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Internet tue-t-il la classe moyenne?

Des pionniers du Web croient qu’Internet, dans son état actuel,  menace l’existence de la classe moyenne et qu’il aide à enrichir les plus riches et appauvrir les plus pauvres.

Jaron Lanier, un pionnier du Web et précurseur de la réalité virtuelle, a soutenu, dans son dernier livre, Who Owns the future,  une thèse de plus en plus répandue, défendue par les « Web sceptiques », qui préconise qu’Internet, contrairement aux aspirations de ses créateurs,  détruise sournoisement la classe moyenne en éliminant bien plus d’emplois qu’il n’en crée.

Kodak, à titre d’exemple,  employait 14.000 employés à son apogée tandis qu’Instagram qui offrait des services similaires sur le Web / mobile, en employait 13 au moment de son acquisition par Facebook, soulignait Lanier.

Des milliers d’emplois avec des centaines d’emplois indirects sont créés dans le premier cas, offrant aux milliers d’employés des salaires et des avantages sociaux qui stimulent l’économie. Dans le 2e cas, par contre, une poignée d’investisseurs et de geek en tirent profit!

Le fait que « l’info doit être gratuite » sur le Web accentue cette paupérisation des pans de la classe moyenne. Par exemple, un système -gratuit- de traduction en ligne ne paye pas les traducteurs qui ont contribué à sa mise en place, rappelle Lanier!

Des milliers de personnes croient pouvoir gagner leur vie et rêvent d’être des super vedettes du Web. Ces producteurs de contenu, financés soit par leurs parents ou grâce à leurs économies, ne sont pas payés à leur juste valeur par les géants du Web.  Seulement une minorité de gens réussissent leur pari et deviennent un autre Justin Bieber de leur domaine.

Le principe du «gagnant prend tout»  (« Winner takes all »)

 Un peu comme dans un pays de Tiers-Monde, nous évoluons vers une économie informelle avec ces services: nous sommes payés en réputation, en troc, mais… pas en salaire.

Jaron Launier

Deux aspects des services Web contribuent à creuser les écarts entre les employés ou les prestataires de service:

  • Le réseau (Internet) : qui permet aux internautes d’accéder au meilleur service. Le reste est marginalisé : un darwinisme économique et une autre illustration de la  théorie « Long Tail ».  Par exemple,  Curious.com, un site de cours en ligne, permet aux enseignants populaires de vendre leurs cours sur vidéo. Les meilleurs professeurs seront largement mieux payés que leurs collègues, jugés médiocres par les étudiants;
  • L’automatisation: l’achat de billets de voyage, par exemple, a été automatisé sur le Web, conduisant à la presque disparition du travail d’agent de voyage.

Les travailleurs routiniers dans le secteur des services sont les premiers à être menacés par cette économie numérique. Aux États-Unis, on estime que plus d’un million d’assistantes administratives ont été remplacées par des services en ligne entre 2001 et 2010.

Seul les entrepreneurs et les employés les plus compétents, les superdiplômés dont le travail ne peut être ni « webifié » ni automatisé (créateurs, idéateurs, génies d’informatique….) seront les ultimes gagnants de ces changements technologiques. C’est le principe de «Winner Takes all» décrit par Erik Brynjolfsson, dans son livre Race Against the machine.

Selon Marc Andressen, investisseur et pionnier du Web ( fondateur de Nestcape), le marché du travail sera constitué de 2 groupes:

« Les gens qui donnent des ordres aux ordinateurs, et ceux à qui les ordinateurs donnent des ordres.»

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Zoubeir Jazi

Catégories : Internet, sciences et technologies, Société
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