Propriétaire du Sweet Indian Punjabi Bazaar de Brampton

Propriétaire du Sweet Indian Punjabi Bazaar de Brampton
Photo Credit: Christian Noël

Élections en Ontario : Les communautés culturelles courtisées en banlieue de Toronto

Les communautés culturelles qui vivent en banlieue de la plus grande ville du pays, Toronto, sont fortement courtisées par les politiciens ces jours-ci. Car un siège sur cinq se trouve dans cette région du 905 qu’on appelle ainsi en raison de son indicatif téléphonique régional.

Dans cette région les « minorités visibles », comme on les appelle, constituent la majorité de la population. Pour le moment, ces circonscriptions sont des forteresses du Parti libéral provincial mais elles sont assiégées par les deux autres partis, soit le Parti conservateur et le Parti néo-démocrate.

Une musique de style Bollywood sort des haut-parleurs du commerce Sweet Indian Punjabi Bazaar.  Les étagères y sont bondées d’aliments directement importés de l’Inde et les clients font des provisions aux saveurs du pays.

La question de l’emploi préoccupe évidemment les électeurs. Mais c’est surtout le sujet des primes d’assurances automobile qui est sur toutes les lèvres. À Brampton en banlieue de Toronto, ces primes sont les plus élevées de la province.

« Ça me coûte 500 $ par mois pour assurer mes deux véhicules », se plaint SP Singh. « En banlieue, avec cinq enfants, c’est impossible de fonctionner sans voiture ». Le NPD, le parti néo-démocrate, a marqué des points dans la région, en étant le premier parti à se faire le champion d’une baisse des primes d’assurances.

Harbjit Singh de son côté, déplore le prix élevé de l’électricité. « Ça me coûte 200 $ par mois pour alimenter une petite maison, et ça ne cesse d’augmenter, explique-t-il. Quand le NPD a promis une réduction des factures d’électricité, il a gagné mon vote ».

Dans la communauté sud-asiatique de la région, un vent de changement se fait sentir, et  se fait aussi entendre sur les ondes de la radio multiculturelle de Brampton.

Brampton

  • 3e ville en importance en Ontario, après Toronto et Mississauga
  • 2 résidents sur 3 sont issus des « minorités visibles »
  • c’est la plus grande communauté du Sud-est asiatique à l’est de la Colombie-Britannique

Assis derrière un micro, Dave Tatla anime une tribune téléphonique électorale. Les auditeurs sont presque unanimes, selon lui. « Il y a un sentiment de ras-le-bol envers les libéraux, et un intérêt accru pour le Nouveau Parti démocratique ». Du jamais vu en 20 ans de carrière.

Dans les circonscriptions en banlieue de Toronto, où les minorités visibles représentent en moyenne plus de 50 % de la population, les libéraux de l’Ontario détiennent présentement 20 sièges sur 23. Le Parti conservateur a deux sièges, et le NPD en a un seul. Lors des dernières élections fédérales, les conservateurs de Stephen Harper ont presque tout raflé dans cette région en 2011.

L'animateur Dave Tatla
L’animateur radio Dave Tatla © Christian Noël

« Avant, les immigrants des banlieues de Toronto votaient presque exclusivement libéral au provincial. Mais plus maintenant, selon l’animateur Dave Tatla de la radio multiculturelle de Brampton. Les gens sont en colère contre l’administration de Dalton McGuinty en raison des scandales de dépenses inappropriées qui s’accumulent. Leurs habitudes politiques sont en train de changer ».

On aurait pu penser que ce groupe d’électeurs allait se tourner vers les conservateurs, comme ils l’ont fait lors des plus récentes élections fédérales. Mais le troisième parti provincial est venu brouiller les cartes. « La communauté sud-asiatique votera pour défaire le gouvernement libéral », explique M. Tatla. Il prédit que les conservateurs et les néo-démocrates vont rafler les circonscriptions de la région.

Malgré tout, il existe encore d’irréductibles libéraux à Brampton, comme Joseph Freitas. Mais il concède tout de même que « la population semble avoir perdu patience envers les libéraux. Les milliards de dollars gaspillés dans les scandales des centrales au gaz, par exemple,commencent à peser lourd. Si les contribuables ne peuvent pas faire confiance aux libéraux pour gérer leur argent, ils ne voteront pas pour eux ».

Le propriétaire du Sweet Indian Punjabi Bazaar de Brampton affirme de son côté qu’il aime les politiques conservatrices. « Les entreprises comme la mienne ont besoin de réduction d’impôts, comme le promet le chef du part conservateur Tim Hudak, pour nous aider à nous développer et à créer de l’emploi ».

Sweet Indian Punjabi Bazaar
Sweet Indian Punjabi Bazaar © Christian Noël

Les trois chefs consacrent beaucoup d’effort aux banlieues est et ouest de Toronto. La chef libérale Kathleen Wynne était à Brampton lors de la première journée officielle de sa campagne électorale. La chef du NPD, Andrea Horwath, y est allée deux fois en deux semaines. Et il y a eu trois visites jusqu’à maintenant du progressiste-conservateur Tim Hudak, dont une sur le tapis rouge du Festival de film Punjabi la semaine dernière.

Il faut dire que cette banlieue de Toronto, le 905, a été la clé du succès politique de nombreux gouvernements tant au provincial qu’au fédéral. Des libéraux de Jean Chrétien aux conservateurs de Stephen Harper au fédéral, et des conservateurs de Mike Harris aux libéraux de Dalton McGuinty au provincial, et il semble la présente élection ne fera pas exception.

RCI et Radio-Canada (selon un texte de Christian Noël)

Catégories : Politique, Société
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