Anticosti : controverse autour du pétrole

Anticosti : controverse autour du pétrole
Photo Credit: Radio-Canada

« Soustraire Anticosti à l’exploration pétrolière et gazière, c’est freiner le développement économique! » – IEDM

Alors que la décision du gouvernement provincial de soustraire l’île d’Anticosti de toute activité d’exploration et d’exploitation du pétrole et du gaz est applaudie par la population, les environnementalistes et autres groupes autochtones, l’Institut économique de Montréal y voit une tentative maladroite qui représente un frein à l’enrichissement du Québec.

Faire payer les citoyens pour empêcher la création d’emplois au Québec

Germain Belzile, chercheur associé à l’Institut économique de Montréal, estime que c’est une aberration de laisser ainsi dormir des ressources aussi importantes que celles dont dispose l’île d’Anticosti.

L’exploitation de telles ressources naturelles sur le territoire d’Anticosti, qui est 16 fois plus grand que Montréal, et qui n’a que 200 habitants, n’aurait présenté que des avantages pour le Québec, selon M Belzile.

Avec sa décision, le gouvernement libéral de Philippe Couillard freine le développement économique de la province, en plus d’envoyer un signal négatif aux investisseurs.

Bien plus, la facture de plus de 40 millions de dollars, somme qui sera versée en dédommagement aux entreprises ayant des intérêts sur l’île, risquerait d’être refilée à la population, ce que redoute M. Belzile. Il explique par ailleurs que la gestion de ce dossier par le gouvernement a été médiocre, car il s’est montré hésitant, confus et imprécis.

« Nous payons, avec nos impôts, pour empêcher la création d’emplois au Québec. C’est quand même paradoxal  […] Un tel climat d’incertitude constitue une excellente recette pour faire fuir d’éventuels investisseurs dans toutes les régions et freiner le développement, comme le souligne d’ailleurs la littérature économique »» – Germain Belzile, chercheur associé senior à l’IEDM.

Exploration pétrolière à Anticosti
Exploration pétrolière à Anticosti

Laisser filer une occasion d’enrichir le Québec

Ce qui fait la particularité de l’île d’Anticosti, ce n’est pas seulement son paysage féerique, ses parcs et sa faune diversifiée.

Ce vaste territoire, situé au large de la Côte-Nord, dans le golfe du Saint-Laurent, est présenté comme un véritable réservoir à pétrole.

L’or noir de cette région a été au centre des convoitises de plusieurs compagnies qui y sont allées au pas de course, espérant une exploitation rapide et des revenus substantiels.

Anticosti cache de vastes réserves pétrolières qui atteindraient 40 milliards de barils, ce qui suscite la convoitise des firmes Junex, Pétrolia et son partenaire Corridor Ressources.

En 2008, Hydro-Québec a cédé les permis d'exploration qu'elle détenait sur l'île à Pétrolia à la suite d'une entente secrète intervenue entre les deux sociétés. 

La société d'État a négocié une garantie de 10 millions de dollars provenant des futures redevances de la production de pétrole sur l'île. Cette somme correspond à l'investissement d'Hydro-Québec pour y effectuer des travaux exploratoires évalués à 9,8 millions de dollars entre 2002 et 2007. Pétrolia a hypothéqué 23 permis sur l'île d'Anticosti qui couvrent un territoire de 374 000 hectares.

Quant à Junex, elle y est depuis 2009 et détient cinq permis d'exploration situés au sud de l'île.

Le fait que ces ressources resteront enfermées dans le sol est vu comme une grosse erreur de la part du gouvernement qui devrait, selon l’Institut, envisager une possibilité de réviser sa décision.

«L’exploitation de nos ressources naturelles est une belle opportunité d’enrichir le Québec dans son ensemble. Et ce, sans avoir à subventionner qui que ce soit. C’est pourquoi il est souhaitable que le gouvernement demeure ouvert à cette exploitation […] Surtout que les Québécois sont, par ailleurs, majoritairement en faveur de l’exploitation de nos ressources, selon les sondages. » – Michel Kelly-Gagnon, président et directeur général de l’IEDM.

À noter :

Selon les résultats d’un sondage auprès de 1000 répondants partout au Québec, publié en 2014, par la Fédération des chambres du commerce du Québec :

  • 71 % des Québécois sont en faveur de l’exploration du pétrole au Québec et 68 % sont favorables à son exploitation.
  • 81% des Québécois estiment que l’exploitation du pétrole québécois permettrait d’améliorer la situation financière du Québec
  • 91 % des répondants sont d’avis qu’il y aura un impact important sur la création d’emplois.
  • La décision du gouvernement du PQ de s’associer avec trois entreprises pour lancer l’exploration pétrolière à l’île d’Anticosti avait reçu un appui de la population dans une proportion de 66%.
Catégories : Économie, Environnement et vie animale, Politique, Société
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