Le gouvernement canadien tente de réduire la protection de l’habitat des rorquals à bosse de l’océan Pacifique Nord. Et ce, au moment où il doit décider du projet d’oléoduc Northern Gateway qui doit justement passer dans l’habitat de ces baleines.
Leona Aglukkaq, ministre de l’Environnement du Canada, veut faire décréter que la population de rorquals à bosse du Pacifique Nord soit désignée « espèce préoccupante » plutôt qu’« espèce menacée ». Une désignation acquise en vertu de la Loi sur les espèces en péril. Cette recommandation a été publiée samedi dernier dans la Gazette du Canada.
La population de cette espèce de baleine a augmenté de façon importante depuis qu’elle a été placée sur la liste des espèces menacées en 2005, affirme une déclaration qui appuie cette recommandation.
Toujours selon cette déclaration, une évaluation indépendante faite en 2011 a démontré que l’espèce est en augmentation, et que le gouvernement de la Colombie-Britannique approuve aussi le décret.
Selon la directrice générale de l’organisme Living Oceans Society, Karen Wristen, la décision fédérale n’a « aucun fondement scientifique et constitue uniquement une manoeuvre politique pour faciliter l’approbation du pipeline [Northern Gateway] ».
Ce changement de classification voudrait dire que le gouvernement fédéral n’aurait plus à protéger un habitat déclaré essentiel pour le rétablissement de la population de baleines, explique Mme Wristen.
En ce moment, cet habitat essentiel est constitué de zones entourant la ville portuaire de Kitimat en Colombie-Britannique, là où l’oléoduc Northern Gateway amènerait du pétrole en provenance de la province voisine, l’Alberta.
Mme Wristen craint que les bateaux qui partiront du port de Kitimat, chargés de pétrole, puissent heurter et tuer les rorquals. Elle évoque aussi le risque de déversement dans l’habitat où ces animaux se nourrissent et élèvent leurs petits.
D’ici la fin juin, Ottawa doit rendre sa décision sur le projet de pipeline Northern Gateway. En décembre dernier, un comité d’examen conjoint a recommandé d’approuver Northern Gateway à 209 conditions.
En janvier, Living Oceans Society, Ecojustice, Forest Ethics Advocacy et Raincoast Conservation Foundation ont lancé une poursuite pour bloquer l’approbation par le gouvernement fédéral du projet d’oléoduc. Selon les organismes, le rapport soutenant l’approbation était erroné, en partie parce qu’il ne prend pas en considération les mesures de protection des rorquals à bosse contenues dans la loi.
RCI et Radio-Canada
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