Kellie Leitch, alors ministre de la Condition féminine, tient une conférence de presse le 27 février 2015 à Ottawa, en marge de la table ronde nationale sur les femmes et jeunes filles autochtones disparues ou assassinées.

Kellie Leitch, candidate à la direction du Parti conservateur prône la ligne dure en matière d'immigration
Photo Credit: PC / PC/Justin Tang

Ottawa devrait-il fermer la porte à ceux qui adhèrent aux « valeurs anticanadiennes »?

Une candidate à la direction du Parti conservateur, Mme Kellie Leitch, demande à ses militants si le gouvernement fédéral devrait écarter les immigrants et réfugiés qui auraient des « valeurs anticanadiennes »

Dans un sondage que l’équipe de Kellie Leitch a envoyé par courriel aux militants conservateurs, divers enjeux  tels que la réforme électorale, l’allégement fiscal des entreprises, la gestion de l’offre ou la marijuana sont abordés.

La question qui retient l’attention est cependant celle qui demande aussi aux militants conservateurs si le gouvernement canadien devrait vérifier l’adhésion aux « valeurs anti-canadiennes » des immigrants potentiels lors du  processus de sélection des réfugiés et des immigrants reçus.

Le sondage ne précise pas les valeurs qui ne seraient pas canadiennes. Mais on se souvient que lors de la campagne électorale de 2015, Mme Leitch avait défendu une promesse conservatrice qui prévoyait d’offrir une ligne téléphonique de délation afin que les Canadiens puissent signaler de présumées  « pratiques culturelles barbares ».

Un agent de la GRC lève la main devant un groupe de 60 immigrants venus prêter serment lors d’une cérémonie spéciale tenue l’an dernier à Vancouver pour le Jour du Canada.
Kellie Leitch se demande si on devrait vérifier l’adhésion aux « valeurs anti-canadiennes » des immigrants potentiels © PC/Darryl Dick

L’idée était d’aider la police à appliquer une loi adoptée par les conservateurs pour lutter contre les mariages forcés, les crimes dits « d’honneur » et la polygamie.

Par la suite, dans une entrevue accordée à la télévision en avril après s’être lancée dans la course à la direction, la députée ontarienne avait dit regretter cette initiative: il ne s’agissait pas d’une « question raciale », avait-elle dit, mais de protection des enfants.

Cela dit, le sondage mis en ligne par l’équipe de Kellie Leitch demande également aux militants leur avis sur les mesures que le gouvernement canadien devrait adopter afin de lutter contre la radicalisation.

« Croyez-vous que les mesures antiterrorisme du Canada devraient comprendre la thérapie et les consultations psychologiques pour les terroristes potentiels, ou devrait-on mettre l’accent sur leur incarcération? »

Mme Leitch s’interroge aussi sur le serment d’allégeance à la reine lors du serment de citoyenneté et sur les questions identitaires. « Certains soutiennent que les politiciens et partis politiques devraient encourager un multiculturalisme qui célèbre nos différences, alors que d’autres croient qu’il faudrait encourager une identité canadienne qui fédère, fondée sur nos valeurs historiques» peut-on lire dans le préambule d’une question.

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L’analyste conservateur Tim Powers ne comprend pas pourquoi Kellie s’est lancée dans cette initiative controversée du sondage en ligne sur des questions de sécurité et d’immigration © cbc

Indignation et déception chez certains conservateurs  

Dès que l’information sur le sondage de Mme Leitch  été publiée, dans le camp conservateur, les dénonciations se sont multipliées.

Le stratège Tchad Rogers a demandé à Leitch de se retirer la course. « Vous ne pouvez pas présenter des excuses deux fois pour la même erreur », a déclaré M. Rogers.

Cette bévue, selon lui, entache potentiellement l’ensemble du parti et l’ensemble du mouvement conservateur et Mme Leitch devrait en payer le prix.

Tim Powers, un autre analyste conservateur, note pour sa part que des campagnes de collecte de données comme celle initiée par Kellie Leitch sont souvent délibérément destinées à générer l’enthousiasme chez des militants précis.

De telles campagnes permettent de positionner les candidats sur des sujets comme la sécurité, et donner des indications sur ceux qui prônent la ligne dure.

M Powers se demande d’ailleurs pourquoi Kellie s’embarque dans cette voie d’autant plus que cela lui a causé des ennuis dans le passé.

Médecin de formation, Kellie Leitch, 46 ans, est entrée au Parlement canadien en 2011. Elle a été nommée secrétaire parlementaire du ministre des Ressources humaines et de Développement social sous le gouvernement de Stephen Harper. En  2013, M. Harper lui offre les portefeuilles du Travail et de la Condition féminine.

(Avec Canadian Press)

Catégories : Immigration et Réfugiés, Politique, Société
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