Des soldats américains acheminent de l'aide humanitaire aux Philippines le mois de novembre dernier.

Des soldats américains acheminent de l'aide humanitaire aux Philippines le mois de novembre dernier.
Photo Credit: PC / Wally Santana

Le Canada est-il encore capable d’aide humanitaire désintéressée?

Le virage économique de notre aide humanitaire se tramait depuis un bon moment

L’influent quotidien anglophone de Toronto, Globe and Mail révèle l’existence au gouvernement, depuis plus longtemps que l’on le soupçonnait, d’une politique d’aide internationale de notre pays basé avant tout sur des considérations mercantiles et sur ce que les bienfaits économiques que nos entreprises peuvent en tirer.

Selon le Globe and Mail qui a obtenu une analyse interne rédigée par des spécialistes au sein de la défunte Agence canadienne de développement international (ACDI), les intérêts économiques canadiens sont une considération clé depuis un bon moment déjà dans les décisions que prend que le gouvernement conservateur canadien de venir en aide ou non à des pays en voie de développement.

Cette analyse interne a été rédigée tout juste avant le démantèlement de l’ACDI en juin dernier, et démontre que la politique internationale mercantile du Canada tournée vers le secteur privé, annoncée officiellement l’automne dernier, était déjà bien ancrée depuis longtemps dans les têtes des fonctionnaires et politiciens aux pouvoirs.

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Aide-mémoire

  • L’Agence canadienne de développement international (ACDI) a été fondée en 1968 afin de gérer la majorité des programmes d’aide publique au développement (APD) du Canada en Afrique, au Moyen-Orient, dans les Amériques et en Asie.
  • L’ACDI avait pour mission de mener les efforts internationaux déployés par le Canada pour venir en aide aux personnes qui vivent dans la pauvreté.
  • Les trois priorités qui orientent le travail de l’ACDI étaient : accroître la sécurité alimentaire ;assurer l’avenir des enfants et des jeunes ; favoriser une croissance économique durable.
  • En 2013, le gouvernement de Stephen Harper a annoncé la fin d’une époque en fondant l’Agence canadienne de développement international au ministère des Affaires étrangères et du Commerce international.
Un équipage d'un hélicoptère militaire canadien survole une région dévastée des Philippines le 13 novembre dernier.
Un équipage d’un hélicoptère militaire canadien survole une région dévastée des Philippines le 13 novembre dernier. © Sophie Langlois

Le virage économique de notre politique internationale se dessinait  dès 2009

Les Canadiens ont senti qu’un nouveau vent soufflait dans la manière dont notre pays allait concevoir son aide internationale il y a 5 ans.

À cette époque, affirmant vouloir revoir l’efficacité de notre aide internationale, le gouvernement du Canada annonçait qu’il allait dorénavant investir 80 % de ses ressources bilatérales dans seulement 20 pays ciblés en conformité avec les priorités de la politique étrangère du Canada. Restait alors à définir plus ouvertement ce qu’étaient ces nouvelles priorités de notre politique étrangère.

En septembre 2013, dans un geste perçu comme un abandon des principes de l’Agence canadienne de développement international I au profit d’intérêts commerciaux, le gouvernement annonçait que ses diplomates et ambassades devraient dorénavant travailler aux services de l’industrie canadienne.

C’est aussi en 2013 que le gouvernement de Stephen Harper a annoncé que l’Agence canadienne de développement international allait se fondre au ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, créant ainsi un super ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement.

Le saviez-vous?
Le nouveau Plan d’action diplomatique du Canada dévoilé l’automne dernier

  • Accroître de 29 % à 50 % en 2018 la présence des PME canadiennes sur les marchés étrangers.
  • Faire passer le nombre de PME canadiennes sur les marchés émergents de 11 000 à 21 000 entreprises.
  • Générer, grâce à cette augmentation, la création nette de 40 000 emplois.
La raison d'être des diplomates, des consulats et des ambassades canadiennes à l'étranger sera dorénavant d'agiter d'abord et avant tout le drapeau de l'économie canadienne.
La raison d’être des diplomates, des consulats et des ambassades canadiennes à l’étranger sera dorénavant d’agiter d’abord et avant tout le drapeau de l’économie canadienne. © PC/FRED CHARTRAND
Catégories : Économie, International, Politique, Société
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