Remettre un pourboire au serveur dans un restaurant est une pratique aussi ancienne que répandue au Canada et aux États-Unis. Mais de plus en plus de voix s’élèvent pour l’abolition des pourboires et une augmentation des prix des menus.
Une étude de l’Université de Guelph en Ontario avance qu’il faut revoir la pratique parce qu’elle crée un manque d’équité entre les employés. Par exemple, les serveurs gagnent en moyenne 28 $ de l’heure, alors que les cuisiniers, eux, empochent seulement 13 $ à 19 $.
La question de l’abolition des pourboires pourrait bien vite revenir dans l’actualité, car, selon un récent sondage, 40 % des Canadiens disent être en faveur maintenant de cette élimination.
Vos pourboires appelés à faire de plus en plus le tour du restaurant
De plus en plus de cuisiniers au Canada décident de quitter leur métier en raison de nombreuses heures de travail à de beaucoup plus petits salaires que les travailleurs à pourboires qu’ils côtoient.
Or, les cuisiniers ont souvent suivi une formation professionnelle, contrairement à beaucoup de serveurs, mentionne François Pageau, professeur à l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ).
Ce dernier prônait au début de cette année une solution radicale inspirée des modèles européens : l’abolition du pourboire. En lieu et place, les restaurateurs augmenteraient leurs prix et offriraient des salaires plus élevés aux employés des cuisines.
ÉcoutezBon à savoir…
– Au Canada ou au Québec dans un restaurant, laissez 15 % avant les taxes.
– Dans un restaurant de type « Apportez votre vin », ajoutez-y 2 $ par bouteille ouverte.
– Dans un restaurant de type familial, ce sera 10 %, de même qu’au comptoir de restauration rapide.
– Pour une commande à emporter, il n’est pas nécessaire de laisser de pourboire. Même chose dans un buffet, même s’il y a un contenant pour les pourboires.
Le pourboire pèse lourd dans le porte-monnaie de nos serveurs
Dans plusieurs pays, le pourboire est inclus dans la facture. C’est le cas en France, au Danemark, en Belgique, au Luxembourg, en Suisse, en Norvège, aux Pays-Bas, en Bolivie et au Paraguay. Mais ce n’est pas le cas au Canada, où les pourboires des consommateurs pèsent pourtant potentiellement très lourd.
Au Québec par exemple, malgré les pourboires, seulement 3 % de nos serveurs ont fait plus de 50 000 $ en 2011. Dans les faits, ces pourboires que vous leur remettez, parfois du bout des doigts. doivent aussi de plus en plus souvent servir à récompenser le personnel en cuisine.
Il existe ainsi, dans de plus en plus établissements au Canada, une convention de pourboire que doivent signer les serveurs et qui stipule qu’ils concèdent un certain pourcentage de leur pourboire aux travailleurs de cuisine. Ces conventions sont bien souvent l’initiative des propriétaires de restaurants, qui affirment qu’ils n’ont pas d’autres moyens de récompenser financièrement leurs personnels en cuisine.
Le salaire de base des serveurs de restaurant au Canada est souvent de deux à quatre fois inférieur à celui des employés qui travaillent dans la cuisine. Au Québec, le taux horaire des serveurs par exemple est de 9,05 $ l’heure et il est donc en fait inférieur de plus de 1,50 $ au salaire minimum qui doit être versé à tous les autres travailleurs (10,75 $). Le salaire moyen des cuisiniers est quant à lui de 17 $ l’heure.
Le saviez-vous?
L’insulte suprême au Canada serait de donner un sou noir en pourboire.
L’avez-vous déjà fait? Votre coiffeur vous brûle les cheveux avec son séchoir. Votre serveur vous ignore tout au long du souper. Votre chauffeur de taxi vous fait faire le tour de la ville au lieu d’aller tout droit… La tentation est forte de le remercier à votre façon…
Avec la contribution de Janic Tremblay, Francis Reddy, Geneviève Murchison et de Doris Larouche de Radio-Canada
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