Jean-Louis Roux (archives)

Jean-Louis Roux (archives)

L’homme de théâtre Jean-Louis Roux est décédé

L’acteur et metteur en scène québécois Jean-Louis Roux, cofondateur du Théâtre du Nouveau Monde (TNM), est décédé des suites d’une longue maladie à l’âge de 90 ans.

Jean-Louis Roux et quelques amis comédiens avaient fondé le TNM en 1951. Acteur « élégant », formé à l’école française, il était plus à l’aise du côté de Tchekhov et Shakespeare que chez Michel Tremblay ou Marcel Dubé. Néanmoins, à titre de directeur artistique du TNM, il a volontiers ouvert son théâtre à de nouveaux dramaturges très québécois.

En 1996, après deux ans au Sénat canadien, il sera quelques mois lieutenant-gouverneur du Québec, jusqu’à ce que le rattrapent des sympathies nazies  «de jeunesse » manifestées durant la Deuxième Guerre mondiale. Il a ensuite présidé quelques années le Conseil des arts du Canada.

Né à Montréal le 18 mai 1923, Jean-Louis Roux fait ses premiers pas sur les planches au Collège. Et même en poursuivant plus tard des études en médecine, sur les traces de son père, le jeune Roux joue encore.

En 1946, l’actrice française Ludmilla Pitoëff, exilée en Amérique avec sa compagnie pendant la guerre, engage Roux pour jouer auprès d’elle à Montréal. Elle l’encouragera ensuite à venir suivre de vrais cours professionnels en France, ce sera la fin des études de médecine pour Jean-Louis Roux.

Après trois ans d’études à Paris, Jean-Louis Roux revient à Montréal et fonde le Gesù en 1950, le Théâtre d’essai, qui deviendra l’année suivante le TNM, dont la mission est de présenter « des oeuvres majeures du répertoire classique et contemporain ».

Commence alors pour l’acteur une brillante carrière de grands rôles au théâtre et de mises en scène.

Jean-Louis Roux (archives)
Jean-Louis Roux (archives)

D’abord et surtout homme de théâtre, l’acteur n’a pas été très présent au petit écran.   On ne l’a pas beaucoup vu non plus au cinéma.   En plus de faire sa marque comme comédien et metteur en scène, Jean-Louis Roux a occupé plusieurs fonctions dans l’industrie culturelle de même que sur la scène politique. Il a ainsi été président de la Société des auteurs (1953-1962), président du Centre canadien du théâtre (1959-1968) et vice-président du conseil d’administration de l’Office national du film (1974-1977).

 Le triste épisode de la croix gammée

En 1994, le premier ministre libéral Jean Chrétien lui offre un rôle au Sénat, où il siégera pendant deux ans, avant d’être nommé en août 1996 lieutenant-gouverneur du Québec. Sa nomination est aussitôt vue comme une provocation par plusieurs souverainistes, encore amers de la défaite du Oui au référendum de l’année précédente.

C’est que pendant la campagne référendaire de 1995, Jean-Louis Roux avait comparé les « séparatistes » aux nazis. Ironiquement, il sera finalement contraint de quitter son poste deux mois à peine après son entrée en fonction lorsqu’il admet au magazine L’actualité, en novembre 1996, qu’il avait arboré une croix gammée lorsqu’il était étudiant en médecine à l’Université de Montréal au début des années 1940. Il reconnaît aussi avoir participé à une manifestation contre la Conscription au cours de laquelle des magasins `israélites’ avaient été saccagés.

Jean-Louis Roux attribue ces provocations de jeunesse à de la « fanfaronnade » de  « carabins », mais sa position est devenue intenable: le premier ministre Lucien Bouchard exige sa démission, le Congrès juif canadien demande des excuses publiques. Le représentant de la reine au Québec jette finalement l’éponge et quitte la scène politique dans la gêne.

Le gouvernement fédéral lui donne quand même une autre chance, et le nomme président du Conseil des arts du Canada en 1997; il y restera jusqu’en 2003.

RCI avec la Presse Canadienne

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