Plusieurs comportements sexuels considérés au Québec comme déviants il y a 50 ans ou 60 ans et dont on ne parlait qu’à mots couverts sont aujourd’hui sortis des placards.
Pourtant, un système d’éducation au Québec moins flexible qu’ailleurs et des institutions religieuses plus rigides qu’ailleurs ont laissé des traces.
Encore aujourd’hui, dans un monde éclaté où l’internet ouvre la fenêtre sur tous les comportements sexuels, petits et grands ou aberrants, il n’est pas toujours facile de savoir si nos propres fantasmes sexuels sont « normaux ».
Pour comprendre les préférences sexuelles des Québécois, que l’on décrit depuis longtemps comme étant plus variées ou spontanées que celles de nos voisins anglo-saxons du reste du continent, il faut frapper à la porte des spécialistes québécois dans le domaine. Au plan théorique, bien entendu.
ÉcoutezDe la théorie à la pratique : comment des chercheurs peuvent-ils guider votre libido?
Cliniquement, il semblerait être assez facile de définir ce qu’est un fantasme sexuel « anormal » ou pathologique, puisque ce type de comportement implique habituellement au bout de la ligne des partenaires non consentants, ce qui peut provoquer de la souffrance chez ce partenaire.
Mais quand il y a absence de partenaire, quand on rentre en relation avec des aides mécaniques, allant du vibrateur à la poupée gonflable en n’oubliant pas non plus les futurs robots, définir ce qu’est un fantasme « anormal » ou simplement atypique peut se transformer en un exercice où le regard moralisateur des autres risque de faire de nous des victimes.
La nature des fantasmes sexuels de la population générale est maintenant mieux cernée grâce à une étude réalisée à l’Institut Philippe-Pinel de Montréal, affilié à l’Université de Montréal.
Cette étude tentait de répondre à la question : qu’est-ce qu’un fantasme sexuel normal ou anormal?
L’Institut Philippe-Pinel mène l’enquête sur vos fantasmes sexuels
L’enquête a été réalisée en 2014 auprès de 1517 adultes québécois (799 hommes et 718 femmes; âge moyen de 30 ans). On a demandé aux participants de décrire dans un questionnaire leurs propres fantasmes sexuels favoris.
On a découvert que la nature des fantasmes sexuels est variée parmi la population québécoise en générale. En fait, très peu de fantasmes peuvent être considérés comme statistiquement rares, inhabituels ou typiques. Les hommes cependant ont plus de fantasmes et ils sont d’une plus grande intensité que les femmes. L’un des résultats particuliers de l’enquête concerne le nombre non négligeable de fantasmes masculins particuliers, par exemple les shemales, le sexe anal chez les hétérosexuels et l’idée de regarder sa partenaire avoir une relation sexuelle avec un autre homme.
Une proportion importante de femmes (30 % à 60 %) évoque des thèmes associés à la soumission (ex. être attachée, être tapée sur les fesses, être forcée à avoir une relation sexuelle, etc.). Contrairement aux hommes, les femmes, en général, distinguent bien les fantasmes des souhaits. Ainsi, plusieurs d’entre elles qui expriment des fantasmes de soumission plus extrêmes (ex. : se faire prendre par un inconnu dominant) spécifient ne jamais vouloir qu’ils se réalisent. Tandis que les hommes, en majorité, voudraient bien réaliser leurs fantasmes.
Et le sexe avec des robots, c’est cool ou pas?
Pour voir si votre attirance envers le dur métal et les courbes arrondies de votre robot préféré est normale, nous vous invitons à écouter notre reportage affiché plus haut sur cette page…
Avec la contribution de Catherine Lachaussée, Arnaud Decroix, Franco Nuovo et Marjorie April de Radio-Canada
Sur le même thème
Fantasmes sexuels : êtes-vous normal? – Université de Montréal
Fantasmes sexuels : êtes-vous normal? – Radio-Canada
Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.