Pays riches et pays en développement s’entendent sur les moyens de trouver les quelque 2 500 milliards de dollars nécessaires au financement du développement d’ici à 2030
C’était une rencontre très attendue. La 3è Conférence internationale sur le financement du développement qui a pris fin jeudi à Addis-Abeba en Éthiopie devait notamment évaluer les progrès accomplis dans la mise en œuvre du Consensus de Monterrey (2002) et de la Déclaration de Doha (2008). Mais surtout, elle devait appuyer le programme de développement des Nations Unies pour l’après-2015.
A l’issue de 4 jours de discussion, les participants à cette conférence organisée par les Nations Unies ont établi une feuille de route que les États sont encouragés à mettre en oeuvre. Les fonds nécessaires sont estimés à 2 500 milliards $ US sur 15 ans. L’idée est d’éradiquer la pauvreté et la faim dans le monde, tout en maîtrisant le changement climatique.
Les pays riches s’engagent à consacrer 0,7% de leur RNB à l’aide au développement
Les pays donateurs se sont à nouveau engagés à consacrer 0,7% de leur revenu national brut (RNB) à l’aide au développement (APD). Une proportion des sommes, soit 0,15% à 0,20% sera attribuée aux 49 pays les moins avancés (PMA). Problème: cet engagement de 0,7% a jusqu’ici rarement été respecté. À titre d’exemple, le Canada consacre 0,24% de sa richesse nationale à l’APD, et la France, 0,36%.
L’APD versée aux pays en développement était de 134,38 milliards de dollars en 2014 (OCDE). Or, il faudra trouver au moins 100 milliards $ US supplémentaires par an pour parvenir à financer les 17 objectifs de développement durable que l’ONU est en train de fixer pour la période 2015-2030. La conférence s’est donc attachée à trouver des financements innovants.
L’importance des financements privés
Les participants à la conférence d’Addis-Abeba ont réaffirmé la nécessité d’impliquer le secteur privé dans le développement. Un sujet cher au gouvernement canadien. D’ailleurs, Christian Paradis, le ministre canadien du Développement international et de la Francophonie qui était sur place, a souligné le rôle de chef de file du Canada dans « la conception et la mise en œuvre de nouveaux mécanismes mondiaux visant à exploiter diverses sources de financement du développement, y compris l’investissement privé et le secteur philanthropique ».
De fait, le plan d’action adopté dans la capitale éthiopienne accorde une place centrale au secteur privé pour le financement des projets économiques dans les pays en développement. Il encourage également les partenariats entre secteur privé et secteur public, en particulier dans l’énergie et les infrastructures.
Coopération sur la taxation fiscale
Les pays en développement voulaient que les normes fiscales internationales soient contrôlées par les Nations Unies et non plus par l’OCDE et le G20. Ce que les pays du Nord ont refusé. En fin de compte, l’accord renforce simplement le Comité (consultatif) de coopération sur les questions fiscales des Nations unies.
Cela dit, la conférence a plaidé pour une amélioration du recouvrement de l’impôt, souvent défaillant dans les pays en développement, et pour la lutte contre l’évasion fiscale afin de dégager de nouvelles ressources. Le manque à gagner en recettes fiscales pour ces pays varie entre 100 et 200 milliards de dollars US par an. C’est le second grand levier de financement préconisé par l’accord d’Addis-Abeba.
Les donateurs s’engagent à doubler leur aide technique aux pays en développement pour renforcer leurs capacités en matière fiscale. L’OCDE a par exemple conclu avec les Nations unies l’initiative « Inspecteurs des impôts sans frontières » qui vise à envoyer dans les pays en développement des spécialistes de la vérification fiscale.
Lutte contre les changements climatiques
Le plan d’action d’Addis appelle les États à mobiliser 100 milliards $ US par an d’ici 2020 pour permettre aux pays en développement de réduire les subventions accordées aux énergies fossiles et leur consommation.
La Conférence est également une étape vers le grand rendez-vous sur le climat, la COP21, qui se tiendra à Paris en décembre. Un échec à Addis aurait été de mauvais augure pour le succès de ce sommet.
(Avec l’AFP)
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