Des manifestants innus de Natashquan bloquent l'accès au chantier de la Romaine

Des manifestants innus de Natashquan bloquent l'accès au chantier de la Romaine
Photo Credit: ICI Radio-Canada

Sept-Îles: miroir des Innus de Natashquan

Les Innus de Natashquan sont mécontents et ont tenu à le traduire par des actes de protestation contre  les activités d’Hydro-Québec dans leur région. Innue de Natashquan, qui signifie « l’endroit où l’on chasse l’ours », est une communauté qui a été fondée en 1952 à la suite de l’acquisition par le gouvernement fédéral d’une parcelle de 8,30 ha pour leur usage.

Sur le plan géographique, sa superficie est de 20,63 ha et sa localisation à l’embouchure de la grande rivière Natashquan, sur le golfe du fleuve Saint-Laurent, à 336 km à l’est de Sept-Îles, au Québec.

Sa démographie, représentée par quelques familles encore relativement dépendantes de l’exploitation de la nature et des aînés qui transmettent leur culture aux plus jeunes, est estimée à environ mille personnes, dont 900 vivants dans la communauté et 57  en dehors.
 Cette nation échange à travers l’Innu-Aimum comme langue et l’Innu-Aitun comme culture. 
En 2006, le nombre total de logements  était estimé à 160 selon Statistiques Canada et le nombre d’élèves fréquentant l’école de la Pré-maternelle au niveau secondaire 5 était évalué à 179.

Les Innus de Natashquan font partie des 11 communautés qui représentent la nation des Innus établie au Labrador et dans la partie boréale du Québec.

Répartition de la nation innue en 2008

Communauté Sur réserve Hors réserve Terre de lacouronne Total
Mashteuiatsh 2 062 2 879 0 4 941
Pessamit 2 825 779 5 3 609
Essipit 175 250 0 425
Uashat mak Mani-utenam 3 043 679 7 3 728
Ekuanitshit 514 24 0 538
Natashquan 897 57 3 957
Unaman-shipu 1 022 49 2 1 073
Pakut-shipu 22 1 286 309
Matimekush 749 90 0 839
Toutes 11 309 4 807 303 16 419

Référence : Registre des Indiens, AINC , Décembre 2008 

Les Innus se distinguent par leur attachement à la nature et à leur culture, ainsi que leur grand besoin de comprendre le monde dans lequel ils évoluent. Le quotidien de ce peuple est fondé sur les valeurs de partage, de solidarité et de témérité entre autres.

Un chantier hydroélectrique au cœur de la tourmente

Leur présence dans l’actualité aujourd’hui se justifie par le fait qu’ils ont senti leur équilibre naturel désormais bousculé,  fortement compromis et ont décidé d’agir. En effet, l’industrialisation de la région au 20e siècle a fortement bouleversé leurs pratiques du nomadisme.

Des entreprises commerciales de services tels que les magasins communautaires, artistiques et et artisanaux, les services sanitaires, de pêche commerciale et les entreprises de machinerie lourde entre autres y opèrent quotidiennement. Hydro-Québec y est également présente à travers son chantier hydroélectrique de la Romaine, près de Havre-Saint-Pierre.

Depuis quelques jours, des membres des communautés innues de Natashquan et de Mingan bloquent l’accès à ce chantier. Ils dénoncent l’ennoiement de plus de 50 % de la ressource forestière, ce qui représente une menace grave pour  l’environnement et pour leurs activités traditionnelles de chasse et de pêche.

Ils s’insurgent contre l’indifférence du gouvernement québécois et accusent la société d’État d’avoir ainsi inondé leurs bassins sans les prévenir, violant par là même l’entente conclue en 2008 avec le conseil de bande, qui prévoyait un déboisement complet des réservoirs du complexe hydroélectrique.

Les manifestants, par la voix de leur chef,  Rodrigue Wapistan qui agit au sein d’une gouvernance constituée par un conseil élu composé d’un chef et de conseillers, ont fait part de leur détermination à poursuivre leurs actions pour le respect de leurs droits territoriaux et la sauvegarde de leur environnement.

«Avec la complicité du gouvernement Hydro-Québec est en train de bafouer nos droits. Notre patience a atteint sa limite. »

— Le chef Rodrigue Wapistan

Les Innus de Natashquan qui entendaient maintenir le blocus à l’entrée du chantier de la Romaine jusqu’à la confirmation d’une rencontre avec le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, dans le but de mettre un terme à ce conflit avec Hydro-Québec, ont finalement obtenu d’être rencontrés par Pierre Arcand, le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles ce jour.

De son côté, Hydro-Québec a affirmé avoir ouvert des discussions avec une entreprise de la communauté innue de Natashquan pour effectuer les travaux de déboisement du réservoir de Romaine-3.

Catégories : Autochtones, Politique, Société
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