Une femme cherche du travail dans les pages du quotidien anglais The Gazette de Montréal. Photo crédit CBC

Une femme cherche du travail dans les pages du quotidien anglais The Gazette de Montréal. Photo crédit CBC

Assurance-emploi du Canada : la plus pauvre parmi les pays riches

D’abord, seulement un peu plus d’un travailleur canadien sur trois peut encore aujourd’hui se qualifier pour recevoir une aide financière si le malheur frappe. Il y a 20 ans, c’était plus de deux travailleurs canadiens sur trois.

Ensuite, contrairement à tous les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), notre ministère canadien du Travail se fit dans ces décisions sur un découpage du territoire canadien en 62 régions qui ont toutes leurs conditions particulières d’assurances emplois. Cela amène des situations discriminatoires, d’une région à l’autre et d’une catégorie de travailleurs à d’autres.

Dans le régime actuel, où l’admissibilité aux prestations et leur durée sont déterminées par les taux de chômage régionaux et le nombre d’heures travaillées pendant une période de temps, un travailleur du Cap-Breton sur la côte est du Canada peut ainsi toucher jusqu’à 1,18 $ en prestations pour chaque dollar de rémunération (plus donc que lorsqu’il travaillait), contre 0,35 $ pour un travailleur de Saskatoon au coeur des Prairies du centre du pays.

Puis il y a la question du nombre de semaines qu’un chômeur pourra recevoir une aide financière. Cela aussi peut varier grandement d’une région à une autre, allant de 30 semaines ici à près de 50 semaines là-bas.

Mnifestation spontanée aux Îles-de-la-Madeleine pour vérifier s’il y avait effectivement des inspecteurs de l’assurance-emploi de passage dans l’archipel.
Manifestation spontanée aux Îles-de-la-Madeleine au Québec de chômeurs en 2013 contre la réforme du gouvernement conservateur canadien de Stephen Harper. Crédit photo : Luc Fontaine © Luc Fontaine @DocuFilm

Pas de réforme avant 2017?

Lors de la dernière campagne électorale, le nouveau premier ministre canadien avait promis d’annuler plusieurs travers de la réforme de l’assurance-emploi refaçonnée au fil des 10 dernières années par l’ancien gouvernement conservateur de Stephen Harper.

Entre autres, il suggérait d’éliminer les particularités régionales du programme par souci d’uniformité. Ils demandent aussi à revenir à l’ancien système de calcul pour considérer le nombre de semaines travaillées dans l’année et non le nombre d’heures. Cela aussi est une particularité unique au Canada qui appauvrit notre régime d’aide.

Si initialement, le gouvernement Trudeau semblait se préparer à une refonte rapide dès 2016 du régime, plusieurs craignent maintenant que seules des retouches soient proposées cette année notamment par exemple lors du dépôt du prochain budget fédéral dans quelques jours dans la capitale canadienne.

Plusieurs réclament pourtant une action rapide dans le contexte de la crise économique qui frappe maintenant le monde pétrolier et les travailleurs du pétrole de l’ouest du Canada.

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La ministre fédérale de l'Emploi, MaryAnn Mihychuk, avait confirmé il y a trois mois que son gouvernement avait l'intention d'adopter la plupart des changements promis à l'assurance-emploi en 2017. La ministre du Revenue elle aussi semble miser sur 2017 et non 2016.
La ministre fédérale de l’Emploi, MaryAnn Mihychuk, avait confirmé il y a trois mois que son gouvernement avait l’intention d’adopter la plupart des changements promis à l’assurance-emploi en 2017 seulement. La ministre du Revenue elle aussi semble miser sur 2017 et non 2016. © IStock

Trop complexe et trop discriminatoire selon des chercheurs québécois.

L’Institut de recherche en politique publique (IRPP) a publié l’été dernier les résultats d’une étude de l’actuaire Michel Bédard et du réputé économiste québécois Pierre Fortin.

Ces résultats d’analyse concluent que le programme canadien comprend de nombreuses lacunes quant à l’uniformité et à la générosité des prestations.

Les experts déplorent notamment que les employés canadiens soient traités différemment selon la région où ils habitent ou selon leur type d’emploi, à temps partiel ou à temps plein.

Selon ces avis experts, le nombre de travailleurs à temps partiel augmente sans cesse au Canada et il est donc nécessaire que le programme d’assurances-emploi tienne beaucoup plus compte de cette réalité.

Selon l'économiste Pierre Fortin, co auteur du rapport de l'Institut de recherche en politique publique, au lieu d'améliorer le programme à travers le temps, les gouvernements ont seulement contribué à le complexifier toujours davantage.
Selon l’économiste Pierre Fortin, co auteur du rapport de l’Institut de recherche en politique publique, au lieu d’améliorer le programme à travers le temps, les gouvernements ont seulement contribué à le complexifier toujours davantage.

Avec des informations de Radio-Canada et la contribution de Sandra Gagnon et Brigitte Dubé de Radio-Canada

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Catégories : Économie, International, Politique
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