Dans un article publié la semaine dernière par l’influent site web Motherboard, la porte-parole du Service de police d’Edmonton, Anna Batchelor, déclarait que le dispositif controversé StingRay avait été utilisé par les policiers de la ville dans le cadre d’enquêtes.
Cette affirmation a fait sursauter plusieurs citoyens d’Edmonton, la capitale de la province de l’Alberta dans l’Ouest canadien, puisque StingRay dupe les téléphones cellulaires à proximité en envoyant des signaux semblables à ceux des tours cellulaires.
Un dispositif mobile qui peut intercepter l’information des téléphones mobiles
Un policier qui utiliserait un StingRay pourrait facilement le cacher dans son véhicule ou même le porter sur lui; et il pourrait en principe intercepter toute une série de données autour de lui et celles qui passent par le conduit des téléphones cellulaires.
Une fois connecté, un utilisateur de StingRay peut amasser de l’information transmise par le téléphone comme son emplacement, ses données de transmission, ses messages textes, ses courriels et ses messages vocaux.
Quand un cellulaire est intercepté par un dispositif StingRay, la police accède aux identifiants de la carte SIM du téléphone, son emplacement et, parfois, les appels et les messages texte.
Ce n’est pas vrai…
Voici que la police d’Edmonton fait marche arrière cette semaine et tente de démentir l’utilisation du dispositif StingRay dans un communiqué envoyé à CBC News dans lequel elle revient sur les propos de sa porte-parole .: « Il y a eu un malentendu à l’interne, le Service de police d’Edmonton ne possède pas de système StingRay », écrit-on.
Le communiqué précise toutefois que le service de police d’Edmonton ne peut donner plus de détail quant à l’équipement utilisé dans la surveillance électronique ainsi que sur les techniques d’enquête employées par ses enquêteurs. « Le Service de police d’Edmonton ne peut donc pas fournir de plus amples informations sur ce sujet », est-il noté.
En juin dernier, le magazine en ligne Motherboard avait révélé que StingRay avait été utilisé par la Gendarmerie royale du Canada et que les informations recueillies n’avaient pas été effacées.
Une utilisation qu’il est difficile d’avouer officiellement
Précisons que l’utilisation de ce dispositif est désormais répandue et connue aux États-Unis, mais les détails de son utilisation au Canada demeurent assez mystérieux, selon Tom Keenan, professeur à l’Université de Calgary et chercheur à l’Institut canadien des affaires mondiales.
La plupart des services de police au Canada refusent de confirmer s’ils le possèdent ou non, car cette technologie pose des problèmes de confidentialité et d’atteinte à la vie privée, explique Tom Keenan, car la police a accès à toutes les données personnelles d’un cellulaire intercepté.
« Aux États-Unis, il existe des règles disant qu’il faut détruire les informations après l’enquête, mais pas au Canada. Le gouvernement peut donc garder des informations personnelles pendant des années », regrette-t-il.
D’après Tom Keenan, ces règles fédérales sur la surveillance téléphonique ont besoin d’être revues afin que cette surveillance abusive ne soit utilisée qu’en dernier recours.
Le nouveau sens de l’expression « être à l’écoute de ses citoyens »
Rappelons qu’Edward Snowden avait révélé il y a trois ans que l’agence d’espionnage électronique du Canada, le CSTC, s’est servie de l’accès gratuit à Internet dans un important aéroport canadien pour surveiller les périphériques sans fil de milliers de passagers des compagnies aériennes.
Cette surveillance s’est poursuivie pendant des jours même si les intéressés n’étaient plus à l’aéroport et elle a été qualifiée d’illégale par plusieurs experts canadiens en cybersécurité.
Les documents révélés par Edward Snowden suggèrent aussi que le Canada a aidé les États-Unis et le Royaume-Uni à espionner des participants du sommet du G20 à Londres en 2009.
Découvrez :
Surveillance électronique : le Canada aussi espionne ces citoyens
Après les États-Unis, et le Royaume uni, le Canada est la troisième grande nation occidentale à reconnaître l’existence sur son territoire d’une « table d’écoute » de ses citoyens.
Le ministre canadien de la Défense confirme l’existence au Canada d’un programme secret d’écoute informatique qui espionne les activités sur le web de tous les Canadiens afin de détecter leurs actions suspectes.
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RCI avec les informations de Radio-Canada
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