Arrivé au Canada en nageant depuis les États-Unis, Yahya Samatar a retrouvé jeudi le Manitobain qui l’a sauvé.
Le réfugié somalien a été retrouvé au début août trempé et tremblotant tout près de la frontière canado-américaine dans les Prairies canadiennes.
Âgé de 32 ans, l’homme s’est enfui de la Somalie il y a un an, se sentant menacé par plusieurs groupes – dont la milice islamiste armée Al-Shabab – parce qu’il travaillait pour un organisme non gouvernemental caritatif. Il a donc quitté sa famille et a payé des passeurs pour l’emmener en Éthiopie.
« Je me sauvais de la persécution. Je me sauvais la vie. Je connaissais très peu le Canada, à part que si j’y arrivais, je serais en sécurité. »— Yahya Samatar
Pour Yahya Samatar, la rivière Rouge marquait l’aboutissement d’une odyssée d’une année au cours de laquelle il a dû parcourir l’Éthiopie, le Brésil, l’Amérique centrale et les États-Unis.
Faire preuve d’une grande détermination
Il raconte qu’un jour au début d’août 2015, il avait été déposé près de la frontière au milieu de la nuit avec un autre homme originaire également de la Somalie.
Les deux hommes ont alors traversé des fermes et des zones forestières jusqu’à atteindre la rivière Rouge. Ils pensaient, à tort, que le fleuve coulait d’est en ouest et qu’il leur suffisait de passer sur l’autre rive pour rejoindre le Canada.
Longue de 885 km, la rivière Rouge qui coule du sud vers le nord marque la frontière des États du Minnesota et du Dakota du Nord et se jette dans le lac Winnipeg au Manitoba.
Les hommes se sont glissés dans les eaux de la rivière, dont la température n’était qu’environ 7 degrés Celsius. Ils ont lutté à contre-courant pour finalement parvenir au rivage.
« J’étais complètement épuisé. L’eau était très froide et j’étais tout nu. C’est à ce point-là que je commençais à craindre pour ma vie. »— Yahya Samatar
Après son périple exténuant dans la rivière, M. Samatar a traversé la frontière américaine, à son insu, pour arriver dans un petit village, ignorant s’il était enfin arrivé au Canada.
Une nouvelle vie…
Grelottant et désespéré, le Somalien s’est approché d’un homme assis dans un camion.
« Je voyais bien qu’il était physiquement épuisé et c’était évident qu’il vivait une période particulièrement difficile – il était entièrement couvert de boue », avoue Peter Chodkiewicz, bon samaritain et résident de la communauté frontalière d’Emerson, tout au sud du Manitoba.
Le Canadien a immédiatement enveloppé M. Samatar d’une couverture et a appelé les services d’urgence pour prodiguer au nouvel arrivant les soins médicaux nécessaires.

Une fois rassurés sur sa santé, des employés de l’Agence des services frontaliers du Canada ont menotté le Somalien puis l’ont emmené au poste frontalier. Le trentenaire y a reçu de la nourriture et des vêtements chauds.
La police frontalière a ensuite contacté l’asile pour réfugiés Hospitality House Ministry, à Winnipeg, où habite l’exilé en attendant l’audience sur son statut de réfugié. Bien qu’il craigne l’expulsion vers son pays natal, M. Samatar se dit réconforté de la gentillesse des Canadiens.
« J’espère vraiment qu’il pourra obtenir le statut de réfugié au Canada », affirme Peter Chodkiewicz.
« Je ne peux même pas imaginer les circonstances catastrophiques qui pousseraient un homme à faire ce que Yahya vient de faire. »— Peter Chodkiewicz, bon samaritain
L’audience sur le statut de réfugié de Yahya Samatar est prévue le 30 septembre.
Samatar indique que son compagnon de voyage avait aussi survécu et qu’il allait demander le statut de réfugié à Toronto.
RCI et Radio-Canada Manitoba
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