Selon le commissaire aux langues officielles du Canada, Graham Fraser, la crise financière de 2008 et la période de compression dans l’appareil gouvernemental ont eu des conséquences sur l’application de la loi sur les langues officielles.
Dans le septième rapport annuel, déposé jeudi, par Graham Fraser, on peut lire que la réduction des niveaux de compétences requis pour les postes bilingues, la pression sur les fonctionnaires et le manque de ressources pour les formations explique en partie la situation.
Certaines institutions ne parviennent toujours pas à s’acquitter de leurs responsabilités en la matière, note le commissaire. Il ajoute qu’il est difficile pour les voyageurs d’être servis dans la langue officielle de leur choix partout au Canada. M. Fraser déplore aussi que les deux langues officielles ne soient pas toujours utilisées également dans les lieux de travail fédéraux ou dans les formules d’accueil et les communications au public.
Le commissaire déplore également que le gouvernement n’ait pas voulu reconnaître l’importance du bilinguisme pour les juges de la Cour suprême, mais il salue l’adoption du projet de loi qui force dorénavant les agents du Parlement à être bilingues.
Projet de loi C-419
En juin dernier, Les Chambres des communes ont adopté à l’unanimité le projet de loi C-419 sur le bilinguisme des agents du Parlement.
Les personnes désirant occuper 10 postes-clés – du directeur général des élections au commissaire à l’éthique, aux langues officielles ou à la vie privée, en passant par le président de la Commission de la fonction publique – doivent pouvoir s’exprimer en français et en anglais avant d’obtenir l’emploi.
Mais surtout, le vérificateur général, chien de garde des contribuables canadiens, doit être en mesure de maîtriser les deux langues officielles.
Le projet de loi, concentré sur 10 agents du Parlement, est toutefois loin de couvrir l’ensemble des milliers de nominations du gouvernement.

L’état du bilinguisme au Canada
Selon Statistique Canada, le pourcentage de Canadiens pouvant soutenir une conversation dans les deux langues officielles a légèrement décliné pour la première fois en cinq décennies, passant de 17,7 % en 2001 à 17,5 % en 2011.
L’explication mathématique se trouve derrière l’augmentation de la population totale, qui a été plus rapide (12 %) que la population bilingue (6 %) au Canada, une première en 50 ans.
Le nombre de Canadiens bilingues est ainsi passé de 5,2 millions à 5,8 millions, alors que la population totale a augmenté de près de 4,5 millions en 10 ans.
Le Québec a toutefois vu le nombre de ses résidents pouvant tenir une conversation en anglais ou en français croître depuis 2001, passant de 40,8 % à 42,6 %.
Cette enquête confirme encore la concentration des personnes bilingues (86 %) dans ce que Statistique Canada surnomme « la ceinture bilingue », c’est-à-dire ces provinces où les contacts entre anglophones et francophones sont les plus fréquents, soit le Québec, le Nouveau-Brunswick et l’Ontario.
Le Nouveau-Brunswick est d’ailleurs la seule province, avec le Québec, à avoir un taux de bilinguisme supérieur à la moyenne nationale, se situant à 33 %.
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