L’Office québécois de la langue française s’attaque à des pages Facebook anglaises.
Pas très loin de la capitale canadienne, dans la petite municipalité québécoise de Chelsea, une commerçante vient d’apprendre à ses dépens que l’application de la loi québécoise sur l’affichage se répand maintenant au coeur des réseaux sociaux.
L’Office québécois de la langue française (OQLF) demande cette de traduire la page Facebook de son entreprise en français sinon elle s’expose à des représailles qui pourraient prendre la forme d’une amende.
Eva Cooper, propriétaire de « Delilah in the Parc », une boutique de vêtements pour femme, dit avoir reçu une lettre de l’Office à la suite de la plainte d’un client. Elle a jusqu’au 10 mars pour répondre à l’organisme gouvernemental.

Aide-mémoire…
- Pastagate est le nom informel d’un incident qui a éclaté en 2013 au Québec, quand, le 14 février, un inspecteur de l’Office québécois de la langue française a envoyé une lettre d’avertissement à un restaurant haut de gamme, Buonanotte, pour avoir utiliser en italien des mots tels que « pâtes », « antipasti », « calamars, », etc. sur son menu à la place de leurs équivalents français.
- L’incident s’est produit alors que l’Assemblée Nationale du Québec débattait du projet de loi 14, un projet de loi qui visait à durcir les dispositions de la Charte de la langue française de la province.
- Au lieu de se conformer aux instructions de la lettre qu’il a reçue de l’OQLF, le propriétaire de Buonanotte a fait une sortie publique et a généré un tollé généralisé public partout dans la province, même chez les francophones, estimant que le Bureau de la langue française abusait de ses pouvoirs.
- L’incident a également reçu une attention internationale dans les journaux, provoquant ainsi un embarras pour le gouvernement provincial.
- L’incident a mené à la démission de Louise Marchand, chef de l’OQLF, le 8 mars 2013.
Les médias sociaux seront-ils maintenant tous sous la loupe de l’OQLF?
Selon un porte-parole de l’Office québécois de la langue française, les publications des entreprises sur les médias sociaux, tels que Twitter et Facebook, sont soumises aux mêmes règles sur la publicité que les commerces. Si vous parlez à vos amis, ce n’est pas un problème, mais si vous faites une vente ou une promotion d’un produit ou d’un service, fait valoir l’OQLF, cela doit être fait en français.
Dans cette décision l’OQLF s’appuie sur la Charte de la langue française (Loi 101), « les catalogues, les brochures, les dépliants, les annuaires commerciaux et toute autre publication de même nature doivent être rédigés en français. »
Mme Cooper répond qu’elle croyait que sa page Facebook n’était pas considérée comme de la publicité, mais plutôt comme une page d’information.
« Pour moi, Facebook, c’est une extension de notre service à la clientèle. Je ne fais aucune transaction […] alors il n’y a pas d’échange d’argent. Pour moi, c’est une façon de faire des annonces d’information », explique-t-elle.

Le saviez-vous?
- L’Office québécois de la langue française (OQLF), connu sous le nom de l’Office de la langue française (OLF) jusqu’au 1er octobre 2002, est une institution publique québécoise créée le 24 mars 1961
- L’Office québécois de la langue française est un organisme gouvernemental qui a pour mission de définir et de conduire la politique québécoise en matière d’officialisation linguistique et de terminologie ainsi que de francisation de l’Administration et des entreprises. Il a pour mandat de veiller à ce que le français soit la langue normale et habituelle du travail, des communications, du commerce et des affaires.
- L’Office est de plus chargé d’assurer le respect de la Charte de la langue française, agissant d’office ou à la suite de la réception de plaintes sur de présumées contraventions à la Charte.
- L’Office doit aussi surveiller l’évolution de la situation linguistique au Québec.
- L’OQLF est aussi devenu l’une des plus évidentes manifestations des tensions linguistiques que le Québec a connues à travers l’adoption successive de différentes lois concernant la langue officielle qui devait être en usage dans la province; entre 1977 et 1988, l’Office était chargé de faire respecter les dispositions de la Charte de la langue française qui imposaient le français comme seule langue autorisée sur l’affichage commercial extérieur.
- Le terme « Language Police » (« Police de la langue ») a été popularisé par l’émission américaine 60 Minutes, qui a enquêté sur les lois linguistiques du Québec. Légalement, l’OQLF n’a pas les pouvoirs de la police, même si la loi prévoit des amendes aux contrevenants.
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