Beaucoup veulent y déménager, mais fait-il vraiment bon vivre au Canada?

Lorsque le milliardaire Donald Trump a gagné les primaires républicaines au mois de mars dernier, un nombre record d’étasuniens se sont intéressés à la possibilité de déménager au Canada. Puis ce fut le tour du Royaume-Uni, car après la victoire en juin de l’option de quitter l’Union européenne, de nombreux Britanniques ont afflué sur Internet pour savoir s’ils pouvaient envisager une nouvelle vie en sol canadien.

Le phénomène viral a été très important. Tellement que le très enthousiaste animateur de radio Rob Calabrese a créé un site pour encourager les Américains à déménager à l’île du Cap-Breton, en Nouvelle-Écosse, dans l’éventualité d’une présidence de Donald Trump. Personne ne l’a pris au sérieux au début, l’engouement pour le Canada semblait être un phénomène viral typique qui s’éteindrait rapidement et disparaîtrait. Mais non… ce site continue d’avoir un grand succès auprès des gens à travers le monde! Le Canada semble être en vogue.

Mais le Canada représente-t-il une si bonne option ? 

Il ne fait aucun doute que beaucoup de monde est attiré par les paysages magnifiques du Canada, la réputation des Canadiens comme étant très amicaux avec les étrangers et les politiques du gouvernement actuel envers les immigrants. Aussi, il y en a certains qui sont attirés par le premier ministre Justin Trudeau lui-même. Il a des fans dans le monde entier entre autres, en raison de ses « selfies » avec les citoyens, son déguisement de héros de Star Wars et ses connaissances en informatique quantique. Mais tout n’est pas rose au Canada.

Bien-être et iniquités

Il est bien connu que les citoyens canadiens ont un taux élevé de bien-être. En effet, selon les dernières informations de l’Organisation de coopération et de développement économiques, l’OCDE, les régions canadiennes les plus performantes au niveau du bien-être arrivent en meilleure place que la moyenne de l’OCDE. Dans les régions moins performantes, 85 % des personnes ont au moins un diplôme du deuxième cycle du secondaire et 75 % des ménages ont accès à Internet.

Cependant, au Canada comme ailleurs dans le monde, les iniquités représentent encore un défi important à relever pour les autorités.

Selon l’OCDE, malgré ses bonnes notes moyennes en ce qui concerne le bien-être, au Canada, la richesse est de plus en plus concentrée chez les millionnaires. Le revenu moyen des 10 % les plus riches est de 8,6 fois plus élevé que les 10 % qui gagnent le moins. La différence entre les riches et les pauvres n’est pas aussi large que dans le Royaume-Uni et les États-Unis, mais le premier ministre Justin Trudeau a promis de lutter contre ce problème dans sa campagne 2015.

Quoique leurs conditions varient selon le lieu de résidence, les revenus, les facteurs familiaux et/ou culturels, ainsi que l’identité, ce sont les membres des Premières Nations canadiennes qui figurent parmi les citoyens les plus affectés par les iniquités au pays.  Les questions sociales comme le logement, l’emploi, l’éducation, la santé, la justice, la famille et le développement culturel font particulièrement l’objet de préoccupations chez les peuples autochtones canadiens.

Le Nunavut, l’une des plus petites régions de l’OCDE par sa population, se situe parmi les plus bas rangs en ce qui concerne la sécurité, la santé, l’emploi et l’engagement civique. En conséquence, les disparités régionales canadiennes sont parmi les plus importantes de l’OCDE en ce qui a trait à la sécurité et la santé. Ce tableau montre comment va la vie dans les premières et les dernières régions canadiennes selon leur rang :

Le bien-être régional dans les pays de l’OCDE. Source : l’OCDE

L‘Encyclopédie canadienne confirme qu’en 2009 le taux d’emploi chez les Autochtones du Canada (57 %) a été moins élevé que celui de la population non autochtone (61,8 %). La même année, les jeunes Autochtones (45,1 %) sont moins susceptibles d’occuper un emploi par rapport à leurs compatriotes non autochtones (55,6 %). En ce qui concerne la qualité de leur logement, les Autochtones du pays vivent dans des habitations qui sont en général inadéquates et qui ont besoin de réparations :

• Le nombre de résidences nécessitant des réparations majeures est passé de 12 500 en 1997 à 23 800 en 2009.
• Le surpeuplement est l’un des facteurs qui contribuent à la nécessité de réparations majeures, car il provoque une usure excessive des maisons.
• En 2011, 72 % des maisons situées dans les réserves sont alimentées en eau par conduite d’eau, 13,5 % par camion, 13 % par puits individuel et 1,5 % ne sont pas alimentées en eau.

Le tableau suivant montre à la fois des chiffres quant à l’éducation et l’emploi des autochtones par rapport au reste de la population que les recommandations que l’OCDE fait au Canada pour résoudre ces aspects particuliers de la réalité des Premières Nations du pays.

Par ailleurs, le rapport des multiples tentatives de suicides parmi les jeunes autochtones dans un nombre grandissant des réserves ainsi que la disparition et l’assassinat des femmes des Premières Nations continue d’attirer l’attention sur les niveaux élevés de pauvreté et d’isolement subis par 1,4 million de personnes appartenant à ces peuples fondateurs du Canada.

Économie nationale et économie familiale

En juin 2016, l’OCDE présentait la dernière édition de l’Étude économique du Canada par le Secrétaire général de l’OCDE, Miguel Angel Gurría, et le ministre canadien des Finances, Bill Morneau. Dans cette étude, on parle tout particulièrement de la baisse de la production dans les secteurs liés aux ressources naturelles, et tout particulièrement l’énergie. Cette dernière serait à l’origine du ralentissement de la croissance de l’économie canadienne.

« L’économie canadienne se montre résiliente, mais continue d’affronter des vents contraires du fait du piège de la croissance molle dans laquelle est engluée l’économie mondiale », a déclaré M Gurría. « Le dosage de l’action publique en matière économique est approprié, compte tenu des risques inhérents à l’environnement international, mais il existe une marge de manœuvre qui permettrait de procéder à des réformes propres à stimuler la concurrence, renforcer le dynamisme des entreprises et garantir de meilleures performances économiques à tous les Canadiens. »

Au Canada, de nombreux programmes et services gouvernementaux sont offerts aux parents pour les aider à élever leurs familles. En voici les quatre principaux :

• La Prestation fiscale canadienne pour enfants
• La Prestation pour enfants handicapés
• La Prestation universelle pour la garde d’enfants
• Les régimes enregistrés d’épargne-études

Cependant, les familles canadiennes présentent un taux d’endettement important selon les dernières informations publiées par l’OCDE. Selon cette étude, les prix du logement et l’endettement des ménages rendent les familles plus vulnérables, tout en recommandant au Canada de resserrer ses mesures pour éviter que cela ne s’aggrave particulièrement à Toronto et à Vancouver, où le prix des logements est très élevé.

Ce qui va bien au Canada

Tel que mentionné ci-haut, le Canada est reconnu comme étant un pays dont la population est amicale et vit une vie en santé. Ce qui est vrai en général. C’est aussi vrai que les paysages sont magnifiques partout sur le territoire canadien. De plus, le système du pays, malgré sa lenteur dénoncée, répond en général très bien aux besoins de la population.

Par ailleurs, il ne faut pas oublier que les droits des lesbiennes, gais, bisexuels et transsexuels canadiens figurent parmi les plus respectés à travers le monde. Aussi, le congé de maternité disponible pour les mères ET pour les pères est non seulement le plus long de tous les pays de l’OCDE mais aussi le plus généreux en ce qui concerne le montant des allocations. De plus, les femmes du pays profitent des opportunités de développement personnel et professionnel qui font l’envie de plusieurs autres pays.

Le Canada n’est évidemment pas un pays parfait. Il est cependant vaste et diversifié, comme sa population. L’expérience de vie au pays dépend de la personne qui la vit.