Selon une enquête conjointe menée par CBC et le Toronto Star, le milliardaire canadien d’origine jordanienne, Victor Dahdaleh, est bel et bien cet intermédiaire qui a versé des dizaines de millions de dollars en pots-de-vin à des responsables d’une compagnie d’aluminium de Bahreïn au début des années 2000 pour que le géant Alcoa obtienne d’elle des contrats de fourniture d’alumine.
Les informations contenues dans les Panama Papers ne laissent planer aucun doute : Victor Dahdaleh était bel et bien ce fameux « Consultant A ».
Dans ces millions de documents qui ont fait l’objet d’une fuite en avril, on retrouve un courriel que Victor Dahdaleh a envoyé en 2007 à la firme d’avocats panaméenne Mossack Fonseca où il déclare : « ce courriel confirme […] ma qualité de propriétaire et de directeur d’Alumet », une des entreprises extraterritoriales utilisées pour revendre l’alumine.
Victor Dahdaleh, 72 ans, est bien connu de la classe dirigeante que ce soit ici au Canada ou à l’étranger et glisse sans effort dans les plus hauts échelons du pouvoir aussi au sein des entreprises.

Rien d’illégal
Victor Dahdaleh a toujours nié avoir agi illégalement et a même été blanchi en 2013 des accusations qui pesaient contre lui au Royaume-Uni dans cette affaire.
Par contre, la filiale de l’américaine Alcoa a plaidé coupable en 2014 aux États-Unis à une accusation de corruption à la suite de ce scandale et a dû verser, avec sa maison mère, une amende de 384 millions de dollars, l’une des plus lourdes dans ce type d’affaire aux États-Unis.
Victor Dahdaleh n’a jamais nié qu’il a payé des incitations, mais, en vertu d’une doctrine criminelle britannique connue sous le nom du « principal’s consent, » il soutient que les paiements ne sont pas corrompus ou illicites parce qu’ils sont connus et approuvées par les autorités bahreïnies et que ces incitations faisaient donc partie de la pratique commerciale normale à cette époque dans de pays.
Selon Julian Knowles, un avocat britannique spécialisé dans les crimes commerciaux, les arguments de M. Dahdaleh ne tiendraient plus la route en vertu d’une nouvelle loi votée en 2010 au Royaume-Uni.
« Selon cette nouvelle loi, il est clair que même si un responsable public obtient un OK de ses supérieurs [pour accepter un pot-de-vin], ça reste un crime, affirme-t-il dans une entrevue au Toronto Star. Nous avons précisément changé la loi pour ce genre de cas, parce qu’il y avait trop d’échappatoires ».
Bon à savoir…
– Victor Dahdaleh est né en Jordanie et possède la double nationalité canadienne et britannique.
– Président de Dadco, un groupe d’investissement, de fabrication et de services financiers possédant des filiales à travers le monde, il est l’un des gouverneurs de la London School of Economics.
– Il siège au conseil d’administration de plusieurs organisations sans but lucratif, dont la fondation de Bill Clinton, où il est également inscrit comme contributeur.
RCI avec Radio-Canada et CBC
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