La menace plane sur ces 10 sites patrimoniaux canadiens
D’un bout à l’autre du pays, des lieux historiques sont laissés à l’abandon ou simplement démolis sans considération pour leur importance.
La Fiducie nationale, un organisme de bienfaisance, se charge de sensibiliser les citoyens et de les inviter « à reconnaître, conserver, utiliser, mettre en valeur et apprécier leurs bâtiments, paysages, aires naturelles et collectivités du patrimoine, dans l’intérêt des générations présentes et futures. »
Chaque année, la fiducie dresse donc un palmarès des 10 sites les plus menacés à la suite de négligence, de manque de fonds, d’aménagement inadéquat ou de faiblesses de la législation.
Outre le suivi fait par l’organisme pour certains sites, les autres lui sont soumis par des citoyens et des organismes.
Trois critères servent à sélectionner les sites en danger : l’importance du site, l’imminence de la menace et l’intérêt de la collectivité.
Même si la Fiducie sait, au moment d’ajouter un site sur la liste, qu’il n’y a pas d’espoir, le fait d’en prendre conscience « peut transmettre un message important à notre société », explique la directrice générale de la Fiducie, Natalie Bull.
D’autres bâtiments auront la chance d’être sauvés de la destruction.
« Préserver, pas remblayer! »
Voici les sites sélectionnés cette année :
Le Palais de justice de Harbour Grace à Terre-Neuve-et-Labrador
Il s’agit du plus ancien édifice public de cette province de l’est du Canada, construit en 1830.
Désigné lieu historique national en 1966, l’immeuble, parfait excellent exemple d’un palais de justice colonial britannique, abrite un tribunal, une prison et la résidence du geôlier.
L’édifice a été mal entretenu et laissé à l’abandon.
Le bureau de poste de St. Stephen au Nouveau-Brunswick
De style néo-roman, cet édifice fédéral a été conçu en 1887 par Thomas Fuller, l’architecte qui a également conçu le parlement canadien à Ottawa.
De 1965 à 2009, le bâtiment a servi d’hôtel de ville et a été désigné lieu historique national du Canada en 1983, ce qui ne lui a conféré aucune protection.
Le pénitencier de Saint-Vincent-de-Paul au Québec
Construite en 1873, à Laval en banlieue de Montréal, la prison a été désignée lieu historique national du Canada en 1990.
Seul établissement correctionnel francophone au pays, il a fonctionné de 1873 à 1983. Il s’agit du deuxième plus ancien pénitencier fédéral au Canada.
En 1962, la prison a attiré l’attention du monde alors que l’armée y est entrée pour mater une émeute.
Après sa fermeture, le public a pu visiter les lieux utilisés pour des tournages de films.
Le site a été fermé en 2007 après la découverte de moisissure dans les murs. Il est depuis laissé à l’abandon.
L’Hôpital d’isolement Gibson en Ontario
En 1896, ce bâtiment, implanté à Belleville dans le sud de cette province, a commencé à accueillir les élèves sourds-muets de la province.
Il s’agissait d’un deuxième édifice ouvert par l’Ontario Institution for the Education of the Deaf and Dumb, une des premières écoles pour les sourds en Amérique du Nord.
Jusqu’en 1973, des centaines d’élèves l’ont fréquenté. Il a ensuite servi d’entrepôt avant d’être menacé de démolition en 2010.
C’est encore le sort qui l’attend, il pourrait faire place à des espaces de stationnement.
Le phare de l’île Nottawasaga en Ontario
Construit en 1858, le phare est l’une des six tours impériales installées par les Britanniques pour guider les navigateurs de la baie Georgienne et du lac Huron.
Cette tour de pierre calcaire, blanchie à la chaux, mesure 28 mètres de haut. Il domine la berge, près du port de Collingwood, en Ontario.
Mis hors service en 2003, il s’est depuis détérioré. Sa façade a été abîmée par la foudre et des infiltrations d’eau.
Après quelques réparations en 2005, il a été abandonné et risque maintenant de s’écrouler.
Les élévateurs à grains en bois du Canada
Ils font partie du paysage rural d’un bout à l’autre du pays. Il y en a déjà eu près de 6000, il en reste quelques centaines dont 23 sont des sites protégés par la loi.
Ces structures de bois, des propriétés privées construites entre 1895 et 1980, qui servaient à stocker le grain sont devenues désuètes en raison des changements technologiques.
Si certaines ont été transformées et ont maintenant une autre vocation, beaucoup finissent par être démolies.
Dans les provinces des Prairies, les élévateurs à grains font encore « partie intégrante de l’identité locale, symboles de la vie agricole. »
Les Prairies de la Saskatchewan
Au début des années 1930, la grande dépression mondiale survenue en 1929 et une importante sécheresse qui s’est étalée sur plusieurs années dans les Prairies de l’ouest du Canada, ont eu raison des agriculteurs.
Plusieurs ont quitté leurs terres balayées par le vent, la poussière et les sauterelles.
L’intervention du gouvernement fédéral, en 1935, a permis la création d’un Programme de pâturages communautaires pour restaurer les pâturages naturels.
Aujourd’hui, ces pâturages s’étendent sur 1,8 million d’acres. Il s’agit d’un écosystème diversifié qui abrite de nombreuses espèces en péril, des sites archéologiques autochtones et le patrimoine des homesteaders, ces immigrants venus défricher les Prairies canadiennes.
Mais le gouvernement canadien a mis fin au Programme des pâturages communautaires en 2012, transférant les terres aux provinces.
Si le Manitoba et l’Alberta ont décidé de garder les pâturages, la Saskatchewan a choisi de les vendre à des propriétaires privés.
Plusieurs s’inquiètent maintenant du sort réservé à ces prairies naturelles l’un des écosystèmes les plus en danger au pays.
L’Église catholique ukrainienne Spaca Moskalyk en Alberta
Cette église en bois d’architecture byzantine a été construite vers 1925, dans l’ouest de l’Alberta, par les immigrants ukrainiens qui se sont établis dans l’ensemble de la province.
Comme bien d’autres, l’église s’est vidée de ses fidèles. Fermée dans les années 1990, elle s’est détériorée depuis.
Plusieurs milliers de $ auraient été nécessaires pour en refaire les fondations, selon une étude technique réalisée en 2011, mais il a plutôt été décidé de la brûler.
Mais une pétition présentée en 2013 par des paroissiens a sauvé le bâtiment des flammes. Sa préservation n’est pourtant pas encore assurée et l’édifice risque toujours de disparaître.
« C’est vraiment la trace d’une culture ukrainienne qui a façonné le paysage culturel des Prairies. » Natalie Bull, directrice générale de la Fiducie nationale du Canada.
L’ancien Musée royal de l’Alberta
Construit en 1967 à l’occasion du centenaire de la Confédération canadienne dans le quartier historique de Glenora, à Edmonton, le Musée royal de l’Alberta a fermé ses portes en décembre 2015 alors qu’un nouveau musée ouvrira en 2018.
L’ancien musée pourrait être rasé et remplacé par un parc. Pourtant l’édifice, « un bijou moderne du milieu du siècle dernier » avec ses décors en marbre et en laiton et sa façade sud ornée de gravures rupestres des Premières Nations serait encore en excellent état.
Le musée pourrait être rasé et remplacé par un parc, pourtant l’édifice serait encore en excellent état.
Le quartier chinois de Vancouver en Colombie-Britannique
Avant même la fondation de la ville de Vancouver en 1886, les immigrants chinois se sont établis dans ce qui allait devenir le plus grand quartier chinois au Canada.
Ils l’ont bâti en s’inspirant des styles architecturaux de leur pays d’origine, les mariant à des styles occidentaux, ce qui confère au quartier son cachet distinct.
Si le quartier chinois continue d’être un pôle d’activités pour la communauté chinoise prospère de Vancouver, il a été pris d’assaut par les promoteurs immobiliers.
Malgré des lignes directrices visant à en conserver son caractère, de nouveaux projets transforment le paysage urbain.
La spéculation galopante a eu raison de bien des résidents, dont plusieurs âgés, qui n’ont plus les moyens de pays des loyers devenus exorbitants et qui ont quitté le secteur.
RCI avec Radio-Canada
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