Aung San Suu Kyi

Aung San Suu Kyi
Photo Credit: AFP / CHRISTOPHE ARCHAMBAULT

Unifor, syndicat canadien, retire le prix Nelson Mandela à Aung San Suu Kyi

Le prix Nelson-Mandela a été remis à Aung San Suu Kyi en 2000 lorsqu’elle était détenue comme prisonnière politique au Myanmar. À cause de sa gestion chaotique de la crise des Rohingyas, le syndicat Unifor l’a prévenue dans une lettre que ce prix lui est retiré.

Inaction devant un génocide

La décision d’Unifor de retirer ce qui est considéré comme son plus grand prix honorifique à Mme Aung San Suu Kyi est justifiée par son inaction devant l’une des plus grandes crises humanitaires du XXIe siècle.

Alors que le monde est témoin d’un spectacle désolant concernant la minorité musulmane des Rohingyas dans la province birmane de Rakhine, l’attitude de la femme de 70 ans, qui dirige le pays depuis 2015, a été des plus surprenantes et des plus décevantes.

Aung San Suu Kyi était la première lauréate de ce prix qui a été conféré à une voix de la démocratie s’opposant à toute action militaire oppressante.  Aujourd’hui, cette même voix reste silencieuse et complice devant le nettoyage ethnique du peuple rohingya au Myanmar. – Jerry Dias, président national d’Unifor.

Les Rohingyas sont en effet victimes depuis plusieurs mois de torture, ou pire, de ce que certains considèrent comme un nettoyage ethnique.

Là où Aung San Suu Kyi, reconnue pour son combat en vue de l’instauration de la démocratie dans son pays, aurait dû faire valoir le droit de ce peuple à la vie, au respect et au bien-être, ce Prix Nobel de la paix s’est terré dans un silence retentissant.

Plusieurs voix se sont élevées, de partout dans le monde, pour lui reprocher de s’être contentée de condamner, du bout des lèvres, la violence perpétrée contre ceux qu’elle a qualifiés de « terroristes », soutenant que la controverse suscitée par la crise actuelle dans son pays était le fruit d’une grande campagne de désinformation.

C’est ainsi que près de 1 500 000 personnes se retrouvent confrontées à la violence policière, avec son corollaire de meurtres, de viols, entre autres agressions de toutes sortes. Plus de 400 000 d’entre elles ont été obligées de fuir et de traverser, parfois au péril de leurs vies, la frontière, pour se retrouver du côté du Bangladesh.

En 2012, une fusillade sanglante avait forcé 100 000 Rohingyas à se réfugier dans des camps de déplacés où bon nombre d’entre eux vivent encore.

Un groupe de réfugiés Rohingyas fuient le Myanmar. Photo : Reuters / Mohammad Ponir Hossain
Un groupe de réfugiés Rohingyas fuient le Myanmar. Photo : Reuters / Mohammad Ponir Hossain

Des pétitions pour le retrait du prix Nobel de la paix

La décision d’Unifor arrive au moment où des milliers de personnes dans le monde ont signé une pétition en ligne pour demander que Mme Suu Kyi soit déchue de son prix Nobel décerné en 1991, à la suite de son combat contre la dictature birmane.

L’héroïne, qui a été elle-même détenue pendant près de 15 ans, et qui a conduit son parti, la Ligue nationale pour la démocratie, au pouvoir en 2015, est aujourd’hui considérée comme celle dont le silence coupable aura conduit à la marginalisation et au quasi-massacre d’un peuple considéré par la majorité des Birmans comme étant des immigrants illégaux.

Cela fait des années que des tensions entre musulmans et bouddhistes secouent le nord-ouest du Myanmar. Les Rohingyas sont considérés comme des étrangers dans ce pays à plus de 90 % bouddhiste, même si certains d’entre eux y vivent depuis des générations. Cette population de plus d’un million ne peut obtenir la nationalité birmane et ne peut se déplacer comme elle le veut dans le pays.

Dans sa lettre, le syndicat Unifor a déclaré : « Le silence devant des souffrances aussi massives, le refus de dénoncer les actions de l’armée lorsque confrontée aux atrocités et le manque de volonté d’intervenir pour protéger la vie des Rohingyas ne correspond pas au leadership auquel le monde s’attend et accepte de la part d’une leader des droits de la personne. »   

RCI avec UNIFOR et Radio-Canada

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