Le Musée canadien des civilisations de Gatineau (archives).

Une exposition sur des dessous vestimentaires est annulée au Musée canadien des civilisations

Une exposition sur l’histoire de dessous vestimentaires du Musée Royal Victoria et Albert de Londres a été réservée, puis annulée six mois plus tard par le Musée canadien des civilisations. L’opposition officielle à Ottawa, le Nouveau Parti démocratique (NPD) redoute une ingérence du gouvernement Harper à ce sujet dans la foulée du changement de mandat du populaire musée de Gatineau.

Le musée a perdu au moins 70 000 $ dans l’aventure, représentant les deux dépôts donnés pour réserver l’exposition « Undressed » du prestigieux Musée Royal Victoria & Albert de Londres. Il s’agit de 70 % du coût de réservation qui s’élevait à près de 100 000 $.

Par contre, ce montant n’inclut pas le travail effectué par tous les employés du musée assignés au projet.

Deux sources au sein de l’institution muséale, qui ne veulent pas être identifiées, affirment qu’une bonne partie du travail pour l’exposition avait déjà été réalisé. Le musée soutient toutefois que les frais de location ne représentent qu’une petite portion des coûts d’exposition.

Alerté des circonstances de l’annulation par son équipe, le porte-parole du NPD en matière de culture, Pierre Nantel, croit que le gouvernement s’en est mêlé pour la faire mettre au rancart, rappelant l’intervention controversée l’année dernière du ministre James Moore dans le dossier de l’exposition « Sexe: l’exposition qui dit tout », présentée à Ottawa et au Centre des sciences de Montréal.

Des allégations complètement fausses selon le bureau du ministre du Patrimoine canadien, James Moore. Le ministre n’était pas au courant de l’existence de cette exposition et n’a pas parlé de cette exposition avec les responsables du musée, a fait savoir sa porte-parole, Jessica Fletcher.

« Il appartient entièrement aux musées d’organiser ou pas une exposition. » — Jessica Fletcher, porte-parole du ministre du Patrimoine canadien

« Undressed » devait tracer 350 ans dans l’histoire des sous-vêtements et était prévue à l’horaire dès le mois de mai 2013. L’exposition a été annoncée à plusieurs endroits, notamment dans des brochures touristiques et même dans le programme scolaire du musée.

La décision de renommer le Musée des civilisations en Musée d’histoire canadienne a été annoncée publiquement à la mi-octobre. Le projet de loi C-49, qui doit mettre en oeuvre ce changement, n’est pas encore adopté. « Ce n’est pas une coïncidence », dit le député néo-démocrate Pierre Nantel.

« Un mois avant d’annoncer une nouvelle vocation à ce musée, on a décidé de mettre les freins sur une expo qui cadrait mieux avec l’ancien mandat de ce musée et ne cadrait pas du tout avec l’idéologie de M. Moore qui voyait une autre vie pour le musée dans sa soupe depuis mai 2011 », souligne-t-il.

Réactions de la direction du Musée

La direction du musée a aussi laissé entendre que sa décision d’écarter « Undressed » était liée à son changement de mandat.

Le président du musée, Mark O’Neill, a dit en entrevue à La Presse Canadienne que  la nouvelle direction adoptée par le musée, faisait en sorte que l’exposition « Undressed » ne cadrait plus avec le nouveau mandat de l’institution.

« C’est difficile pour peut-être exprimer, mais à mon avis, on veut avoir les expositions au sujet plus fondamental des cultures internationales, de l’histoire canadienne », a exprimé M. O’Neill, mal à l’aise, qui était pourtant le président du Musée quand la décision de réserver « Undressed » a été prise.

Est-ce que cette décision avait à voir avec le fait que le musée sera dorénavant un musée d’histoire plutôt que de civilisations? « D’un sens, c’était ça », a admis le président.

Mais pourquoi avoir réservé l’exposition alors? Pressé de questions à ce sujet, M. O’Neill a affirmé que la décision avait été prise par l’ancien président, Victor Rabinovitch.

M. Rabinovitch a toutefois indiqué à La Presse Canadienne qu’à l’époque, M. O’Neill n’a jamais mentionné qu’il n’était pas d’accord avec le choix et le thème de l’exposition, ni que le budget était problématique. L’ancien président a été surpris d’apprendre que l’exposition n’aurait pas lieu.

Selon M. O’Neill, la perte du 70 000 $ est un coût lié « à faire des affaires ». Il affirme que toute institution doit faire des choix.

Pour M. Rabinovitch, le fait que les Canadiens ne pourront pas voir la collection est « une perte ». « Le Musée Royal Victoria et Albert de Londres est le mieux connu et probablement le meilleur musée d’art et de design dans le monde entier. C’est reconnu », a-t-il dit. Et cette exposition parlait de la société, des classes sociales et surtout de la place des femmes, a-t-il expliqué.

Catégories : International, Politique, Société
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