Dieudonné offrira comme prévu une série de représentations à guichets fermés au Québec, malgré la controverse provoquée par l’annonce de sa tournée et des actes de vandalisme commis contre la salle montréalaise où il doit se produire.
Accusé plusieurs fois en France pour propos antisémites et discours haineux, Dieudonné M’bala M’bala ne sera pas accueilli à bras ouverts par tous les Québécois.
Des groupes juifs et même le maire de Montréal, Denis Coderre, disent que l’humoriste franco-camerounais n’est pas le bienvenu dans la ville.
Dieudonné doit arriver au Québec mardi dans le cadre d’une tournée comprenant dix spectacles à Montréal, deux à Québec et un à Trois-Rivières.
La balle est dans le camp des douaniers
Pour que ce programme de spectacles soit effectivement exécuté, il faudra au préalable que l’Agence des services frontaliers du Canada lui permette d’entrer au pays malgré ses démêlés avec la justice française.
« C’est aux agents frontaliers de prendre la décision sur la base de ses antécédents judiciaires. Ça va de soi que les propos discriminatoires ne seront pas tolérés », a dit Mélanie Joly, ministre du Patrimoine canadien et donc, responsable de la culture au sein du gouvernement fédéral, et députée d’une circonscription montréalaise.
Tout en se gardant de dire que Dieudonné n’avait pas le droit de venir au Canada, Mme Mélanie Joly a déclaré qu’elle n’irait pas voir l’humoriste sur scène.
La galerie d’art africain de Montréal où Dieudonné amorcera une série de dix représentations à compter de mercredi a été vandalisée deux fois au cours des deux dernières semaines.
Le propriétaire de l’endroit, Mushagalusa Chigoho, a révélé qu’en dépit de la vitre brisée et du graffiti raciste, les spectacles auraient lieu. « Quand le vin est tiré, il faut le boire » a-t-il indiqué.
Gino Ste-Marie, le promoteur de la tournée québécoise de Dieudonné, a reconnu que le comique avait, par le passé, « été un peu plus loin que la ligne permise ».
Dieudonné devait se produire à Montréal en 2012, mais les spectacles avaient été annulés après que le promoteur eut cédé sous la pression des détracteurs de l’artiste.
Une réputation établie, perception stéréotypée
Dieudonné a eu maille à partir avec la justice française qui l’a accusé au moins à 38 reprises, selon le quotidien américain «New York Times». Mais les autorités, les associations, les municipalités et même les individus n’ont pas toujours eu gain de cause dans leurs batailles judiciaires contre Dieudonné. Il a gagné ou a été relaxé dans une dizaine de cas entre 2002 et 2012.
Récemment, toutefois, il a été reconnu coupable d’avoir excusé le terrorisme en France dans un message publié sur Facebook en mars 2015. En novembre dernier, il a aussi été condamné en Belgique pour des présumées remarques racistes et antisémites proférées durant un spectacle à Liège, en 2012.
Gino Ste-Marie, le promoteur de la tournée québécoise de Dieudonné, insiste sur le fait que le nouveau spectacle du comique, intitulé « Dieudonné en paix », ne ressemble en rien aux précédents. Selon lui, les personnalités publiques qui l’ont attaqué n’ont pas fait leurs devoirs.
Il rappelle que nous sommes dans « un Québec libre » et que les gens ont le droit de voir des artistes que d’autres trouvent détestables.
« Je suis le président du Festival du jazz de Québec et je n’aurais pas endossé le spectacle s’il était comme en 2008, a assuré Gino Ste-Marie. J’ai déjà lu le script. C’est un être humain qui veut vivre une vie normale »
(Avec La Presse Canadienne)
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