Syndrome de stress post-traumatique, suicides récents de militaires et scandale au sénat sont à blâmer
Impliqué dans un accident mineur mardi matin presque directement en face du Parlement canadien mardi matin, le sénateur Roméo Dallaire s’est endormi au volant de sa voiture qui a alors roulé sur une distance d’une cinquantaine de mètres avant de heurter un lampadaire sur la colline parlementaire.
Le général à la retraite a expliqué notamment en début de soirée à l’antenne de la télévision anglaise de Radio-Canada que le suicide de trois militaires canadiens, la semaine dernière, et le 20e anniversaire du génocide au Rwanda, qui sera souligné bientôt et dont il a été un témoin de premier plan, l’ont privé de sommeil depuis plusieurs jours.
L’accident heureusement n’a pas fait de blessé
Roulant à faible vitesse, le sénateur n’a pas été blessé lors de l’accident et a pu poursuivre ses activités lors de la journée. Sa voiture, qui s’est retrouvée sur le trottoir longeant un édifice dans l’enceinte parlementaire, a toutefois été endommagée et a dû être remorquée.
« Je suis reconnaissant que personne n’ait été blessé, ou pire, parce que je n’ai pas été assez attentif à mon niveau de fatigue », a-t-il dit hier en journée publiquement devant ses collègues à la Chambre haute du sénat.
« J’espère que je ne serai pas une cause de déshonneur pour vous et pour cette institution en n’ayant pas été assez attentif à ma condition physique et en prenant un tel risque », s’est excusé le sénateur.
Un accident banal qui ne passe pas inaperçu
Roméo Dallaire, sénateur canadien depuis 2005, est surtout connu pour avoir agi dans un cadre humanitaire au Rwanda, alors qu’il était commandant de la Mission des Nations unies pour l’assistance au Rwanda pendant le Génocide au Rwanda en 1994.
Ses tentatives d’attirer l’attention de la communauté internationale sur les crimes qui se perpétraient au Rwanda sont restées lettre morte, ce qu’il a regretté et dénoncé à son retour d’Afrique.
Roméo Dallaire Dallaire entreprend depuis son retour de mission de sensibiliser les autorités aux problèmes psychologiques vécus par les vétérans.
Toute cette affaire continue de le plonger dans un état dépressif lié au syndrome de stress post-traumatique qui l’afflige.
Il a déclaré au quotidien montréalais La Presse en l’an 2000 : « Je vis la culpabilité d’un commandant qui a vu sa mission ne pas aboutir à un succès. Je vis aussi avec cette culpabilité vis-à-vis des Rwandais à qui on a donné l’espoir du succès de leur projet de paix et qui, ultimement, se sont fait massacrer en nous regardant avec des yeux d’incompréhension pendant que nous étions impuissants à faire quelque chose. Il est normal pour un commandant de se poser des questions, de se dire : Peut-être que j’ai argumenté, mais je n’ai pas convaincu. Peut-être que je n’ai pas utilisé les bonnes méthodes. »
Suicides et stress post-traumatique chez les militaires canadiens
Les suicides présumés de trois soldats des Forces canadiennes vétérans de l’Afghanistan ont attiré l’attention des médias ces derniers jours au Canada et du sénateur Roméo Dallaire en particulier.
La GRC enquête sur la mort d’un soldat survenue à l’extérieur de sa base militaire au Manitoba. En Alberta, les autorités examinent la mort d’un autre soldat, un réserviste, retrouvé dans un état grave dans un centre correctionnel de Lethbridge et qui est décédé lundi.
Dans les deux cas, la thèse du suicide est privilégiée. Le ministre de la Défense a déclaré qu’il attendait que l’armée lui fournisse des rapports et des conseils sur ce que serait la prochaine étape. Un des soldats souffrait de troubles liés au syndrome post-traumatique.
Le mercredi 27 novembre, une troisième mort suspecte d’un soldat et vétéran de conflits en Bosnie, au Kosovo et en Afghanistan a eu lieu sur la base de Pettawawa en Ontario. La police militaire enquête dans ce cas.
Écoutez notre reportage : Les missions armées qui minent la santé des familles de nos militaires
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Le stress des militaires canadiens (Martin Petit)
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