Maison en construction à Saskatoon

Maison en construction à Saskatoon
Photo Credit: ICI Radio-Canada

Saskatchewan : certains investissements chinois préoccupent la province

La convoitise d’acheteurs chinois pour des propriétés et des terres en Saskatchewan, dans les Prairies canadiennes, crée un véritable engouement. Cet intérêt grandissant fait craindre au ministre de l’Agriculture de cette province l’abandon de terres locales à des intérêts étrangers.

À Saskatoon, un immigrant diplômé de l’Université de la Saskatchewan, Jeff Cao, a construit une maison de trois chambres à coucher qu’il a mise en vente pour un million de dollars.

Le financement provient de son père, un constructeur chinois qui profite du boom économique en Chine.

Jeff Cao, de Samtron Homes à Saskatoon
Jeff Cao, de Samtron Homes à Saskatoon © ICI Radio-Canada

« Deux représentants du gouvernement saskatchewanais ont rendu visite à mon père en Chine et l’ont encouragé à investir ici », dit Jeff Cao. L’entreprise familiale, qui s’est implantée il y a deux ans, a cinq maisons en chantier cette année.

Véritable manne pour l’industrie immobilière

L’agence immobilière avec laquelle Jeff Cao fait affaire pour vendre ses propriétés a choisi de miser sur ces nouveaux clients.

Il y a deux ans, le propriétaire de l’agence, Larry Stewart, a mis sur pied une unité spécialisée qui compte aujourd’hui 10 agents. Le fait que ces employés parlent tous le mandarin facilite grandement le travail.

« Nos agents étaient frustrés quand ils essayaient de communiquer avec les clients chinois. Beaucoup de ces clients parlaient très peu l’anglais, et nos agents perdaient patience et jetaient l’éponge » Larry Stewart.

M. Stewart estime que l’équipe vend aujourd’hui 20 maisons par mois, soit environ 10 % de toutes les recettes de l’entreprise.

La plupart de ses clients planifient une immigration en Saskatchewan, avance M. Stewart. « Certains sont immigrants reçus, d’autres non. En tout cas, nos salles d’exposition sont pleines chaque fin de semaine », se félicite-t-il.

Champ Craven
Champ près de Craven © Olivier Bachand/Radio-Canada

Abondance de terres agricoles sur un site web

Autre indice de l’appétit chinois : des agents immobiliers de la province annoncent des maisons et des terres à vendre sur le site web juwai.com, qui serait, selon ses promoteurs, le plus important site web destiné aux Chinois à la recherche de propriétés à l’étranger.

Quelque 1800 propriétés y sont affichées. Dans l’Ouest, c’est le deuxième marché en importance, juste derrière celui de la Colombie-Britannique. On y retrouve de tout, d’une église rénovée à de petites maisons de ville, en passant par des propriétés de campagne avec des terrains pouvant atteindre plusieurs hectares.

La loi saskatchewanaise exige pourtant que seul un citoyen ou résident canadien puisse détenir plus de 10 acres de terre agricole, soit un peu plus de quatre hectares.

Plusieurs des terrains affichés sont beaucoup plus grands. L’un d’entre eux compte l’équivalent de 800 acres. Contrairement au domaine agricole, il n’y a pas de règles sur la citoyenneté ou le pays de résidence pour l’achat d’immobilier résidentiel.

Qui achète les terres agricoles de la Saskatchewan?

Le ministre garde l’œil ouvert

Le ministre saskatchewanais de l'Agriculture, Lyle Stewart.
Le ministre saskatchewanais de l’Agriculture, Lyle Stewart. © ICI Radio-Canada

Radio-Canada a montré les annonces au ministre de l’Agriculture de la Saskatchewan, Lyle Stewart. Selon lui, « soit certains tentent de frauder des personnes en Chine, soit qu’ils essaient de contourner nos lois provinciales sur la propriété agricole ».

Le ministre s’est engagé à signaler le site web au Bureau de la sécurité des terres agricoles de la Saskatchewan. Celui-ci surveille toutes les transactions immobilières agricoles dans la province. Il y en a eu près de 32 000 l’an dernier. Environ 5000 d’entre elles ont nécessité une vérification de la nationalité et de la résidence de l’acheteur.

L’enquêteur spécial, en poste depuis 2012, a même examiné deux transactions plus à fond. Cependant, aucune infraction n’a été découverte.

« On se demande toujours, on se demande si un individu ou un groupe a trouvé un moyen de contourner les règles, admet le ministre, mais ce qui est bien avec notre loi, c’est que même après l’achat, la transaction peut toujours faire l’objet d’une enquête. » Lyle Stewart.

RCI et Radio-Canada (D’après un reportage de William Burr du Téléjournal Saskatchewan)

Catégories : Économie, Immigration et Réfugiés, Politique
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