Fatima Houda-Pepin à son arrivée au caucus du Parti libéral, le 20 janvier 2014

Fatima Houda-Pepin à son arrivée au caucus du Parti libéral, le 20 janvier 2014
Photo Credit: PC / PC/Jacques Boissinot

La seule députée musulmane du Québec quitte son parti politique

Fatima Houda-Pepin quitte le parti libéral sur la question du port du voile

Elle aurait aimé rester, mais la députée québécoise Fatima Houda-Pepin affirme qu’elle ne se sent plus la bienvenue au sein du Parti libéral du Québec, qui forme le parti d’opposition officielle à l’Assemblée nationale du Québec.

Le Parti libéral refuse, contrairement au gouvernement dirigé par le Parti québécois, d’adopter une loi qui interdirait le port de signes religieux dans cette province, même pour les personnes dans des rôles d’autorité tels que des juges, des gardiens de prison ou des policiers.

À la sortie d’une réunion du caucus de son parti en fin de journée hier, la députée affirmait avoir choisi ses convictions par rapport à l’épineuse question du port des signes religieux par les employés de l’État. Elle siégera donc comme députée indépendante afin de pouvoir continuer sa lutte contre l’intégrisme religieux.

La députée affirme qu’elle a passé une trentaine d’années de sa vie à lutter contre l’intégrisme. Or, elle estime qu’elle ne peut pas dire d’une part que la porte est ouverte à tous, et d’autre part qu’elle continuera de lutter contre les intégristes.

Aide-mémoire…

  • Fatima Houda-Pepin s’est démarquée lors de l’affaire de la légalisation possible de la charia en Ontario.
  • En tant que femme musulmane, elle s’oppose fermement à l’introduction du droit islamique dans les ménages musulmans du Canada.
  • Selon elle, la charia est un système de droit complet, un système juridique superposé et elle ne peut pas accepter comme femme qu’un segment de la population québécoise et canadienne ne puisse pas bénéficier des mêmes droits que les autres citoyens.
Philippe Couillard et Fatima Houda-Pepin le 19 novembre 2014. Le chef libéral du Parti libéral Philippe Couillard lui avait lancé un ultimatum plus tôt lundi : elle pouvait se rallier à la position de son parti, soit elle le quittait.
Philippe Couillard et Fatima Houda-Pepin le 19 novembre dernier. Le chef libéral du Parti libéral Philippe Couillard lui avait lancé un ultimatum plus tôt lundi : elle pouvait se rallier à la position de son parti, soit elle le quittait. © PC/Jacques Boissinot

 Philippe Couillard : « Ce n’est pas moi qui lui ai dit de partir »

Le chef du Parti libéral affirme que tous les députés de son parti avaient demandé à leur collègue et députée de rester au sein de leur formation politique lors de la réunion du caucus qui a duré près de cinq heures. « Ça n’a pas été possible pour elle d’accepter de faire des compromis sur la position qui est la nôtre », a-t-il résumé.

« Je n’ai pas entendu de sa bouche les mots que je souhaitais entendre : « solidarité » et « ralliement », a-t-il ajouté. Comme parti politique, il faut à un moment dire que ça se termine, il faut prendre des décisions. Mme Houda-Pepin a pris la sienne. »

La position complète du Parti libéral sur le port des signes religieux devrait être annoncée aujourd’hui. On déterminera jusqu’où devrait aller l’interdiction des symboles religieux dans l’administration publique.

Le Conseil des musulmans canadiens critique le projet de charte de la laïcité

Précision que, hier toujours, lors des audiences publiques de la commission parlementaire sur le projet de la Charte des valeurs du gouvernement québécois, le Conseil national des musulmans canadiens a affirmé que le projet de loi 60 menaçait d’institutionnaliser la discrimination à l’endroit des musulmans du Québec.

Selon cette association, le projet de charte va trop loin parce que l’interdiction des signes religieux va à l’encontre de la liberté de religion. Le Conseil national des musulmans canadiens recommande à la commission d’apporter des modifications au projet de loi sur la charte des valeurs.

L’organisme préconise de remplacer l’interdiction du port des signes religieux par une obligation de faire une déclaration solennelle affirmant le devoir de réserve et de neutralité en matière religieuse.

Selon la coordonnatrice des droits de la personne au Conseil national des musulmans canadiens, Amy Awad, les vêtements religieux que les personnes portent font partie de la personne qu’ils sont. Donc, en interdisant les signes religieux, on interdit certaines personnes. Cela n’est pas compatible avec la liberté de religion.

Liens externes

Houda-Pepin se dit «exclue» du caucus du PLQ – Quotien Le Devoir

Fatima Houda-Pepin exclue du caucus libéral – Quotidien Le Soleil

Fatima Houda-Pepin – Assemblée nationale du Québec

La charte des valeurs, un débat de société
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