada, La Presse, Le Devoir, Le Journal de Montréal ou même les hebdomadaires. Il n’y a plus de choses qui passent sous le radar, car le premier ministre et le gouvernement sont vraiment sous la loupe des journalistes, beaucoup plus qu’au printemps dernier. »

Catégories : Politique, Santé
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