Le traitement préventif contre le virus du sida (VIH) pour les personnes non infectées, mais potentiellement à risque fonctionne. Des scientifiques regrettent cependant qu’il soit trop peu prescrit.
Selon des scientifiques présents à la 8e conférence sur la pathogenèse du VIH à Vancouver, des essais cliniques sur la prévention médicamenteuse du VIH sont suffisamment concluants pour qu’elle soit davantage prescrite.
Cette prévention, connue sous le nom de prophylaxie pré-exposition (PrEP) consiste à prendre régulièrement des antirétroviraux afin d’éviter de contracter le virus, lorsqu’une personne saine entretient une relation sexuelle avec un partenaire infecté.
Pour les scientifiques, cette pratique préventive est efficace et elle a des effets secondaires mineurs. Chris Beyrer, chercheur américain et coprésident de la 8e conférence ne cache pas son enthousiasme : « La prophylaxie pré-exposition change la donne…Les données sont implacables, et cela fonctionne quand (le traitement) est pris ».
Les scientifiques ont présenté les résultats sur la PrEP à partir de plusieurs petites études menées auprès de personnes avec une forte probabilité d’être infectées par le VIH, principalement en raison de leurs pratiques sexuelles, au Brésil, aux Etats-Unis et au Botswana.
Thérapie récente et prometteuse
Si cette recherche a montré qu’un traitement antirétroviral pris correctement réduisait nettement le risque d’infection par le VIH et était assez bien toléré, des scientifiques ont regretté que la PrEP ne soit pas une pratique courante, restant une décision personnelle des personnes à haut risque.
Il est vrai que cette thérapie est assez récente. C’est en 2012 que l’Agence américaine des médicaments (FDA) a donné son feu vert au Truvada, un mélange d’antirétroviraux dont le Tenofovir, pour les adultes à haut risque en parallèle avec des relations sexuelles protégées.
Une étude menée sur 557 hommes homosexuels ou transgenres de San Francisco a montré que la quasi totalité a suivi le traitement préventif tandis que chez deux participants –qui avaient finalement contracté le virus du sida–, les traces des médicaments dans le corps étaient minimes. Pour Albert Liu de l’administration de la santé de San Francisco, ces résultats plaident fortement pour l’intensification de la PrEP, et les médicaments semblent être bien tolérés
Côté brésilien, l’étude auprès de 509 hommes au cours des deux dernières années montre que la PrEP est bien acceptée par les participants « même si plus de pédagogie est nécessaire », selon Beatriz Grinsztejn de l’Instituto Pesquisa Clinica Evandro Chagas de Rio de Janeiro.
Ces résultats, qui doivent encore être finalisés avant leur publication, aideront le gouvernement brésilien à décider d’inscrire ou non le traitement préventif par antirétroviraux comme norme de santé publique.
Des effets secondaires comme des nausées, des migraines et une perte de poids ont été notés dans une étude portant sur 200 jeunes hommes de 12 villes américaines, a relevé Sybil Hosek du Stroger Hospital du comté de Cook (Illinois, centre-nord). Il a noté que les plus volontaires pour suivre une PrEP étaient ceux ayant un mode de vie hautement risqué.
Plus efficace encore dans les relations hétérosexuelles
Aucune transmission du VIH n’a été relevée pour les 229 personnes hétérosexuelles suivies dans le cadre de l’étude au Botswana, avec des risques élevés dans leurs pratiques sexuelles avec plusieurs partenaires ou avec des utilisateurs de matériels d’injection de drogue peu sûrs, selon Faith Henderson des centres américains de prévention et de contrôle des maladies.
La prévention médicamenteuse se heurte toutefois à deux obstacles, les coûts et le sérieux dans le suivi du traitement. Le prix des médicaments est un obstacle majeur dans des pays où la protection sociale est pratiquement inexistante, selon les experts à la conférence de Vancouver. Par ailleurs, il faut s’assurer que les personnes à risque prennent leurs médicaments sur une base régulière et constante.
Quoi qu’il en soit, le scientifique péruvien Carlos Caceres estime que « La PrEP n’est pas juste un gain individuel mais doit être appréhendée en terme de santé publique. En évitant l’infection d’une personne qui pourrait en infecter une autre, on pourrait au final éviter plusieurs infections. Notre réponse mondiale au VIH ne sera pas durable si le nombre d’infections n’est pas réduit significativement ».
(Avec l’AFP)
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