Neuvième étage, un film documentaire réalisé par Mina Shum
Photo Credit: Office National du Film du Canada

Le soulèvement étudiant le plus explosif dans l’histoire du Canada

Qui n’a pas déjà entendu parler de mai 1968, et de cette fameuse révolte étudiante qui a d’abord secoué Paris pour devenir un mouvement de contestation politique et sociale partout en France?

Maintenant, si je vous parle des émeutes de Sir George Williams, survenu à Montréal en février 1969, est-ce que cela vous dit quelque chose?

Il s’agit pourtant d’un événement marquant dans l’histoire des relations raciales au Canada.

Une histoire de racisme « involontaire » comme il y en a trop souvent.

Tout débute en février 1968, à l’Université Sir George Williams, devenue en 1974 l’Université Concordia lors de sa fusion avec le collège Loyola.

Êtes-vous prêts à vous tenir debout?

En 1968 donc, un groupe d’étudiants originaires des Caraïbes soupçonne un de leurs professeurs de racisme.

Malgré une plainte officielle et des protestations de toutes sortes, la direction n’agit pas. Une année passera avant que les étudiants ne se révoltent. Ils se barricaderont avec des sympathisants dans les locaux informatiques d’un bâtiment de l’université, au neuvième étage. D’où le titre du long métrage documentaire Ninth Floor de la réalisatrice Mina Shum.

Le film est sorti cet automne lors du Festival du Nouveau Cinéma à Montréal.

© ONF

« Renvoyez les nègres chez eux! », « Laissez les nègres brûler! »

Le 11 février 1969, la police antiémeute vient mettre fin à la révolte étudiante. Un feu se déclare dans le local où sont enfermés les protestataires.

Dans la rue, il y a les sympathisants au groupe étudiant et… les autres qui crient : « Send the niggers back home», «Let the niggers burn!»

Les étudiants seront arrêtés, emprisonnés et, certains, renvoyés dans leur pays d’origine.

© ONF

47 ans après la fin de cet épisode dramatique, Nantali Indongo, la fille de l’un des étudiants impliqués nous rappellent les événements et les répercussions sur la société québécoise d’hier et d’aujourd’hui :

Écoutez

« Ma plus grande crainte, c’est de ne rien pouvoir changer, de ne pas avoir l’impression que j’ai contribué à quelque chose. » Nantali Indongo

Nantali Indongo © Véro Boncompagni

Nantali est la fille de Kennedy Frederick, l’un des étudiants noirs impliqués dans le soulèvement de l’Université Sir George Williams.

Si les événements de 1969 ont obligé son père à quitter le pays, Nantali vit et travaille à Montréal.

Musicienne hip-hop au sein du groupe Nomadic Massive, militante de l’histoire des Noirs, Nantali Indongo est à même de constater les leçons tirées de cet épisode discriminatoire et les répercussions sur la société québécoise d’aujourd’hui :

Écoutez

Neuvième étage (Ninth Floor) 

Le film est présenté un peu partout au Canada:

5 février 2016 Victoria (Colombie-Britannique) Festival de Film de Victoria

7 février 2016 Calgary (Alberta)

10 février 2016 Ottawa (Ontario)

12 février 2016 Whitehorse (Yukon)

15 et 16 février 2016 Vancouver (Colombie-Britannique)

Pour en apprendre plus sur ce pan de l’histoire des Noirs au Canada :

Nègres noirs, nègres blancs : race, sexe et politique dans les années 1960 à Montréal  de David Austin

You Don’t Play with Revolution, The Montréal Lectures of C.L.R. James de C.L.R. James et David Austin

Let the Niggers Burn: The Sir George Williams University Affair and Its Aftermath, de David Austin, publié en 1971 et republié cette année en Ebook

Catégories : Société
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