« La figure de l’autre comme débridé sexuel est un leitmotiv commun aux Blancs et aux Inuit. Tandis que, pour les Blancs, les Inuit ont longtemps été perçus comme des nains lubriques, pour les Inuit, ce sont au contraire les Blancs qui ont longtemps été associés à des êtres non sociaux et à des voleurs de femmes. Grands, poilus, excessifs, coléreux, capricieux, il fallait donc s’en méfier. »
Ce court extrait écrit par l’anthropologue Frédéric Laugrand dans un des chapitres qui composent l’ouvrage Éros et tabou. Sexualité et genre chez les Amérindiens et les Inuits résume bien l’incompréhension des premiers Blancs quant aux mœurs sexuelles des Autochtones.
Si les observations des colons, des missionnaires ou des voyageurs ont apporté un éclairage plutôt biaisé de la réalité des pratiques sexuelles des Premières nations, les recherches d’une douzaine d’anthropologues et d’historiens nous éclairent quant aux pratiques érotiques et aux relations de genre chez les peuples autochtones d’Amérique du Nord.
Entrevue avec l’anthropologue Frédéric Laugrand. Il a codirigé avec l’historien français, Gilles Havard, cet ouvrage de 500 pages publié chez Septentrion.
ÉcoutezL’ouvrage est publié en hommage à Denys Delâge. Avec la collaboration de Marie-Pierre Bousquet, Denys Delâge, Raymond J. DeMallie, Louis-Jacques Dorais, Claude Gélinas, Anny Morissette, Murielle Nagy, Douglas R. Parks, Bernard Saladin d’Anglure et Olivier Servais.
Plusieurs thématiques y sont abordées: la différenciation des sexes et le travestissement, la contrainte et le consentement dans les unions et les mariages, la place du sexe dans la langue et la pensée symbolique, les relations sexuelles entre femmes autochtones et hommes d’origine européenne depuis le XVIe siècle ou la part jouée par les missionnaires dans la confrontation des Européens avec les moeurs autochtones.

Extrait (p. 298) écrit par Bernard Saladin D’Anglure, dans le chapitre intitulé : Hermaphrodisme, lubricité et travestissement, ou les tragiques malentendus sur la sexualité et le genre dans les relations entre Occidentaux, Inuit et Amérindiens.
« Mes études ethnographiques sur les Inuit canadiens commencées au début des années 1960 ont fait apparaître chez ce peuple l’existence d’un troisième “genre”. Lorsqu’on donnait à un nouveau-né mâle le nom personnel d’une ascendante récemment décédée, cela entraînait habituellement le travestissement de l’enfant et une éducation aux tâches de l’autre genre… »
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