Le Canada a un problème d’image et il est miné en Asie par ses messages contradictoires
Le premier ministre du Canada, Stephen Harper, et certains membres importants de son cabinet s’envolent jeudi pour l’Asie du Sud-Est, dans une tentative de renforcer les échanges commerciaux et les investissements étrangers lors d’un sommet à Bali.
En chemin, M. Harper effectuera un arrêt à Kuala Lumpur. Il s’agira de sa première visite en Malaisie depuis son arrivée au pouvoir, en 2006.
Cette tournée d’une semaine en Malaisie et en Indonésie servira à « promouvoir les intérêts du Canada, à faire progresser la libéralisation du commerce à l’échelle régionale et à faire connaître le Canada en tant que partenaire commercial de choix », a déclaré M. Harper dans un communiqué.
Un problème d’image
Cette semaine, la CIBC, une importante banque canadienne a publié des données révélant que les investissements étrangers au Canada ont chuté de plus de 90 % en 2013 par rapport à l’an dernier, en baisse à deux milliards de dollars, par rapport à 27 milliards de dollars.
La tournée du premier ministre en Asie s’inscrit donc dans une « offensive » plus large du gouvernement conservateur de polir l’image du Canada auprès des investisseurs étrangers qui reçoivent des messages contradictoires du gouvernement Harper depuis 1 an.
« Ce n’est pas tout le monde qui reçoit le message voulant que le Canada soit encore ouvert à la planète », a déclaré cette semaine Jim Prentice, ancien ministre fédéral de l’Industrie, devant un parterre de gens d’affaires. « En fait, certaines personnes croient plutôt le contraire. »
Mais ces chutes d’investissements seraient aussi liées au fait que les tigres asiatiques en émergence sont eux-mêmes aux prises avec des turbulences économiques.

Une affaire de rattrapage
Pour Yeun Pau Woo, président de la Fondation Asie Pacifique du Canada, le Canada « est en mode rattrapage depuis longtemps » en Asie du Sud-Est, et ce même avant l’arrivée au pouvoir des conservateurs.
Il n’est donc pas surprenant que le ministre du Commerce international, Ed Fast, effectue lui aussi un passage en Asie. Il s’arrêtera tout d’abord à Bali cette semaine, où M. Harper assistera au sommet du forum de Coopération économique pour l’Asie-Pacifique (APEC), avant de se rendre à Singapour et en Chine.
M. Harper utilisera son temps en Malaisie et en Indonésie pour discuter du Partenariat Trans-Pacifique, un accord commercial entre 12 pays ceinturant le Pacifique qui est toujours en cours de négociation.
En complément : reportage de Stéphane Parent du 4 juin 2013
Les Canadiens se méfient des pays d’Asie pourtant essentiels à la prospérité du Canada
Le saviez-vous?
Le Canada dépend de la Chine, de l’Inde et du Japon pour son avenir économique
- La Saskatchewan, la province canadienne qui possède l’une des plus importance réserve d’uranium au monde pourrait bénéficier de l’expansion du programme nucléaire chinois alors que Pékin compte construire plus de 100 réacteurs d’ici 2030.
- La Chine est devenue le deuxième plus important partenaire commercial de la province du Manitoba, après les États-Unis. De 79 millions de dollars il y a dix ans, la valeur totale de leurs échanges est passée à 1,8 milliard de dollars l’an dernier.
- La valeur des exportations canadiennes vers la Chine a bondi de 48 % de 2010 à 2011 malgré l’immense déficit commercial du Canada avec la Chine, un signe que les Chinois achètent de plus en plus au Canada.
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