Chaque année, des milliers de touristes se déplacent à Churchill, dans le nord de la province du Manitoba, pour observer les ours polaires, sur les berges de la baie d’Hudson. Cependant ces animaux peuvent aussi être très dangereux, comme en témoignent plusieurs attaques survenues cette année.
La peau, la graisse et la fourrure de l’ours blanc lui permettent de vivre dans des conditions climatiques extrêmement froides. Toutefois, son habitat naturel, la banquise, se dégrade. L’épaisseur de la glace ne cesse de diminuer.
Cette année fait cependant figure d’exception. « Il y a de loin le plus de glace que j’aie jamais vue à cette période de l’année », observe la directrice générale de Polar Bears International, Krista Wright.
Si l’on rencontre tant d’ours polaires à Churchill, c’est parce qu’il s’agit d’un lieu de transition entre la terre et la banquise. Cette année, les ours sont partis tôt sur la banquise, car la glace s’est formée rapidement.
« L’habitat optimal de l’ours n’a pas diminué aussi vite que la superficie totale de glace. Leur habitat optimal, c’est à l’extrémité de la glace marine, où la glace se brise et où il y a des phoques », explique une professeure d’écologie de la vie sauvage à l’Université du Wyoming aux États-Unis, Merav Bendavid.
Lorsqu’il n’y a pas de glace, les ours se retrouvent sur la terre ferme, avec les humains.
Mesures contre les ours
Churchill au Manitoba reçoit régulièrement la visite d’ours polaires, mais la ville dispose d’un arsenal de défense. Des agents de la faune sont spécialement formés pour les effrayer avec de l’équipement pyrotechnique.
« Notre programme est de garder les ours loin de la ville. »— Brett Wlock, un agent en ressources naturelles du ministère de la Conservation du Manitoba
« Nous sommes juste sur leur tracé migratoire naturel, puisqu’ils suivent la ligne de côte vers le nord. La ville fait ainsi figure d’entonnoir. Nous sommes sur une péninsule où la rivière Churchill rejoint la baie d’Hudson », ajoute M. Wlock.
Lorsque les ours s’approchent trop près des humains, ils sont capturés et enfermés dans des cages pendant un mois. Cette année, 14 ours sont gardés en attendant d’être ramenés sur la banquise.
Plusieurs attaques
Des mesures qui rassurent la population, qui vit en permanence avec les ours. Deux attaques sont survenues cette année. La première a eu lieu en septembre lorsqu’un ours de trois ans a attaqué un homme.
Le 1er novembre, un autre ours s’en est pris à deux personnes, un homme de 69 ans et une femme de 30 ans, qui se sont retrouvés à l’hôpital.
À Churchill, tout le monde a une histoire d’ours à raconter. Le trappeur Normand Preteau explique que son frère a été grièvement blessé, il y cinq ans.
« Il faut tout le temps que tu regardes. Quand tu sors le matin, il faut que tu regardes aux alentours. »— Normand Preteau, trappeur
Selon lui, de nombreux touristes courent des risques démesurés afin de prendre la photo parfaite.
Pour l’instant, il est impossible d’affirmer que les dernières attaques sont liées aux changements climatiques. « On ne peut pas déterminer exactement la cause de ces attaques, mais ce que les scientifiques prévoient, c’est que plus les ours resteront sur la terre ferme, plus il y aura de rencontres », souligne Krista Wright.
La dernière attaque mortelle d’un ours à Churchill remonte à une trentaine d’années.
D’après un reportage de Louis-Philippe Leblanc qui sera diffusé à la télévision au Téléjournal Manitoba aujourd’hui le 2 décembre.
RCI avec Radio-Canada
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