Photo Credit: Radio-Canada

La réforme du programme des travailleurs étrangers inquiète plusieurs entreprises

Ce nouveau programme fédéral risque de bouleverser la vie de nombreuses entreprises partout au pays puisqu’il limitera à 10 % le nombre de travailleurs étrangers temporaires, au salaire peu élevé, pour les entreprises de plus de 10 employés, parce qu’il réduira aussi la durée de certains permis de travail de quatre à deux ans et haussera les frais administratifs pour chaque travailleur embauché.

Plusieurs autres exigences du gouvernement suscitent des craintes, particulièrement dans les entreprises québécoises qui évoluent dans des secteurs où la main-d’œuvre locale se fait rare, surtout en région.

Les employeurs concernés par cette réforme disent ne pas avoir le choix de faire appel à des travailleurs étrangers, étant en manque de ressources spécialisées. Ils sont donc inquiets et craignent de devenir moins compétitifs et de perdre des marchés.

Le plan de transition exige que les entreprises démontrent les efforts qu’elles mettent en œuvre pour favoriser l’emploi de Canadiens. Par exemple des salaires plus élevés ou de l’investissement dans la formation.

Les employeurs concernés sont prêts à engager plus de main-d’œuvre locale, mais les compétences et l’expérience nécessaires font souvent défaut.

Les secteurs de la transformation alimentaire, de la fabrication métallique industrielle ou des nouvelles technologies sont notamment touchés.

Travailleurs étrangers temporaires
© CBC

Il y a une dizaine de jours, la province du Québec avait dénoncé l’intransigeance et l’unilatéralisme du gouvernement fédéral dans ce dossier, ce dernier a tout de même refusé les demandes d’assouplissements réclamées par le gouvernement québécois qui souhaitait des modifications relatives aux spécificités de son marché du travail.

Cette intransigeance du gouvernement fédéral pourrait inciter des entreprises confrontées à une pénurie de main-d’oeuvre à quitter le Québec pour aller s’établir aux États-Unis.

« Les emplois disponibles au Québec doivent être offerts aux Québécois d’abord. Notre gouvernement ne permettra pas aux employeurs d’embaucher des travailleurs étrangers temporaires au détriment des Québécois sans emploi. En juin 2014, notre gouvernement a procédé à une réforme du Programme des travailleurs étrangers temporaires, afin qu’il soit utilisé seulement comme il a été prévu, c’est-à-dire de façon limitée et en dernier ressort, pour combler temporairement les graves pénuries de main-d’œuvre lorsqu’on ne trouve pas de travailleurs canadiens qualifiés. » Pierre Poilièvre, ministre fédéral de l’Emploi

Pendant ce temps, dans les provinces de l’est du Canada, des associations de pêcheurs et d’usines de transformation de produits marins ont formé une coalition pour défendre l’embauche de travailleurs étrangers temporaires. Ces associations soutiennent qu’elles ne réussiront pas à respecter les nouvelles règles puisque le nombre de Canadiens prêts à accepter ce type de travail est insuffisant, selon elles.

La nouvelle Coalition pour les produits de la mer affirme que les changements au Programme des travailleurs étrangers temporaires vont désavantager l’industrie canadienne des pêches sur les marchés internationaux, surtout dans un contexte de libre-échange.

Les ententes de libre-échange, selon la Coalition, « ne pourront faire autrement qu’encourager l’exportation de nos matières premières pour qu’elles soient transformées à l’extérieur du Canada. Ce phénomène ne fera que contribuer à la perte d’emplois ».

Usine de transformation du homard
Usine de transformation du homard

Mais le ministère fédéral de l’Emploi et du Développement social conteste la pénurie de main-d’œuvre dont se plaint la coalition en affirmant qu’en 2013 au Nouveau-Brunswick, par exemple, il y avait 586 postes de travailleurs étrangers temporaires autorisés dans l’industrie de transformation du poisson. Au même moment, 33 000 personnes recevaient de l’assurance-emploi dans cette province et plus de 2100 d’entre elles avaient de l’expérience de travail dans une usine de poisson, selon les chiffres fournis par le ministère.

Emploi et développement social précise aussi que moins de 10 % des usines de produits marins au Canada atlantique emploient des travailleurs étrangers temporaires, et que « dans les endroits où il y a un nombre considérable de Canadiens sans emploi, les employeurs doivent déployer davantage d’efforts pour attirer les travailleurs ».

La Coalition pour les produits de la mer des Maritimes estime que le « gouvernement au pouvoir continue d’exagérer la disponibilité de travailleurs locaux » et que s’il ne change pas sa politique il contribuera à la perte d’emplois pour des Canadiens dans l’industrie des pêches.

RCI avec  Radio-Canada

Catégories : Économie, Immigration et Réfugiés, Politique
Mots-clés : , , ,

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.