Mohamed Fahmy s'adresse à la presse, mardi, à Toronto : « Je refusais de croire que mon propre gouvernement n'était pas là pour moi au moment où j'en avais le plus besoin. Je me suis senti trahi. »

Mohamed Fahmy s'adresse à la presse, mardi, à Toronto : « Je refusais de croire que mon propre gouvernement n'était pas là pour moi au moment où j'en avais le plus besoin. Je me suis senti trahi. »
Photo Credit: Photo : Frank Gunn La Presse canadienne

Mohamed Fahmy dénonce Stephen Harper. Prise deux!

Le journaliste canadien Mohamed Fahmy s’est senti « abandonné » par son premier ministre.

Fraîchement débarqué au Canada après un combat judiciaire de 22 mois contre les autorités militaires égyptiennes et après avoir croupi pendant plus d’un an et demi en prison, le journaliste canadien Mohamed Fahmy a une nouvelle fois accusé hier en conférence de presse le premier ministre canadien Stephen Harper de ne pas avoir utilisé « tout son poids » pour obtenir sa libération.

M. Fahmy avait depuis quelques jours, alors qu’il était en route vers le Canada, critiqué le chef de gouvernement canadien pour son manque d’implication dans le dossier de sa libération. Il avait aussi décoché quelques flèches à l’endroit de l’ex-ministre canadien des Affaires étrangères qui par certains faux pas diplomatiques aurait retardé son acquittement et sa libération.

Hier sous le feu nourri des caméras de ses confrères journalistes M. Fahmy a répété qu’Ottawa devait en faire plus pour défendre les Canadiens emprisonnés injustement à l’étranger.

Les erreurs du gouvernement Harper selon Mohamed Fahmy

Quoique reconnaissant envers l’ambassadeur canadien et le personnel consulaire au Caire, M. Fahmy est néanmoins déçu par les efforts « modérés » d’Ottawa pour sa libération.

L’ex-reporter du réseau Al-Jazira affirme que le gouvernement Harper a refusé de rencontrer son avocate, Amal Clooney, pendant qu’il croupissait blessé dans une cellule infestée d’insectes en Égypte.

Un porte-parole du gouvernement canadien a rétorqué lundi que M. Harper avait discuté de son cas avec le président égyptien, en plus de soumettre plusieurs lettres d’appui aux autorités égyptiennes.

Le journaliste Mohamed Fahmy s'adresse aux médias à Toronto.
Le journaliste Mohamed Fahmy s’adresse aux médias à Toronto.

Abandonné à son sort?

« Lorsque j’étais dans ma cellule, je ne voulais pas me rendre à l’évidence et accepter que mon premier ministre ne me soutenait pas », a dit Mohamed Fahmy dans son allocution à l’Université Ryerson en Ontario.

M. Fahmy a expliqué que la communauté internationale, les militants canadiens et ses proches lui ont finalement fait comprendre que « Harper n’est pas là pour toi ».

« Alors que les citoyens du Canada et du monde entier comprenaient le danger dans lequel nous étions, le gouvernement Harper, lui, ignorait l’urgence de notre situation. C’est la vérité! » a-t-il lancé.

« M. Harper a délégué ses responsabilités à des personnes qui n’avaient pas l’autorité nécessaire pour m’aider », a-t-il dit, précisant qu’il remerciait ces personnes pour leur bienveillance et leur grande diligence, bien qu’elles ne pouvaient rien faire pour lui.

« C’était difficile de ne pas me sentir trahi et abandonné par le premier ministre Stephen Harper », a déclaré M. Fahmy.

Mohamed Fahmy croit que cette gestion de crise donne une très mauvaise mauvaise réputation du Canada à l’étranger et donne l’impression que quand des Canadiens ont des problèmes, cela n’importe pas au gouvernement.

Thomas Mulcair et Mohamed Fahmy
Thomas Mulcair et Mohamed Fahmy
Mohamed Fahmy a rencontré le chef libéral Justin Trudeau.
Mohamed Fahmy a rencontré le chef libéral Justin Trudeau, © Twitter

Gratitude envers les autres partis politiques

M. Fahmy a eu l’occasion de s’entretenir avec le chef du Parti libéral, lundi, et le chef du NPD mardi après-midi.

Lors de cette conférence de presse organisée par les Journalistes canadiens pour la liberté d’expression, Mohamed Fahmy a d’abord voulu remercier toutes les personnes – journalistes, politiciens, militants et citoyens de partout dans le monde – qui ont milité pour lui sans relâche et qui ont réussi à le faire libérer.

Il a affirmé que nombreux politiciens canadiens, notamment le chef libéral Justin Trudeau et le chef néo-démocrate Thomas Mulcair lui ont témoigné leur appui à maintes reprises et ont communiqué avec lui et ses proches alors qu’il était en prison.

Mohamed Fahmy a particulièrement remercié le NPD, son chef Thomas Mulcair, et son porte-parole en matière d’affaires étrangères, Paul Dewar, « pour (l)’avoir soutenu, pour avoir été présent auprès de (sa) famille, pour s’être engagé auprès de (son) avocate et pour avoir questionné M. Harper au parlement à propos de (son) cas. »

Dans les semaines qui suivront, le journaliste s’occupera de son organisation, la Fahmy Foundation for Free Press, qu’il a mise sur pied alors qu’il était aux prises avec la justice égyptienne, afin d’aider à la libération des journalistes, qui comme lui, ont été arrêtés sous de fausses accusations.

L'ex-journaliste a l'intention de voter le 19 octobre, mais il n'appuie aucun parti en particulier. « Toutefois, vous savez pour qui je ne voterai pas », a-t-il lancé.
L’ex-journaliste a l’intention de voter le 19 octobre, mais il n’appuie aucun parti en particulier. « Toutefois, vous savez pour qui je ne voterai pas », a-t-il lancé.

Entrevue avec Mohamed Fahmy sur les ondes de Radio-Canada

RCI avec La Presse Canadienne

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Catégories : International, Politique
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