Y aura-t-il plus de bois ou plus d’aluminium dans les grandes constructions canadiennes?

Dans le secteur de la construction le Canada est le théâtre en ce moment d’un rude bras de fer entre les industries de l’aluminium et du bois. Celles-ci se livrent à un souk à la corde dont l’issue pourrait finir par dessiner pendant de nombreuses années à venir le visage des maisons et des bâtiments industriels au Canada.

Un mariage de raison entre le bois et l’aluminium au niveau de certains projets notamment industriels s’annonce par contre inévitable dans certains certains projets. Pour gagner le plus de Canadiens et de bâtisseurs à leurs causes respectives, ces industries semblent aussi s’être trouvé deux ennemis communs : le béton et l’acier. Enfin, les secteurs de l’aluminium et du bois n’hésitent pas à s’enrouler dans le foulard vert de l’environnement en clamant leurs vertus réductrices de CO2.

Reportage de Stéphane Parent Écoutez

Le bois fait partie de l’ADN des Canadiens

En Amérique du Nord, la construction de résidences unifamiliales à ossature de bois est largement répandue depuis les tous débuts et l’époque donc des premières « cabanes au Canada » . Toutefois dans le cas de la construction d’unités résidentielles multifamiliales, ce type de structure est moins utilisé. Le bois n’est pas non plus prisé dans la construction d’édifices non résidentiels, qui implique habituellement l’utilisation de béton, d’acier et de maçonnerie.

L’industrie du bois fait donc la promotion en ce moment à travers le Canada d’une série de modifications du code du bâtiment. À l’ouest du Canada par exemple dans la province de la Colombie-Britannique, on permet maintenant l’utilisation de bois dans la construction d’immeubles résidentiels à six étages à ossature en bois.  À l’autre bout du pays, le centre-ville de Québec a été témoin il y a quelque temps de l’édification d’un immeuble de bureaux dit de « prochaine génération ». Ce bâtiment de six étages qui abrite aujourd’hui la société Fondaction a été construit selon un concept novateur hybride alliant charpente à poutres et matériaux de construction en béton.

La société de capital-risque québécoise Fondaction occupe maintenant les locaux de ce nouvel immeuble de bois de 6 étages dans la ville de Québec.
La société de capital-risque québécoise Fondaction occupe maintenant les locaux de ce nouvel immeuble de bois de 6 étages dans la ville de Québec. © Radio-Canada
Cet immeuble de six étages est le plus haut édifice du continent doté d'une structure de bois et conçu en vue d'une certification LEED.
Cet immeuble de six étages est le plus haut édifice du continent doté d’une structure de bois et conçu en vue d’une certification LEED. © Radio-Canada

Matériaux du futur pour construire l’avenir

L’industrie canadienne du bois championne aussi en ce moment l’expansion de l’utilisation de nouveaux matériaux de construction en bois extra résistant. Connut sous le nom de « contreplaqué géant » ce nouveau bois d’ingénierie dont le procédé de fabrication comprend le collage et le clouage de planches de bois massif connaît une popularité grandissante en Europe dans la construction d’immeubles pouvant atteindre neuf étages.

Les marchands de bois au Canada font valoir que l’augmentation de l’utilisation du bois en construction permet de faire d’une pierre deux coups. D’une part, elle redynamise une industrie forestière, où la demande de produits traditionnels, comme le papier, est en déclin. Ensuite l’augmentation de l’utilisation du bois en construction contribue à réduire les émissions de gaz à effet de serre. On souligne notamment que chaque mètre cube de bois utilisé en remplacement de matériaux plus énergivores évite l’émission d’une tonne de CO2 en moyenne.

Le pont d'aluminium, dans l'arrondissement de Jonquière
Un pont d’aluminium près de la ville de Jonquière dans la province du Québec

Tous les chemins mènent à Québec

Le combat de gladiateurs que se livrent au Canada le bois et l’aluminium s’annonce particulièrement épique dans la province du Québec qui est la principale province productrice de bois au Canada, mais aussi le berceau de l’industrie de l’aluminium. Le Canada ne possède pas de mine de bauxite, matière première de l’aluminium, mais l’abondante énergie de source hydroélectrique au Québec à permis au Canada en 2010 de se hisser au troisième rang mondial des producteurs d’aluminium.

Dans le secteur du bois, le Gouvernement québécois annonçait récemment qu’il se donnait pour objectif de hausser de 20 % à 30 % la proportion de bâtiments non résidentiels – privés et gouvernementaux – construits en bois, d’ici à 2017-2018. Mais depuis cette déclaration, il doit composer avec un important lobby de l’aluminium qui exerce d’énormes pressions pour que l’État repense tous ses projets d’attribution de contrat dans la construction d’immeubles ou de grands ouvrages publics.

L’industrie fait valoir qu’au Canada, 25 % des infrastructures publiques auraient besoin d’être réparées ou reconstruites. Or, pourquoi, demandent les producteurs d’aluminium, il n’y a pas plus d’aluminium dans la trousse des constructeurs canadiens? Ils entretiennent des préjugés favorables par rapport au béton et à l’acier alors que ces matériaux résistent très mal à la corrosion et aux durs hivers canadiens.

Au Canada en ce moment de plus en plus de voix s’unissent en faveur d’une plus grande utilisation du bois et surtout de l’aluminium. Plus durables, l’aluminium et le bois seraient aussi beaucoup plus écologiques.

Reportage de Stéphane Parent Écoutez

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