Travailleurs spécialisés

Deux travailleurs devant une installation de forage gazier en Alberta. Plusieurs entreprises canadiennes semblent déjà tracer dans le sable leur nouvelle ligne de défense contre la légalisation éventuelle de la marijuana au Canada en 2017 : l'adoption de tests antidrogue permanents.
Photo Credit: Todd Korol / Reuters

Insécurité au travail par rapport à la décriminalisation de la marijuana au Canada

Au tour maintenant des compagnies canadiennes dans le secteur minier d’exprimer ouvertement leurs inquiétudes par rapport aux dangers posés par des travailleurs drogués.

Enform, une organisation qui s’occupe des questions de sécurité au travail pour les compagnies pétrolières au Canada, a fait parvenir une lettre au groupe de travail canadien sur la légalisation de la drogue, qui doit remettre son rapport au gouvernement d’ici la fin novembre. Le dépôt du projet de loi sur la légalisation de la marijuana à des fins récréatives est prévu au printemps 2017.

Les entreprises pétrolières et gazières demandent dans cette lettre d’Enform que le gouvernement interdise la consommation de marijuana sur les lieux de travail ainsi qu’à l’approche d’un quart de travail sur un chantier.

Enform ne précise toutefois pas, dans sa lettre de six pages datée du 29 août, combien de temps à l’avance un travailleur devra cesser de consommer de la marijuana. Mais on y cite des études qui dressent la liste des effets ressentis de 24 heures à 28 jours après l’absorption de l’ingrédient actif du THC.

Le saviez-vous
– Selon le département du Travail américain, l’alcool et les drogues seraient responsables de 47 % des blessures en milieu industriel.
– Pour le moment, la majorité des incidents liés à la conduite avec les facultés affaiblies sont causés au Canada par l’alcool. Seulement 3 % sont attribuables à la drogue.
– Des études et des sondages suggèrent cependant que le nombre de signalements liés à la drogue au travail ou au volant est inférieur à la réalité.

Une étude de l'administration des services en toxicomanie et en santé mentale (Substance Abuse and Mental Health Services Administration SAMHSA) aux États-Unis a démontré en 2000 que les mineurs sont parmi les travailleurs qui ont les plus hauts taux de consommation de drogue et d'alcool.
Une étude de l’administration des services en toxicomanie et en santé mentale (Substance Abuse and Mental Health Services Administration SAMHSA) aux États-Unis a démontré en 2000 que les mineurs sont parmi les travailleurs qui ont les plus hauts taux de consommation de drogue et d’alcool. © David Stobbe/Reuters

Détecter la drogue sur les lieux du travail

Les réflexions des entreprises portent sur des moyens de détecter efficacement et à tout moment la présence de drogue dans le sang de leurs travailleurs. Plusieurs minières imposent déjà des tests de dépistage à l’embauche ou au début du quart de travail. Mais un testage permanent pourrait maintenant être possible grâce à de nouveaux outils de détection mis a l’épreuve en France et en Australie notamment.

Si plusieurs Canadiens s’interrogent sur la légalité de programmes permanents de surveillance en milieu de travail, des spécialistes de la toxicomanie craignent, quant à eux, l’utilisation potentiellement erronée des résultats de ces tests.

Tout ce débat prend forme alors que les corps policiers canadiens disent eux aussi s’inquiéter de l’impact des conducteurs drogués sur nos routes.

Écoutez

La Gendarmerie royale du Canada teste de nouveaux détecteurs controversés

La Gendarmerie royale du Canada va bientôt mettre à l’essai en conditions réelles trois dispositifs différents qui nécessitent un échantillon de salive d’un conducteur pour détecter la présence de drogue. Ces tests pourraient-ils être utiles aussi aux employeurs au pays?

En trois minutes, un policier peut savoir si une personne a consommé du cannabis avant de prendre le volant. Ce type de test ne permet pas cependant de détecter le niveau d’intoxication, mais uniquement la présence de drogue dans le système d’un individu.

Cette première étape de dépistage est donc suivie, au poste de police, d’un test d’intoxication plus poussé de l’urine ou du sang du conducteur.

Gregg Thomson, de l’organisme Les mères contre l’alcool au volant, pense que le Canada devrait profiter de cette technologie déjà utilisée en Europe.

Les États de Washington et du Colorado aux États-Unis ont fixé la limite de THC dans le sang des conducteurs à 5 nanogrammes par millilitre de sang.

Un test salivaire pour détecter la présence de drogue développé par l’entreprise allemande Securetec qui sera mis à l’essai sur le terrain par la GRC.
Un des tests salivaires pour détecter la présence de drogue et qui est développé par l’entreprise allemande Securetec sera mis à l’essai sur le terrain par la GRC. © Radio-Canada

RCI avec la contribution d’Alain Gravel, Sopĥie-André Blondin, Louis Blouin, Isaac Gauthier, Line Boily, Jean-Pierre Girard et Claude Bernatchez de Radio-Canada

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