Une odeur et une couleur de pétrole dans le sable
Une vidéo tournée ces derniers jours à l’occasion d’un concours de châteaux de sable aux îles de la Madeleine dans l’embouchure du Fleuve Saint-Laurent et diffusée sur les réseaux sociaux suscite beaucoup de réactions.
Sur cette vidéo, on aperçoit un Madelinot, un résident des îles de la Madeleine, qui transporte sur une petite pelle du sable noir apparemment enduit de pétrole. Or, il appert que ce déversement de pétrole se situerait tout juste à proximité d’un ancien puits de forage, colmaté depuis 40 ans. Au début des années 1970, la Société québécoise d’exploration minière (SOQUEM) avait en effet creusé plusieurs puits dans l’archipel pour trouver des gisements de sel.
C’est donc autour d’un de ces puits, à quelques centimètres de profondeur à peine dans le sable de la plage nommée Sandy Hook que Léonard Chevrier a découvert du liquide noir.
« J’ai vu du sable noir et j’ai commencé à sentir ça. Ça sentait l’essence, le diesel… J’ai creusé après ça à 3 pieds, sur le côté sud du puits, encore la même chose », décrit le sculpteur de sable dans la vidéo, tournée par le vidéaste Luc Fontaine.
Le puits GZ14 de Luc Fontaine/DocuFilm sur Vimeo.
Réactions des académiciens
Pour le professeur à l’Université du Québec à Rimouski membre de la Chaire de recherche du Canada en écotoxicologie marine, Émilien Pelletier, il ne fait aucun doute qu’il s’agit de pétrole.
« Le pétrole se conserve durant des décennies sous le sable. Plusieurs hypothèses devront être évaluées. C’est peut-être la SOQUEM qui, en cherchant du sel en 1973, est tombée sur du pétrole et ne l’a pas dit, c’est peut-être un déversement lors au moment du forage ou même des résidus de la Irving Whale, tout est possible », croit M. Pelletier
Le professeur de l’UQAR ne s’inquiète pas outre mesure de la découverte, mais il presse tout de même le ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs de mener une enquête rapidement.
Le ministère de l’Environnement de la province du Québec n’a pas encore réagi à cette découverte.
Le saviez-vous?
- Le Québec posséderait d’importantes réserves de pétrole
- Au Québec, les développements technologiques conjugués à un prix du baril de pétrole plus élevé ont relancé la course à l’exploration vers le milieu des années 2000.
- C’est le bassin des îles de la Madeleine, compris dans l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent, qui attire le plus d’attention de ceux qui voudraient développer au Québec un marché pétrolier local.
- Cette région sous l’eau est formée de structures favorables aux accumulations d’hydrocarbures. Des activités d’exploration pétrolière et gazière réalisées dans ce secteur ont déjà mené à la découverte d’une structure géologique nommée « Old Harry ».
- Ce gisement, situé à la frontière Québec et de la province de Terre-Neuve, à environ 80 km au nord-ouest des Îles-de-la-Madeleine, pourrait receler des réserves récupérables d’environ deux milliards de barils de pétrole, ce qui permettrait possiblement d’approvisionner les besoins du Québec en pétrole et/ou gaz naturel pendant près de vingt ans.
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