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Taylor Swift
Photo Credit: GI / Frederick M. Brown

Taylor Swift a-t-elle raison de retirer ses albums de Spotify?

La pop star Taylor Swift a décidé de retirer ses albums de Spotify, un leader de la musique en ligne, se privant ainsi de plus de 4 millions de dollars de revenus. Pourquoi la célèbre chanteuse a-t-elle pris cette décision, et a-t-elle raison?

Jugeant sa rémunération inéquitable, la chanteuse Taylor Swift a retiré l’ensemble de ses albums de musique de la plateforme de streaming (diffusion en continu) Spotify, quelques jours après que son dernier album, 1989, a battu le record mondial de vente par semaine réalisé depuis 2002.

 Je ne suis pas d’accord de perpétuer la perception que la musique n’a pas de valeur et qu’elle doit être gratuite!,

a déclaré Taylor Swift à Yahoo.

Un avis partagé notamment par les chanteurs Aloe Blacc et Jason Aldean

Le patron de Spotify, Daniel Ek, frustré, a réfuté les accusations de Taylor Swift en lui rappelant que la compagnie suédoise a versé plus de 2 milliards de dollars aux artistes en redevances.

 Le piratage ne paye pas un sou aux artistes, nada, zéro

, a ajouté Ek, en signalant en même temps que le dernier album de Swift, 1989, est disponible gratuitement sur des plateformes illégales, notamment sur Grooveshark et Pirate Bay (l’album 1989 de Swift occupe la tête de liste des fichiers téléchargés) ainsi que sur des sites légaux comme YouTube et SoundCloud.

Avant le lancement de Spotify, deux modèles d’affaires du streaming prévalaient : le complètement gratuit ou le payant. Ce dernier modèle n’a jamais décollé – malgré les millions de dollars dépensés en marketing – à cause de la disponibilité de la musique gratuite sur la Toile.

Spotify croit que le modèle hybride, le freemium, un mélange de musique gratuite soutenue par la pub et un abonnement payant – sans pub – de 10 $/mois constitue un modèle qui fonctionne et qui est rentable pour les musiciens. Les usagers séduits par leurs découvertes musicales dans l’offre gratuite seront enclins à migrer vers le modèle payant. Les  artistes y trouveront leur compte, selon Spotify, grâce à ses 50 millions de membres à travers le monde, auprès de qui elle fait la promotion de leur musique.

Les artistes qui ramassent des miettes?

Les deux belligérants utilisent deux schèmes de références différents dans leur argumentaire :

Spotifiy compare son modèle d’affaires au piratage de la musique qui tapisse le Web, où les musiciens ne gagnent rien pour leurs créations.

Tandis que l’industrie musicale se réfère au modèle de vente des disques – en déclin – où les marges et les gains des artistes sont substantiellement plus élevés que celles offertes par Spotify.

Daniel Ek rappelle que le groupe suédois reverse 70 % de ses revenus à l’industrie musicale tout en blâmant indirectement les intermédiaires, notamment les maisons de disques, qui engrangent la plus grande partie des revenus.

Ces versements se détaillent comme suit : entre 0,006 $ et 0,0084 $ pour chaque chanson écoutée, selon l’abonnement. Entre 120 et 167 écoutes sont ainsi requises pour encaisser un dollar, qu’il faut répartir entre plusieurs intervenants. Taylor Swift souligne que l’artiste arrive au bout de cette chaîne et ne touche que des miettes!

Spotify, de son côté, estime que la chanteuse américaine aurait empoché au moins 4 millions de dollars – s’il avait gardé ses albums -, en se basant sur ses ventes antérieures sur la plateforme et le fulgurant succès de l’album 1989.

Le chanteur Bono du groupe U2 a apporté son soutien à Spotify dans ce débat. Il estime que « le passage au numérique ne se fait pas sans un certain traumatisme et que les services de streaming constituent un formidable moyen de toucher le public ».

Plusieurs chanteurs ont mis beaucoup d’espoirs dans la musique numérique pour qu’elle leur assure un partage équitable et une perception directe de revenus, ce que ne leur offre pas souvent la musique « traditionnelle ». Le streaming ne semble pas répondre actuellement à leurs aspirations.

Écoutez Zoubeir Jazi
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Catégories : Arts et divertissements, Internet, sciences et technologies
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