La fasciite nécrosante est une urgence médicale causée par une bactérie dont l'évolution rapide est parfois fatale. Photo : Piotr Smuszkiewicz, Iwona Trojanowska and Hanna Tomczak

La fasciite nécrosante est une urgence médicale causée par une bactérie dont l'évolution rapide est parfois fatale. Photo : Piotr Smuszkiewicz, Iwona Trojanowska and Hanna Tomczak

Bactéries résistantes : première cause de décès au Canada en 2050

L’Organisation mondiale de la santé énonce la menace qui guette les habitants de la planète, et les spécialistes canadiens des infections valident ce scénario d’apocalypse qui se dessine pour l’an 2050, où la mort par infection incurable deviendrait la première cause de décès, loin devant les cancers ou les problèmes cardiaques.

Pour certains, il pourrait même être trop tard pour prévenir ce scénario, car on mesure sans doute mal l’ampleur de la crise de l’inefficacité des antibiotiques.

Ici même au Canada, il y a absence de données exhaustives pancanadiennes sur les infections, ainsi que sur l’utilisation d’antibiotiques.

Le système de surveillance repose essentiellement sur les observations et les données fournies par 65 grands hôpitaux de recherche. Ces établissements fournissent des données au Système canadien de surveillance de la résistance aux antimicrobiens (SCSRA), de responsabilité fédérale, mis sur pied seulement en 2015.

La surveillance canadienne des bactéries serait pleine de trous

Andrew Morris, infectiologue à l’hôpital Mount Sinaï, à Toronto Photo crédit : CBC

Andrew Morris, infectiologue à l’hôpital Mount Sinaï, à Toronto Photo crédit : CBC

L’approche canadienne comporte des lacunes, selon Andrew Morris, infectiologue à l’hôpital Mount Sinaï, à Toronto.

Il estime que le système canadien de surveillance manque d’informations cruciales pour avoir un portrait réel de la situation. Le rapport produit par le SCSRA n’inclut pas les centaines d’hôpitaux locaux, les centres de soins de longue durée et les cliniques, ce qui occulte des réalités importantes, d’après lui.

Par exemple, dans la municipalité de Peel, près de Toronto, on constate une augmentation bien documentée des infections résistantes aux carbapénèmes, dit-il, ce qui n’est pas reflété dans le rapport du SCSRA.

Les données de surveillance sont aussi très variables entre les provinces. Chacune possède ses objectifs, ses protocoles, ses définitions et sa façon de rapporter les résultats; les chiffres sont difficilement comparables à l’échelle du pays.

Puis il y a le problème de plusieurs pays pauvres qui n’ont aucune stratégie d’utilisation des antibiotiques, qui sont vendus sans prescription et, donc sans surveillance.

Selon l'Organisation mondiale pour la santé il s'agit d'une menace non seulement grave, mais d'ampleur mondiale.

Selon l’Organisation mondiale de la santé il s’agit d’une menace non seulement grave, mais d’ampleur mondiale.

Se méfier des bactéries dans l’intestin de son voisin

En 2017, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dressait une liste de 12 bactéries préoccupantes, dont les entérobactéries (bactéries du tube digestif) productrices de carbapénémases (EPC), des enzymes qui peuvent vaincre les antibiotiques de tout dernier recours.

Les patients qui sont porteurs de ces superbactéries, qui se logent dans l’intestin, n’éprouvent aucun symptôme. Par contre, si ces patients développent une infection avec ces bactéries, c’est à ce moment-là qu’elles vont être plus dures à traiter.

Ces entérobactéries productrices de carbapénémases sont devenues problématiques à partir de la fin des années 1990 en Amérique du Nord. Le nombre de patients affectés par les entérobactéries productrices de carbapénémases augmente peu à peu.

En 2016 au Québec, il y a eu 384 nouveaux cas et 779 dans l’ensemble du Canada. Les taux de mortalité associés à ces infections varient de 26 % à 50 %.

En chiffres…
En 2016, quelque 206 000 kg d’ingrédients antimicrobiens ont été délivrés dans les pharmacies canadiennes et près de 41 000 kg ont été achetés par les hôpitaux, pour leurs patients.
Le Canada est dans la moyenne des pays de l’OCDE pour ce qui est de la consommation d’antibiotiques.
On estime la consommation à 21 doses quotidiennes d’antibiotiques pour 1000 habitants en 2015.
La France arrive au sommet, avec 30 doses.
Les Néerlandais sont ceux qui consomment le moins : 10 doses quotidiennes pour 1000 habitants.

RCI avec la contribution de Mathieu Gobeil, Marie-Christine Bouillon, Mélanie Meloche-Holubowski, Miriane Demers-Lemay, Patrick Masbourian et Binh An Vu Van de Radio-Canada

En complément

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Vrai ou faux? 15 questions sur les antibiotiques – Radio-Canada 

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