Plus de 130 représentants provenant de 22 pays se sont réunis mercredi, dans cette province du centre du Canada, pour un symposium sur la technologie de capture de carbone. Leur événement coïncidait avec la mise en ligne, jeudi, par la société d’État SaskPower, d’un système de captage de carbone dans la centrale au charbon Boundary Dam, d’Estevan, dans le sud-est de la Saskatchewan.
Ces délégués se sont donc rendus à Estevan, curieux d’en apprendre un peu plus sur le premier projet de technologie verte du genre au monde, dans une usine de cette taille.
SaskPower prévoit que de la centrale Boundary Dam permettra de réduire ses émissions de gaz à effet de serre d’un million de tonnes annuellement, ce qui équivaut à retirer près de 250 000 voitures par année des routes de la province.
Le nouvel appareil capturera 90 % du dioxyde de carbone d’une des quatre unités de la centrale qui sont encore ouvertes. Au lieu de finir dans l’atmosphère, le CO2 sera stocké dans le sol ou vendu à une entreprise pétrolière qui l’utilisera pour déloger du pétrole sous terre.
« C’est vraiment unique. C’est vraiment le premier [projet] dans le monde qui peut démontrer pas seulement au Canada, mais aussi en Europe, en Chine, qu’on peut le faire [réduire les émissions de gaz à effet de serre] d’une façon économique », affirme David Reiner, un conférencier de l’école de commerce de l’Université Cambridge en Angleterre.
Entreprises et observateurs de plusieurs pays ont hâte de savoir si le projet permettra une réduction des émissions de gaz à effet de serre et s’il pourra être exporté ailleurs sur la planète. Mais ce qu’ils attendent surtout, avec impatience, ce sont les résultats financiers. La technologie de captage de carbone existe depuis des années, mais les coûts importants qui y sont rattachés ont longtemps ralenti son adoption.

La rentabilité d’un tel projet n’a jamais été prouvée et SaskPower offre peu de détails sur ses frais d’exploitation. De nombreux projets de captage de carbone en Europe, aux États-Unis et au Canada ont d’ailleurs été abandonnés ou suspendus en raison des coûts élevés.
Certains experts doutent également de la viabilité commerciale du projet, surtout en l’absence de taxe sur le carbone.
Les coûts engendrés pour créer le système de captage de carbone à la centrale de Boundary Dam s’élèvent à 1,4 milliard de dollars, dont 200 millions ont été versés par le gouvernement fédéral.
Les coûts d’exploitation du système demeurent quant à eux un mystère. SaskPower affirme qu’ils ne seront connus qu’après deux ou trois ans d’utilisation.
« Nous avons voulu construire une centrale qui générera des revenus et qui sera aussi économique qu’une centrale au gaz naturel. C’est ce que nous allons prouver », déclare le PDG de SaskPower Robert Watson.
Monsieur Watson affirme vouloir garder secrète la majeure partie des informations techniques et financières reliées au projet, afin de pouvoir les vendre plus tard.
SaskPower évaluera la performance du système de captage de carbone à Boundary Dam pendant deux ou trois ans, avant de décider si elle ira de l’avant avec d’autres projets semblables.
Même si l’usine de captage à Boundary Dam ne s’avère pas rentable, plusieurs experts croient que des projets du genre doivent aller de l’avant pour améliorer la technologie.
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