Après l’accord international phare sur les mines anti-personnelles, une initiative pilotée par le Canada il y a une quinzaine d’année, le gouvernement canadien voudrait de nouveau saisir l’initiative sur l’échiquier politique international, cette fois aux côtés des Américains et relancer la marche vers la dénucléarisation.
Cette information révélée par La Presse canadienne surgit quelques jours à peine après que la Corée du Nord ait annoncé qu’elle venait de procéder à l’essai de la bombe Hydrogène.
Le Canada se proposerait de relancer des discussions internationales sur la dénucléarisation, bloquées depuis un certain temps, pour contrôler l’accès à deux ingrédients clés dans la fabrication d’armes nucléaires : le plutonium et l’uranium enrichi.
L’ambassadrice du Canada aux Nations unies, Rosemary McCarney, commencera dès cette semaine à faire la promotion d’un renouvellement des négociations d’un traité sur l’interdiction de la production de matières fissiles (Fissile Material Cut-off Treaty, FMCT), qui viserait à contrôler l’accès à ces matières dangereuses.
Pour le Canada, la dénucléarisation passe au-devant en raison de la Corée du Nord
Cela fait des semaines, depuis son élection, que le nouveau gouvernement canadien de Justin Trudeau songeait articuler une offensive diplomatique et politique autour du thème de la non-prolifération des armes nucléaires.
Le récent test allégué d’une bombe hydrogène par la Corée du Nord a toutefois révélé l’urgence de la situation selon Rosemary McCarney : « Je pense que ça a donné des frissons à la communauté internationale et ravive ces discussions ».
Mme McCarney tiendra donc cette semaine la première d’une série de rencontres à la Conférence mondiale du désarmement, l’organisme onusien du contrôle des armes, dans le but de reprendre cette année les négociations pour la création d’un traité sur les matières fissiles.
Le Canada surveille-t-il lui-même suffisamment l’utilisation de son uranium par d’autres?
Certains se questionnent sur le rôle du Canada dans la prolifération des matières nucléaires. Notre pays met régulièrement à la disposition de certains pays de l’uranium tiré de l’une de ses mines géantes de l’Ouest canadien.
Ces réserves d’uranium doivent officiellement servir à des besoins civils comme en médecine ou au secteur énergétique de ces pays. Mais il se pourrait bien qu’une partie de cet uranium soit détourné et utilisé à des fins militaires.
Le cas de l’Inde qui se procure de l’Uranium canadien grâce à la signature il y a neuf mois d’un important contrat de livraison d’uranium de la province de la Saskatchewan serait particulièrement problématique.
« Vous êtes clairement entourés d’amis, ici », avait déclaré en avril dernier le premier ministre canadien, Stephen Harper, à son homologue indien, Narendra Modi, dont la visite officielle au Canada avait été marquée d’entrée de jeu par la conclusion d’un contrat de 350 millions de dollars de concentré d’uranium sur une période de cinq ans.
ÉcoutezUn peu d’histoire
Les relations étaient tendues avec l’Inde il n’y a pas si longtemps.
– Le Canada et l’Inde entretenaient au début des années 1960 des relations beaucoup plus serrées frappées du sceau de la confiance réelle.
– Mais la situation s’est détériorée entre les deux pays lorsque l’Inde a été accusée de tester une arme nucléaire en 1974, puis à nouveau en 1998, en utilisant la technologie nucléaire fournie par le Canada.
– Aujourd’hui, les relations commerciales reprennent lentement : le commerce bilatéral a augmenté à 6 milliards de dollars, en hausse de 47 pour cent depuis 2010, lorsque ce commerce était d’environ 4,09 milliards de dollars.
RCI avec La Presse canadienne et la contribution de Marie Villeneuve, Estelle Côté-Sroka et Dominique Brunet-Vaudrin de Radio-Canada
Sur le même thème
Le Canada veut relancer la marche vers la dénucléarisation – Le Devoir
L’uranium canadien : entre bonnes mains ? – Radio-Canada
Le Canada surveille-t-il assez l’utilisation de son uranium? – Radio-Canada
Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.