Une automobiliste utilise un téléphone cellulaire au volant.

Une automobiliste utilise un téléphone cellulaire au volant.
Photo Credit: GI / Jeff J Mitchell

Québec examine avec précaution l’idée de criminaliser le cellulaire au volant

Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, s’est montré extrêmement prudent mardi alors qu’il était de passage dans la région montréalaise. Lorsque les journalistes ont interrogé le premier ministre sur la possibilité de criminaliser l’usage du cellulaire au volant, dans le cadre de l’actuelle révision du code provincial de la route, il a semblé prendre ses distances.

L’idée de cette criminalisation a été suggérée par le coroner québécois Michel Ferland dans son rapport d’enquête sur le décès, en mars dernier, d’un camionneur vraisemblablement distrait par son cellulaire et dont le quotidien montréalais La Presse a obtenu copie.

Jimmy Brunet-Rotondo, âgé de 28 ans, effectuait une livraison lorsqu’il a emprunté l’autoroute 13 en direction nord dans la région montréalaise. Il a violemment embouti l’arrière d’un autre poids lourd qui était immobilisé en raison d’un bouchon de circulation.

Bien qu’il n’ait pas été prouvé que le camionneur consultait son téléphone cellulaire, celui-ci a été retrouvé par terre du côté passager et il est clair qu’il a freiné beaucoup trop tard, ce qui laisse croire qu’il ne regardait pas la route durant plusieurs secondes avant l’impact. Il a également été établi qu’il consultait les réseaux sociaux cinq minutes avant l’impact, alors qu’il était sur la route.

Jimmy Brunet-Rotondo FACEBOOK
Jimmy Brunet-Rotondo. Le jeune homme avait déjà reçu une contravention pour usage du cellulaire au volant. © Facebook

Saisir le cellulaire des contrevenants

Le coroner explique dans son rapport que l’utilisation du cellulaire au volant devrait être considéré comme un acte criminel au même titre que l’alcool au volant.

Le coroner propose au minimum de procéder à la saisie du téléphone cellulaire des contrevenants pour 30 jours et d’imposer une forte augmentation des amendes.

Dans le quotidien La Presse, la veuve du camionneur, Marie-Chantale Daigle, qui vient d’accoucher de leur premier enfant, a affirmé qu’elle appuyait les conclusions du coroner : « Je suis entièrement d’accord. Je l’ai déjà dit et je le pense encore : la sensibilisation, ça ne sert à rien. Il faut des lois plus sévères », estime Mme Daigle.

Prudence avant tout, avance le premier ministre québécois

Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard.
Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard. © ICI Radio-Canada

Philippe Couillard n’a pas fermé la porte à cette suggestion d’une criminalisation, mais il a laissé entendre qu’il considère les sanctions actuelles comme étant déjà importantes.

M. Couillard a indiqué que cette possibilité serait étudiée par le ministère des Transports, dont le Code de la route est en révision. Il a cependant précisé qu’il ne fallait pas, selon son expression, « ajouter trop à la lourdeur de ce qui est déjà en place ».

Il reprend aussi à son compte la recommandation faite en 2013 par un autre coroner, soit d’ajouter neuf points d’inaptitude pour l’usage du cellulaire au volant et il propose de plus d’intégrer un système de brouillage des ondes dans les véhicules neufs.

Les campagnes de sensibilisation et les amendes ne semblent pas atteindre de nombreux automobilistes, puisque plus de 60 000 constats d’infraction liés à cette pratique sont délivrés annuellement au Québec.

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L’utilisation du cellulaire au volant est interdite partout au pays, mais le nombre de conducteurs fautifs est en hausse constante. Cette pratique est maintenant la principale cause d’accident grave sur les routes canadiennes, devançant donc la consommation d’alcool.
L’utilisation du cellulaire au volant est interdite partout au pays, mais le nombre de conducteurs fautifs est en hausse constante. Cette pratique est maintenant la principale cause d’accident grave sur les routes canadiennes, devançant donc la consommation d’alcool. © Michel Aspirot

Les Québécois perdent un seul point d’inaptitude de plus sur leur permis

Le gouvernement québécois a alourdi il y a deux ans les sanctions contre les automobilistes surpris avec leur cellulaire en main.

Au niveau des points d’inaptitude, la pénalité est alors passée de trois à quatre points. La nouvelle politique n’est entrée en vigueur qu’à partir du printemps 2015. Le montant des amendes est aussi resté inchangé variant de 80 $ à 110 $.

Au final, le Québec a donc arrêté son choix sur une mesure de resserrement relativement légère plutôt qu’une approche un peu plus massue du type de mesure que venait d’adopter quelques semaines auparavant la province voisine de l’Ontario.

En vertu des règlements de la nouvelle loi ontarienne, les conducteurs surpris à texter reçoivent non plus une amende de 155 $, mais bien une amende pouvant atteindre de 280 $ à 1000 $ ainsi que trois points d’inaptitude sur leur permis de conduire.

La province de la Nouvelle-Écosse impose des amendes allant jusqu’à 520 $ pour l’utilisation du cellulaire au volant, mais n’enlève aucun point d’inaptitude, tandis qu’en Saskatchewan, les conducteurs sont passibles d’une amende de 280 $ et de quatre points d’inaptitude.

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Et si nos téléphones cellulaires menaçaient vraiment notre santé
Des études épidémiologiques sont en cours afin d’approfondir les connaissances, particulièrement sur les risques potentiels pour la santé associés à l’utilisation du téléphone cellulaire à long terme ou ceux de certains sous-groupes de population (par exemple les jeunes).
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Selon l’institut national de santé publique du Québec , les radiofréquences dans lesquelles nous baignons n’auraient aucun effet néfaste connu aux « doses » rencontrées dans la vie courante. Mais il se pourrait qu’en dehors des conditions courantes d’utilisation, dans certaines conditions donc non encore identifiées, il puisse y avoir des effets qui ne peuvent pour le moment être spécifiés.Crédit photo : iStock
Selon l’institut national de santé publique du Québec , les radiofréquences dans lesquelles nous baignons n’auraient aucun effet néfaste connu aux « doses » rencontrées dans la vie courante. Mais il se pourrait qu’en dehors des conditions courantes d’utilisation, dans certaines conditions donc non encore identifiées, il puisse y avoir des effets qui ne peuvent pour le moment être spécifiés. © iStock

Avec les informations de La Presse, La Presse canadienne et la contribution de Martine Bordeleau de Radio-Canada

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Catégories : Politique
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