Le Canada lance une escouade spéciale de la GRC contre la traite des personnes
Le gouvernement canadien annonce la création d’une escouade spéciale de la Gendarmerie Royale du Canada afin de lutter en partie contre la traite des personnes et l’exploitation sexuelle.
Steven Blaney, le ministre canadien de la Sécurité publique a qualifié lundi ce type d’exploitation « d’esclavage des temps modernes ». Ce qui est troublant, selon le ministre, « c’est qu’au niveau des trafiquants d’humains et de l’exploitation sexuelle, dans 90 % des cas, ce sont des Canadiens et Canadiennes [qui sont les victimes]. »
La nouvelle escouade, qui comprend une quinzaine d’agents, sera située à Montréal. Elle doit commencer ses activités ce lundi.
La GRC explique avoir choisi Montréal en raison de l’expertise acquise par les corps policiers de la métropole dans ce domaine. La police fédérale a d’ailleurs démantelé un réseau de traite de personnes basé dans l’arrondissement Saint-Léonard en octobre dernier.
Une escouade au rôle très large
L’escouade devra également enquêter sur d’autres types d’exploitation tels le trafic d’organes et le transfert illégal de travailleurs.
Toujours selon le ministre, il y a des travailleurs qui sont amenés ici de manière illégale et qu’on retrouve notamment dans le secteur de la construction.

Une forme d’esclavage que l’on mesure difficilement
Selon des organismes qui œuvrent auprès des victimes d’exploitation sexuelle, il est toutefois difficile d’avoir des données précises à propos de ce phénomène, puisque plusieurs cas ne seraient tout simplement pas dénoncés et rapportés aux corps policiers.
L’initiative ministérielle semble en partie une réponse aux critiques formulées il y a six mois par certains groupes qui s’intéressent au sort des travailleurs étrangers. Ils avaient alors mené une campagne dénonçant le Canada qui avait selon eux abdiqué ses responsabilités par rapport aux aides-domestiques étrangers.
En fait, le Canada entretiendrait selon ces groupes un régime qui favorise l’esclavage de cette catégorie de travailleurs.
Ils tentaient de faire déclarer inconstitutionnel le programme des aides-domestiques en plaidant qu’il viole les chartes québécoise et canadienne des droits et libertés.
Le saviez-vous?
- Le Programme canadien des aides familiaux résidants (PFAR) existe sous sa forme actuelle depuis 1992, bien qu’il date en réalité des années 1950.
- Il permet l’embauche d’une main-d’œuvre étrangère pour prendre soin des enfants, d’une personne âgée ou d’une personne handicapée, au sein d’une famille canadienne.
- Les personnes participant à ce programme sont majoritairement des femmes provenant des Philippines.
- Dans le cadre de ce programme, le permis de travail est rattaché à un seul employeur, c’est-à-dire un ménage canadien, avec l’obligation de résider chez celui-ci.
- Le PAFR est un des rares programmes qui offrent à une main-d’œuvre étrangère peu spécialisée la possibilité d’avoir accès un jour à la résidence permanente, à condition d’avoir complété 24 mois de travail (ou 3 900 heures) sur une période de 48 mois.
- En 2009, le Canada a accueilli 9 816 nouvelles aides familiales, pour un total de 38 608 travailleuses présentes au pays.2
- Le PAFR est en pleine expansion : trois fois plus d’aides familiales sont arrivées au Canada en 2009 qu’en 2000.
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