Un policier équippé d’une caméra corporelle

Photo Credit: CBC

L’opération caméras corporelles de nos policiers tourne au ralenti

Pour le moment, Toronto est la seule grande ville canadienne prête dès à présent pour le virage des caméras corporelles. Celui-ci commencera formellement dans tout juste un mois. Mais à Montréal, l’affaire est loin d’une sinécure.

Rappelons qu’un peu partout au Canada depuis environs deux à trois ans, les policiers ont commencé à se plaindre ouvertement d’être trop facilement les victimes de vidéos affichées sur les réseaux sociaux par des Canadiens. Ces vidéoa filmées grâce à des caméras souvent cachées captent des arrestations policières jugées excessives ou trop musclées.

Le danger affirme nos policiers, c’est que ces images sont généralement mal comprises et présentées hors de leur contexte.  Cela alimente encore un peu plus selon-eux les préjugés et la méfiance de la population à leur égard. S’ils pouvaient fournir leur propre film des événements, ils affirment qu’ils pourrait présenter une image plus juste de la réalité.

Les spécialistes semblent eux aussi unanimes : ces caméras permettraient non seulement de mieux comprendre les gestes des policiers, mais elles réduiraient les comportements criminels des citoyens filmés.

Mais pour le moment, les différents projets pilotes un peu partout au pays se heurtent à des embûches techniques ou déontologiques sauf à Toronto qui vient de donner le feu vert à la plus grande opération du genre au pays après un projet pilote amorcé l’an dernier.

Le saviez-vous?
Selon des données issues de différents projets pilotes réalisés à travers le monde, l’installation de ces caméras sur les policiers a permis de faire baisser le taux de criminalité, une diminution de 14 % à 88 %, selon les régions.

Les policiers de Toronto munis d’une caméra corporelle sont en mesure d’enregistrer des renseignements qu’ils n’auraient parfois pas pu collecter dans le feu de l’action.
LLes policiers de Toronto munis d’une caméra corporelle sont en mesure d’enregistrer des renseignements qu’ils n’auraient parfois pas pu collecter dans le feu de l’action. © Radio-Canada/Christian Noël

Toronto est l’exemple à suivre dont Montréal et d’autres villes pourrait s’inspirer

La plus grande ville canadienne a commencé son expérience en juin dernier en équipant 100 de ses policiers de caméras corporelles.

Ceux-ci étaient affectés aux quartiers de la ville où l’on trouve le plus haut taux de criminalité près du centre-ville. L’agent qui porte une caméra doit l’actionner avant toute interaction avec un citoyen ou avant de répondre à un appel.

La porte-parole de la police de Toronto, Meaghan Gray, confirme aussi que « les caméras tendent à calmer le jeu, tant pour la personne civile concernée par l’intervention que pour le policier lui-même. »

Résultats : aucune plainte des policiers et beaucoup de compliments des citoyens.

L’annonce au début avril du port de caméras corporelles cette fois par tous les policiers de la ville dès le premier juin prochain semble jouir en fait d’un très solide appui des Torontois. Selon un sondage de la CBC mené en février, 75 % d’entre eux se disaient favorables à l’idée.

Montréal à la traîne…

Du côté de Montréal au Québec, initialement une cinquantaine de policiers devaient tester des caméras corporelles dès janvier 2016.

Il s’agissait de faire notamment échos aux souhaits en ce sens exprimés en mai 2015 par le maire de Montréal, Denis Coderre, à la suite de la publication dans les médias sociaux de vidéos amateurs montrant des séquences d’arrestations policières musclées.

Mais on apprenait tout récemment dans les pages du quotidien montréalais Métro que le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) ne peut plus avancer maintenant de date fixe pour le début du projet pilote montréalais : « On n’a pas de calendrier précis à cette étape-ci. On en est encore à l’étape de la recherche d’un fournisseur », indiquait le responsable des médias au SPVM, Laurent Gingras. On lancera le projet au cours des prochains mois, mais je n’ai pas d’échéancier précis. »

Le SPVM n’est pas capable non plus de dire combien de caméras corporelles seraient déployées. On parlait initialement d’un minimum de 50 caméras en janvier dernier.

M. Gingras affirmait au quotidien Métro que le SPVM observe de près l’expérience torontoise. « On est allés voir ce qui se faisait. On s’est renseignés auprès d’eux pour voir ce qui fonctionne bien et ce qui fonctionne moins bien », a-t-il expliqué.

Un policier de New York équipé d’une mini-caméra
Un policier de New York équipé d’une mini-caméra © Shannon Stapleton / Reuters

Une autre expérience, québécoise celle-là, qui pourrait guider Montréal

La Sureté du Québec, qui est le corps policier provincial québécois, mène depuis octobre dernier un projet-pilote à Val-d’Or une petite ville minière du Nord-du-Québec.

Des caméras de surveillance ont été installées en très peu de temps dans des voitures de patrouille en réaction à une série d’allégations explosives d’agressions sexuelles et d’abus de confiance à l’endroit d’autochtones et dont les auteurs seraient des policiers dans cette région.

Le projet est miné par des soucis techniques, car les caméras fixées aux véhicules ne peuvent pas capter l’ensemble des interventions policières. Des micros ont également connu des ratés.

Aujourd’hui pourtant, un peu plus de six mois plus tard, l’Association des policières et policiers provinciaux du Québec réclame que l’expérience soit étendue et améliorée. Elle propose que l’ensemble des agents affectés aux milieux autochtones de tout le Québec- environ 200 policiers – soient munis de caméras corporelles.

« Cela va permettre de démontrer le professionnalisme des interventions », affirme le président de l’APPQ, Pierre Veilleux.

Dans l’Ouest canadien aussi les caméras corporelles ont connues des ratées

Les deux grandes villes d’Edmonton et de Calgary dans la province de Alberta ont été les toutes premières au pays à débattre de l’idée d’équiper les policiers de leurs propres caméras-vérité. C’était en 2012.

Le projet-pilote à Calgary a heurté un mur cependant l’an dernier temporairement lorsque des citoyens se sont plaints des risques pour leur vie privée d’être filmé à leur insu sur les lieux d’un crime.

La sonnette d’alarme avait été activée à la suite de l’annonce par le corps policier de la grande ville d’un million d’habitants, qu’elle avait l’intention d’utiliser un logiciel de reconnaissance faciale de conception américaine afin de pouvoir comparer les photos de casiers judiciaires à des photos ou des vidéos qui seraient prises sur des lieux de crime par les caméras.

Mais on s’attend maintenant à ce que la présence de caméras sur les policiers soit une réalité d’ici la fin de 2016 ou le début de 2017.

La police de Calgary cite un sondage selon lequel 91 % de ses citoyens appuient l’utilisation de caméras corporelles par les policiers, alors que 88 % sont d’avis que cela va améliorer la transparence et 95 % la responsabilité des policiers.

Un policier de Calgary tient une radio à laquelle est intégrée une caméra.
Un policier de Calgary tient une radio à laquelle est intégrée une caméra. © ICI RADIO-CANADA

À Edmonton, les policiers reviennent sur ses pas

Dans la ville d »Edmonton, une autre cité d’un million d’habitants un peu plus au nord de Calgary, l’initiative des caméras corporelles, qui était très avancée, a été déroutée et mise sur les tablettes au début de janvier dernier officiellement par une question d’argent.

Le Service de police d’Edmonton affirmait qu’il n’irait pas de l’avant avec son plan d’installer 60 caméras personnelles sur les uniformes de ses policiers, faute de financement.

Le rapport souligne que visionner les vidéos serait très coûteux.
Un rapport souligne que visionner les vidéos serait très coûteux. © Police d’Edmonton

Enfin, la force de police nationale du Canada, la célèbre Gendarmerie Royale du Canada (GRC), a décidé il y a quelques mois de retourner à la planche à dessin dans sa tentative d’identifier une caméra vidéo portable véritablement fiable qui pourrait être portée par ces agents d’un océan à l’autre au Canada.

La GRC a émis une demande aux entreprises privées qui se spécialisent dans la technologie des caméras pour l’aider dans sa mission. Différents équipements testés à ce jour ont échoué à ce chapitre.

Des arrestations imagées, mais qui ne disent pas toujours toutes la vérité

RCI avec des informations de La Presse, Métro Montréal et Radio-Canada

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