La signature génomique des Canadiens français a connu une évolution sans précédent dans l’histoire humaine, sur une période remarquablement courte, rapportent des chercheurs du Centre de recherche du CHU Sainte-Justine et de l’Université de Montréal.
Les 6 millions de Canadiens français d’aujourd’hui descendent de 8500 colons français arrivés sur le territoire québécois il y a environ 400 ans.
Cette nouvelle connaissance a été rendue possible à la suite de la première étude de séquençage complet de l’exode de la population canadienne-française.
Le saviez-vous?
L’exome est constitué par les exons, c’est-à-dire les parties des gènes qui sont exprimées pour synthétiser les produits fonctionnels sous forme de protéines. Il correspond à la partie du génome des organismes uni ou pluricellulaires qui se caractérisent par la présence d’un noyau et de mitochondries dans leurs cellules. L’exome d’un être humain est estimé à 1,5 % de son génome.
Selon les auteurs de ces travaux publiés dans la revue PLOS Genetics, cette signature distincte pourrait éventuellement servir de modèle pour étudier l’effet des processus démographiques sur la diversité génétique humaine, y compris l’identification de mutations potentiellement dommageables associées à des maladies propres à des populations.
À ce jour, les variations de la proportion des mutations rares, qu’elles soient néfastes ou adaptatives, avaient été démontrées uniquement sur des périodes relativement longues, en comparant des populations africaines et européennes.
« Grâce à cette première analyse génomique approfondie de plus d’une centaine de Canadiens français, nous avons été surpris de constater qu’en moins de 20 générations, la répartition et la proportion relative de variants génétiques rares et potentiellement dommageables ont évolué davantage que nous l’avions prévu. »— Dr Alan Hodgkinson, coauteur
Ces travaux laissent à penser que l’augmentation de variants génétiques rares serait imputable à :
- un taux de natalité élevé des colons
- leur isolement génétique par rapport à la France
- une limitation des échanges avec des communautés autres que françaises sur le même territoire
- une émigration ayant pratiquement cessé après 1759 au moment de la Conquête britannique.
La contribution du peuple fondateur au patrimoine génétique canadien-français actuel serait donc d’environ 90 %, précisent les auteurs.
« Le fait que deux populations initialement très proches (les Français et les Canadiens français) cumulent un tel écart dans le nombre de variants génétiques rares a d’importantes conséquences pour la conception d’études génétiques, notamment pour l’identification de mutations potentiellement dommageables associées à des maladies propres à cette population. »— Dr Philip Awadalla, auteur principal et chercheur
Cette recherche pourrait également être utile en génétique de la conservation pour déterminer l’impact de la diversité génétique sur le nombre minimal d’individus nécessaires à la survie d’espèces données ou de populations captives.
RCI avec Radio-Canada
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