Le gouvernement du premier ministre Stephen Harper tourne le dos à l’offre du chantier naval Davie, situé à Lévis au Québec, qui propose de construire le brise-glace Diefenbaker à la place de son concurrent Seaspan, de Vancouver en Colombie-Britannique.
Selon ce que Radio-Canada a appris, la société mère de Davie, le groupe Inocea, a présenté une offre au gouvernement fédéral pour reprendre le projet, qui accuse plusieurs années de retard. Un projet qui fait aussi face à des dépassements de coûts considérables. Le PDG d’Inocea, Alex Vicefield, promet de livrer le Diefenbaker dans les délais et les budgets initiaux.
Qu’à cela ne tienne, la ministre des Travaux publics Diane Finley est catégorique : l’appel d’offres a été fait et la Davie ne s’est pas qualifiée, conclut-elle.
Il est vrai que le chantier naval de Lévis, insolvable il y a quelques années, n’a pas été sélectionné par Ottawa en 2011 pour les projets de construction de grands navires militaires et de la Garde côtière canadienne.
Cependant, pour le professeur en sciences politiques de l’Université MacEwan à Edmonton en Alberta, Jean-Christophe Boucher, le gouvernement conservateur aurait tout intérêt à analyser l’offre d’Inocea.
« On a surévalué la capacité des chantiers navals Seaspan et Irving de construire ces navires et on a sous-évalué les coûts associés à cette construction-là », analyse Jean-Christophe Boucher.
Malgré le risque que le Diefenbaker, le plus grand brise-glace de l’histoire canadienne, coûte près de deux fois plus cher que prévu et soit mis à l’eau en 2025, soit huit ans en retard, la ministre Finley affirme qu’elle n’a pas été informée de graves problèmes dans ce dossier et que tout a été fait dans les normes.
Le professeur Boucher prédit qu’après les élections de 2015 le gouvernement, quel qu’il soit, « se retrouvera avec un problème de taille et devra dans une large mesure réévaluer l’ensemble du projet ».
Le budget consacré à la construction du Diefenbaker atteint maintenant 1,3 milliard de dollars, alors qu’une enveloppe de 720 millions de dollars avait initialement été prévue.
À Québec le syndicat de l’entreprise Davie refuse de lâcher prise

Pendant ce temps à Québec, le syndicat des travailleurs du chantier naval Davie de Lévis entend exercer des pressions auprès d’Ottawa.
Le syndicat veut que le fédéral revienne sur sa décision de ne pas reconsidérer le contrat accordé à son concurrent de Vancouver, pour la construction du brise-glace Diefenbaker.

« C’est 500 millions de plus le faire faire à Vancouver qu’ici à Québec. C’est un demi-milliard, c’est vos taxes, nos taxes et la création d’emplois ici à Lévis. On va aller de l’avant c’est sûr [pour obtenir le contrat] », affirme Gaétan Sergerie le président du syndicat des travailleurs de la Davie.
La direction du chantier naval de Lévis estime que la réalisation de ce contrat créerait plus de 1500 emplois supplémentaires. Selon Gaétan Sergerie, le chantier Davie est en mesure de réaliser ce contrat et de réclamer sa part dans l’octroi de contrats de la récente stratégie navale du gouvernement conservateur de Stephen Harper.
Le syndicat entend se rendre prochainement à Ottawa, si nécessaire, pour faire entendre raison au gouvernement fédéral.
RCI et Radio-Canada
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