Téhéran a menacé de représailles l’Arabie Saoudite qui a exécuté l’Imam chiite, le Cheikh Nimr Baqer al-Nimr qui figurait parmi les 47 personnes tuées samedi. Le Cheikh Nimr Baqer al-Nimr était en effet un proche de Téhéran où il avait étudié la théologie.
En 2011, il avait mené la contestation à l’est de l’Arabie Saoudite où vivent principalement les chiites. Considéré comme un « instigateur à l’insurrection », il avait été arrêté en juillet 2012 et condamné à mort le 15 octobre 2014 par le tribunal de Riyadh pour « terrorisme », « désobéissance au souverain », « port d’arme » et « sédition ».

Cet Imam qui prêchait souvent les vendredis dans la mosquée de son village avait déjà été plusieurs fois détenu entre 2003 et 2008 à cause de ses idées politiques, notamment sur la question des droits de l’homme et des droits de sa communauté chiite minoritaire et marginalisée dans un pays majoritairement sunnite.
Son exécution a donné lieu à de grandes manifestations, notamment en Iran qui a vivement condamné ce que les autorités ont qualifié « d’erreur stratégique ». L’Ayatollah Ali Khamenei, le guide suprême de la Révolution iranienne a promis la « vengeance d’une main divine ».
Un rassemblement d’étudiants et de professeurs a eu lieu dans le centre-ville de Téhéran pour condamner une violation flagrante des droits de l’homme à la suite des exécutions. La Ligue arabe a convoqué une réunion d’urgence au Caire en Égypte.

L’Arabie Saoudite a annoncé la rupture de ses relations diplomatiques avec l’Iran, car à l’annonce de l’exécution de l’Imam, le Cheikh Nimr Baqer al-Nimr, son ambassade à Téhéran a été incendiée et son consulat attaqué. Les alliés traditionnels de Riyadh que sont le Soudan et Bahreïn ont rompu leurs relations diplomatiques avec Téhéran. Les Émirats Arabes Unis ont annoncé la réduction de leurs personnels diplomatiques en Iran et rappelé l’ambassadeur à Téhéran.
Crainte d’une escalade de la violence
Le Canada qui s’est dit « déçu d’apprendre l’exécution de 47 personnes, y compris le Cheikh Nimr al-Nimr, en Arabie saoudite » a joint sa voix à celle de la communauté internationale pour condamner l’acte posé par Riyadh. Dès le weekend à Ottawa, le ministère des Affaires étrangères a écrit :
Le Canada s’oppose à la peine de mort et réprouve l’exécution de 47 personnes en Arabie saoudite le 2 janvier 2016 […] Le gouvernement du Canada exprime régulièrement aux autorités saoudiennes ses préoccupations au sujet des droits de la personne et de l’application régulière de la loi, et continuera de le faire. Dans le sillage de ces exécutions, nous réitérons notre appel au gouvernement de l’Arabie saoudite pour qu’il protège les droits de la personne, respecte l’expression pacifique de la dissidence et garantisse un traitement équitable en matière judiciaire.
La Directrice générale de la section d’Amnistie Internationale au Canada a qualifié cette exécution de « Choquante » et dénoncé un « bilan désastreux en matière de droits de l’homme » en Arabie Saoudite. Elle a appelé la communauté internationale à aller au-delà des « mots feutrés ».

Le secrétaire général des Nations-Unies, Ban Ki-moon a demandé à l’Arabie saoudite et à l’Iran de ne pas prendre de décision dans l’immédiat et d’éviter des gestes susceptibles de favoriser l’escalade de la violence. Le Canada, la Russie, les États-Unis et la France redoutent les conséquences d’un embrasement de la sous-région sur les conflits en Syrie et au Yémen.
Le Canada craint particulièrement que l’exécution du cheikh Nimr al‑Nimr n’exacerbe les tensions sectaires dans la région. Nous appelons les autorités saoudiennes ainsi que les dirigeants locaux et régionaux, y compris ceux de l’Iran, à travailler avec toutes les communautés pour désamorcer ces tensions et promouvoir la réconciliation.
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