Libéré des griffes de la justice égyptienne et des accusations liées au terrorisme pesant contre lui, le journaliste canadien Mohamed Fahmy et ancien reporter du réseau Al-Jazeera est arrivé à Toronto dimanche et n’a pas tardé à faire un plongeon dans la campagne électorale canadienne.
M. Fahmy affirme que, dans son cas, « l’approche hyperconservatrice [du premier ministre Stephen Harper] a miné et retardé ma libération ».
Il ajoute que l’ancien ministre canadien des Affaires étrangères John Baird a en plus commis une bourde diplomatique en annonçant durant un point de presse en Égypte que le Canada ne le traduirait pas en justice, si les autorités égyptiennes acceptaient de transférer leur prisonnier au Canada.
Aide-mémoire…
La saga judiciaire de Mohamed Fahmy et de deux de ses camarades du réseau anglophone d’Al-Jazeera avait commencé en décembre 2013, au moment de l’arrestation des trois hommes qui ont toujours soutenu leur innocence.
Le régime militaire égyptien soutenait qu’ils avaient soutenu l’organisation décrétée illégale des Frères musulmans et d’avoir mis la sécurité nationale en péril avec leurs reportages.
Lors de leur deuxième procès en août 2014, ils avaient été condamnés à trois ans de réclusion.
Le 23 septembre dernier, Mohamed Fahmy a finalement été gracié par le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi.
Son collègue australien s’est mieux tiré d’affaire
L’un des anciens collègues journalistes de M. Fahmy au réseau Al-Jazira, l’Australien Peter Greste, a été libéré un an avant lui, à la suite de l’intervention personnelle du premier ministre de l’Australie.
Profondément déçu par les autorités politiques canadiennes, le journaliste Mohamed Fahmy a décidé de prononcer une allocution à l’Université Ryerson de Toronto, mardi, où il affirmera qu’Ottawa doit en faire plus pour défendre les Canadiens emprisonnés à l’étranger.
M. Fahmy doit aussi rencontrer les chefs néo-démocrate, Thomas Mulcair, et libéral, Justin Trudeau, cette semaine, à quelques jours des élections.
En entrevue à l’agence de presse Associated Press, Mohamed Fahmy a raconté avoir longtemps imaginé son retour chez lui, lorsqu’il était détenu.
« Je me suis senti humble et en sécurité en voyant la bonté des policiers et du personnel de sécurité à l’aéroport, qui ont été extrêmement accueillants et ont reconnu mon visage, malgré mes tentatives de demeurer discret. C’était incroyable de constater que le chauffeur de taxi, les passagers de l’avion et des étrangers me reconnaissaient à l’aéroport et connaissaient les détails de mon histoire. J’ai ressenti beaucoup de chaleur et d’amour. »
À peine 24 heures après être rentré au Canada, M. Fahmy a dit, lundi, sur Twitter qu’il se sentait finalement « libre », alors qu’il s’est promené avec sa femme dans les rues de Toronto.
Moahmed Fahmy dans les rues de Toronto. Il prévoit s’installer à Vancouver où il sera professeur adjoint en journalisme à l’Université de la Colombie-Britannique.
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