Les ministres provinciaux québécois Jean-François Lisée et Diane De Courcy ont publié une lettre ouverte dans laquelle ils proposent des amendements au controversé projet de loi 14 sur l’avenir du français. Jean-François Lisée est une voix importante du gouvernement québécois, car il est ministre des Relations internationales, de la Francophonie et du Commerce extérieur dans le gouvernement de Pauline Marois. Il est aussi le ministre responsable des relations avec la communauté anglophone.
Or, les relations entre le gouvernement québécois et la minorité anglophone du Québec sont difficiles et il n’y a pour ainsi dire pas eu de lune de miel entre les deux groupes depuis l’élection du Parti québécois en septembre 2012.
Une lettre ouverte qui annonce une marche arrière
Dans la lettre des deux ministres parue dans le quotidien montréalais anglophone The Gazette, Jean-François Lisée et Diane De Courcy, la ministre responsable de la Charte de la langue française, examinent plusieurs questions qui ont suscité de vives inquiétudes au sein de la communauté anglophone.
L’actuel projet de loi 14 donne au gouvernement le pouvoir de révoquer le statut bilingue d’une municipalité si la population anglophone passe sous le seuil démographique de 50 %. Dans la lettre, les ministres affirment que le projet de loi sera modifié pour faire en sorte que l’histoire culturelle des communautés bilingues soit préservée.
Il aborde aussi le scandale « Pastagate », baptisé ainsi après qu’un restaurant italien de Montréal eut été réprimandé par l’Office québécois de la langue française (OQLF) pour son inclusion de mots italiens tels que « pasta » dans son menu. Cette « gaffe nous a déconcertés comme tout le monde », disent les ministres, ajoutant que les pratiques de l’OQLF seront « examinées ».
La lettre aborde également la question des familles de militaires. Avec la loi 14, Québec devait revoir le privilège accordé aux militaires d’envoyer leurs enfants à l’école anglaise même s’ils sont francophones, une exemption accordée par la loi 101 depuis 1977. Les ministres Lisée et De Courcy affirment dans leur lettre que cette section sera supprimée et traitée dans une loi distincte.

Un gouvernement qui cherche des appuis
En tant que gouvernement minoritaire, le Parti québécois devra obtenir l’appui d’au moins un des partis d’opposition pour faire adopter le projet de loi 14. Or, le Parti libéral du Québec l’a rejeté d’emblée, tandis que la Coalition avenir Québec demande de nombreux amendements.
Dans la lettre, les ministres prétendent toutefois que la nécessité de rallier les autres partis à leur cause n’est pas la seule raison derrière ces amendements proposés. « Avec ou sans la CAQ, si nous étions un gouvernement majoritaire, nous ferions les aménagements que nous annonçons aujourd’hui », a réitéré le ministre Lisée sur les ondes de Radio-Canada.
Le ministre des Relations internationales affirme en outre vouloir dialoguer avec la communauté anglophone, tout en étant ferme sur certaines questions, comme le français au travail dans les moyennes entreprises. « Ce n’est pas négociable. On peut faire en sorte qu’il y ait moins de bureaucratie […], mais ça, c’est un objectif essentiel pour l’intégration des immigrants », dit-il.
Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.