Le Canada mènera une enquête dans une affaire impliquant des détenus afghans qui auraient subi de mauvais traitements, il y a cinq ans, lorsqu’ils étaient aux mains de policiers militaires canadiens.
La « police des polices militaires » ouvre une enquête au Canada à la suite d’informations alléguant que des membres de la Police militaire seraient entrés dans des cellules en Afghanistan au beau milieu de la nuit, armés, et qu’ils auraient plaqué des détenus au mur ou au sol et qu’ils leur auraient appliqué des clés de bras.
Selon ces allégations, le commandant de la base aérienne de Kandahar aurait par ailleurs procédé quand a lui à des exercices militaires à l’extérieure tout juste à côté de cellules de détenus afghans, dans le but de les « terroriser ».
Tous ces gestes auraient été commis entre décembre 2010 et janvier 2011, mais la plainte n’a été reçue qu’en février dernier par la Commission d’examen des plaintes concernant la Police militaire au Canada qui entame maintenant son enquête.
Prison canadienne en Afghanistan- (Bill Graveland/Canadian Press)
Le nouveau gouvernement canadien de Justin Trudeau vient d’être avisé de cette affaire
La nouvelle présidente de la Commission d’examen des plaintes concernant la Police militaire (CPPM), Hilary McCormack, a avisé mercredi, jour d’assermentation du nouveau gouvernement libéral à Ottawa, le nouveau ministre de la Défense nationale, de sa décision de tenir une « enquête d’intérêt public ».
« L’allégation selon laquelle la police militaire aurait pu avoir été impliquée, dans une tentative d’étouffer l’affaire en dissimulant des inconduites […] est très sérieuse et touche directement le mandat de la CPPM de favoriser une plus grande responsabilité de la police militaire et de promouvoir la confiance du public quant à la disponibilité d’un mécanisme indépendant adéquat pour faire enquête sur les allégations d’inconduite », écrit Mme McCormack.
Aide-mémoire… – C’est le quotidien montréalais la Presse qui a été le premier a révélé en mai dernier, au terme d’une enquête de quatre mois, que des policiers militaires canadiens en mission en Afghanistan auraient tenté d’ instaurer un climat de terreur dans la prison de la base de Kandahār sans jamais être sanctionnés par le ministère de la Défense. – Suite à cette enquête du quotidien, au mois de juin dernier, la toute nouvelle présidente de la Commission d’examen des plaintes concernant la police militaire, Hilary McCormack avait avisé le ministère canadien de la Défense de son intention de procéder à une révision interne des événements.
Qui savaient quoi au gouvernement Harper de ces présumés actes criminels?
La personne qui a porté plainte à la commission met par ailleurs en doute la crédibilité de l’enquête interne menée par l’armée dans cette affaire, et notamment le fait qu’aucune accusation n’ait été portée depuis les événements allégués.
Or, la commission indique que certaines informations dont elle a pris connaissance semblent indiquées « que certains des membres déployés à l’aérodrome de Kandahar au moment des événements avaient l’impression que certaines des décisions concernant le déroulement et le résultat final des enquêtes avaient été prises en raison d’ordres provenant [d’Ottawa] et/ou de préoccupations reliées à la réputation de la Police militaire ou des Forces armées, compte tenu de l’attention publique que peuvent attirer les questions concernant le traitement des détenus. »
La plainte anonyme citait pour sa part cinq « personnes » qui détiendraient des informations sur les gestes allégués, et que ces personnes ont été rencontrées avant que l’on décide de tenir une enquête. « L’information obtenue auprès de ces individus a confirmé qu’un incident s’était effectivement produit au centre de transfert des détenus à Kandahar au cours de la période mentionnée dans la plainte et a soulevé plusieurs questions supplémentaires », écrit Mme McCormack.
Le fait que la personne qui a porté plainte ait pris un soin extrême à préserver son anonymat est aussi révélateur d’un manque de confiance à l’égard de l’indépendance des autorités, estime également Mme McCormack.
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